Lettre ouverte à François Hollande : débat sur les langues régionales et propos du sénateur Mé

Lettre ouverte publié le 23/05/08 15:26 dans Politique par Nil Caouissin pour Nil Caouissin

Monsieur le premier secrétaire

Le 21 mai était journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement et l'année 2008 est l'année internationale des langues : l'occasion de se poser la question de savoir quand la France se décidera enfin à appliquer sur son territoire la Déclaration universelle de l' UNESCO sur la diversité culturelle, déclaration qu'elle a ratifiée le 5 juillet 2006.

Journée mondiale, année internationale, quel dommage pour nous Bretons ayant la chance d'être les dépositaires de la dernière langue celtique continentale encore parlée en Europe, langue classée en grand danger de disparition par l' UNESCO, que le 85ème débat sur les langues régionales à l'Assemblée nationale de la République française n'ait pas abouti !

Quel dommage également que votre parti qui est pour le nôtre un partenaire politique important en Bretagne (du niveau des mairies à celui du Conseil régional), n'ait pas jugé opportun de réagir aux propos scandaleux tenus par le sénateur Jean-Luc Mélenchon lors du débat du 17 mai au Sénat.

Oser amalgamer langue bretonne et collaboration, oser qualifier les écoles Diwan de « secte » : voici résumée en une phrase la pensée et les propos de M. Mélenchon lors de ces débats. Ce faisant M. Mélenchon, parlementaire et co-rédacteur du projet de charte de principes du Parti socialiste (ce qui n'est pas rien), n'a pas seulement insulté les milliers de familles qui ont décidé de scolariser leurs enfants dans les écoles Diwan et les dizaines de milliers de Bretons ou amis de la Bretagne qui cotisent pour compenser le coût financier de la non intégration de ces écoles au sein d'un service public de l'éducation rénové; non, il a insulté la très grande majorité des Bretons, dont beaucoup se reconnaissent de gauche, qui tiennent à la pérennité de la langue bretonne et considèrent que Diwan est un outil précieux qui la conditionne. Soyez assuré que le PS n'y gagnera aucun nouveau soutien en Bretagne et que, bien au contraire, il risque d'y perdre des amis. Ne croyez pas que nous nous en réjouissions car ce n'est bon ni pour la gauche ni pour la Bretagne.

M. Mélenchon devrait lire l'excellente préface de Mona Ozouf, une de nos plus éminentes historiennes, à l'excellent ouvrage de l'historien Jean-Jacques Monnier « Résistance et conscience bretonne – l'hermine contre la croix gammée » et l'article de Mona Ozouf paru dans le « Peuple breton » que j'ai le plaisir de vous offrir.

A ce jour, seul M. Jean-Jacques Urvoas , député socialiste du Finistère, a répondu à ces insultes. Aussi sommes-nous en droit de nous poser la question de savoir quelle est la position officielle du Parti socialiste sur la question des langues régionales et de la langue bretonne en particulier. A ce jour, votre silence pourrait laisser croire que vous partagez le point de vue et les propos du sénateur Mélenchon ou que, pour le moins, vous vous refusez à trancher le débat, pour autant qu'on puisse ainsi qualifier les déclarations provocantes de M. Mélenchon.

Sur le blog de ce dernier, j'ai pu lire des propos aussi curieux que : « après ça, vous serez surpris d'apprendre qu'un groupe de socialistes s'est senti inspiré de faire un amendement en faveur de l'adoption de la Charte des langues régionales…. Bien sûr j'ai argumenté contre et cela m'a valu les habituelles manifestations d'intolérance communautaire. »

Je me permets de vous rappeler que la délibération votée à l'unanimité par le Conseil régional de Bretagne le 17 décembre 2004 intitulée : « Une politique linguistique pour la Bretagne » avait été mise en cause au Sénat par une seule et unique personne : M. Mélenchon...

M. Mélenchon est un multirécidiviste qui avait notamment déjà violemment dénigré dans la presse parisienne le Conseil régional de Bretagne et son président au lendemain de la « Breizh Touch » organisée à Paris en septembre 2007.

Parti politique de gauche depuis sa fondation en 1964, l'Union démocratique bretonne souhaite l'union des forces de gauche à chaque fois qu'elle est nécessaire pour faire avancer la démocratie et le progrès social. A ce titre elle est un partenaire loyal du Parti socialiste dans les assemblées où nous siégeons ensemble. Mais elle se veut aussi un partenaire exigeant sur les valeurs et les comportements, une exigence qui est la condition sine qua non d'un respect mutuel.

Dans l'attente de savoir quelle est votre position par rapport aux propos de M. Mélenchon et à la nécessaire modification de l'article 2 de la Constitution rappelée par Mme Marylise Lebranchu, ancienne Garde des sceaux, députée et première vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, je vous prie de recevoir, Monsieur le Premier secrétaire, mes salutations bretonnes et socialistes.

Pour l'Union Démocratique Bretonne, Mona Bras, porte-parole


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