Comme tous les troisièmes dimanches de septembre depuis 6ans, les motards se réunissent pour une sortie dominicale à Sainte-Anne d'Auray. Pèlerinage pour les uns, simple rassemblement pour être bien ensemble pour les autres, il n'en demeure pas moins un rassemblement conséquent. Certes, ce n'est pas le pèlerinage de Porcaro (Bretagne Sud) avec ses 10.000 participants. Il n'en n'a ni la vocation, ni le désir. 127 inscrits officiellement, mais le monde de la moto répugne souvent à la paperasse et au truc officiel. Alors, sur le terrain il y a plus de monde que prévu. On compte les motos : 144 annonce un monsieur ; 160, a compté un peu plus tard un motard.
Certains sont partis ce matin de Quimper sur les 8 h 30. « A l'heure ! Du moins au départ... ! » précise avec le sourire un des participants. Après, pose café-croisssants en route, puis arrivée à Sainte-Anne d'Auray. D'autres sont partis d'Elven. Sur place, messe de pèlerinage pour les uns, dans une basilique archi-pleine au point que les fidèles débordent à l'extérieur, attente et discussion sur le parvis pour les autres. Dans une super bonne humeur et un excellent accueil de ceux qui ne sont pas du monde de la moto. Les gens sont d'ailleurs nombreux à s'attarder, après la première messe, autour des bolides, briqués à mort. De belles mécaniques qui ne laissent pas indifférent. Il y a là d'anciens motards, trop âgés désormais pour sillonner les routes, mais qui ont gardé en eux la passion de la moto. Respect. Il y a ceux qui n'ont jamais osé se lancer, perdus dans leurs rêves et leurs regrets. Ceux qui se demandent « combien ça peut coûter, des engins comme ça ! » Les enfants sont, comme d'habitude, partout à l'aise, partout chez eux. « Vous regardez avec les yeux et vous ne touchez à rien ! », lance une mère de famille nombreuse à ses enfants qui n'ont pas assez de leurs yeux pour contempler les bolides. La relève est assurée...
Monsieur Philippe Le Soliec, motard de Sainte-Anne d'Auray, à l'origine du pèlerinage, est sur place. Rempli d'aménité, il sait rester disponible pour chacun. Il a lancé ce rassemblement voilà six ans déjà, avec l'accord du Recteur de la basilique, l'Abbé André Guillevic, et la complicité de l'Abbé Audren, motard lui-même et aumônier des motards, aujourd'hui rendu à Rome. C'est l'Abbé Georges-Henri Pérès, de la basilique de Sainte-Anne d'Auray également, qui préside la messe pour l'occasion et procède à sa sortie à la bénédiction finale. Les motards ont été pleinement partie prenante dans cette messe qui les concerne : il y a là un diacre de Quimperlé, motard. Les lecteurs sont aussi des motards. Et 5 intentions de la prière universelle ont été ajoutées de la part des motards. Ce n'est donc pas rien ! Si le côté religieux n'est pas obligatoire (mot détestable dans le milieu des motards), il imprègne cependant systématiquement la journée chaque année. Après, chacun reste libre bien entendu.
Par le passé, le rassemblement a inscrit comme étape divers lieux : Saint-Nicolas des Eaux (deux fois), Guéhenno, Saint-Nicodème... Cet après-midi, après 14 h, départ pour Guéhenno, justement, et visite in situ du fameux calvaire monumental. Puis retour à Sainte-Anne d'Auray pour le concert d'orgue de 17 h 30 dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine, puisque le pèlerinage se déroule au même moment, le 3e weekend de septembre.
Certains motards sont là parce qu'ils passaient par là, tout simplement. C'est le cas de ce motard de 55 ans, qui fait de la moto depuis l'âge de 17 ans. Il est ici sur une Goldwing grise d'une vingtaine d'années, superbe, mais regrette de ne pas l'avoir briquée davantage... « Il existe sur internet un site pour les Goldwing », explique-t-il, « comme pour les Harley. Cela permet d'être au courant de ce qui se fait et d'y participer ».
Une question, perfide, me brûle les lèvres : les Goldwing frayent-ils avec les Harley ou se font-ils éjecter ? « Pas du tout ! J'ai toujours été bien accueilli. Quand on est motard, ça suffit. On ne se fait pas jeter ». Dont acte.
Certains sont là pour la première fois. D'autres sont des habitués. Plusieurs ont fait Porcaro et le pèlerinage à Notre-Dame des Motards, dont la bannière est là justement.
Souhaitons leur un bon pèlerinage et disons-leur : à l'année prochaine !
Philippe-Guy Charrière
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