Les langues régionales dans l'enseignement public. Toujours au bon plaisir du prince !

Communiqué de presse publié le 2/10/08 3:33 dans Langues de Bretagne par Michel Herjean pour Michel Herjean

La France, républicaine et jacobine, a quelque peu hésité et tardé à se lancer franchement dans l'aventure de l'enseignement bilingue. Dans l'enseignement public, les premières sections bilingues officielles sont apparues vers le début des années 1970, sous la dénomination de sections internationales.

Parallèlement, à la faveur de cette timide ouverture de l'école française aux langues étrangères comme langues d'apprentissage, en relation avec une timide décentralisation de l'État, mais surtout dans le contexte de la construction d'une Europe multilingue affichant clairement sa détermination à promouvoir en son sein la diversité linguistique et culturelle, un mouvement de renouveau des langues régionales de France ne pouvait pas manquer de se manifester.

En 1982 les filières bilingues français-breton apparaissent dans l'école publique. Elles pratiquent la parité horaire : chaque langue est enseignée avec un même nombre d'heures. Certaines matières sont enseignées en breton, d'autres en français. C'est l'œuvre de quelques pionniers bretonnants, parents d'élèves et instituteurs, attachés à la langue bretonne et à l'enseignement public qui se sont appuyés sur la Circulaire Savary pour se lancer dans l'aventure.

« Circulaire 82-261 »du 21 juin 1982, dite « Circulaire Savary ». BOEN, n° 26, 1er juillet 1982. « L'enseignement des langues régionales dans le service public d'éducation nationale ». Cette circulaire organise les enseignements de langues et cultures régionales de la maternelle à l'université et autorise les expérimentations, telles les ouvertures de classes bilingues. L'enseignement des langues et cultures régionales « peut » être alors considéré comme une matière spécifique.

Au fil du temps plusieurs circulaires et arrêtés ont étés pris par l'Education nationale pour accompagner la mise en place de cet enseignement dans le secteur public. Coté parents d'élèves la filière s'est organisée pour se développer toujours avec difficulté souvent à cause de la mauvaise volonté des recteurs d'académie successifs, plus prompts à freiner sa croissance qu'à l'aider, et de certains élus locaux peu enthousiastes à accepter l'implantation d'une telle filière sur leur commune. «Cette année le cas de Merville en est un témoignage. L'éducation nationale a décidé d'éroder la détermination des parents d'élèves en allant jusqu'à imposer des solutions qui mettrait en péril le bon fonctionnement de l'ensemble de l'établissement (unilingue et bilingue confondu).»

« Avoir la possibilité ne veut pas dire avoir le droit »

La circulaire Savary comme les suivantes ne donnent aucuns droits aux parents pour l'enseignement du breton pour leurs enfants, elle leur donne seulement une possibilité de le faire avec les mêmes règles de fonctionnement que pour l'enseignement monolingue, égalité républicaine oblige, à la discrétion des autorités compétentes hiérarchisées : ministère, recteurs inspecteurs. « Au bon plaisir du prince ! »

« Dans l'État français aucune loi n'encadre l'enseignement des langues régionales. »

A la LBDH nous trouvions étrange que le mouvement culturel et politique breton accorde tant d'importance au débat sur les langues dites régionales à l'Assemblée nationale et au Sénat. A la LBDH nous nous sommes étonnés que ce même mouvement culturel et politique breton considère que l'adoption par le congrès de la reconnaissance des langues régionales dans le Patrimoine de la France (article 75-1) soit une grande avancée. Pourtant cette reconnaissance ne donne aucun droit à l'enseignement des langues régionales.

Selon le Conseil de l'Europe, les langues régionales font partie du patrimoine culturel de l'humanité et constituent une formidable richesse qu'il convient de valoriser. Il est grand temps que l'État Français s'en aperçoive et mette fin à une politique d'un autre temps de destruction linguistique sur son territoire et qu'enfin des mesures concrètes soient rapidement prises pour traduire cette reconnaissance dans les réalités.

Pour cela il lui suffirait de légiférer, ça ne semble pas être sa volonté. A droite comme à gauche la mesure pourrait déplaire aux états majors parisiens aux risques de perdre la partie de leur électorat le plus jacobin.

Pour la LBDH, M. Herjean


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