Le Monde Magazine, sous la signature de Gérard Davet et de Fabrice Lhomme, a publié, le 23 mars, un excellent article sur les élections en Polynésie (île principale : Tahiti), qui auront lieu le 21 avril et le 5 mai. Il est centré sur la personne de Gaston Flosse, sénateur autonomiste passé de l'UMP à l'UDI, qui a déjà été président de ce territoire autonome.
Rien de bien neuf sur le passé (protection d'un tyranneau par Jacques Chirac en échange d'essais nucléaires, népotisme, argent sale, gros bras, espionnage, soupçons d'assassinat politique, accident d'avion suspect, prison pendant 41 jours pour Gaston Flosse, qui a été condamné pour trafic d'influence, etc.), mais, il ont laissé de côté le plus pittoresque : les échanges de femme entre prétendus adversaires politiques.
Encore qu'en métropole...
Ils n'ont pas mentionné qu'au nom des droits de l'Homme, le tahitien a été interdit par le Conseil d'État, comme langue d'enseignement, dans les écoles publiques et à l'Assemblée territoriale.
Mais, nous connaissons trop bien, en Bretagne, le rôle de cet organe de protection des intérêts de la caste dirigeante, toutes couleurs confondues.
Le gouvernement polynésien est dirigé par un indépendantiste, Oscar Temaru, qui serait prêt à négocier avec les Australiens et les Chinois pour des investissements dans le Territoire d'Outre-Mer (TOM) qui ne produit pas grand-chose, du fait que le régime est semi-colonial, ce qui fait qu'il coûte très cher aux contribuables français.
Temaru, pour contrer Flosse, a tendu un piège à Hollande en se faisant recevoir à l'Élysée et en mettant, par surprise, une couronne de fleurs au cou du président pour avoir une belle photo et faire croire qu'il est soutenu par les socialistes au pouvoir.
Sarkozy, désireux de punir un adversaire qui obtenait de Chirac, les énormes sommes qu'il lui refusait comme ministre du Budget, avait envoyé un procureur de choc aux trousses du sénateur.
Celui-ci a obtenu l'assurance que le pouvoir socialiste n'instrumentaliserait pas la Justice contre lui.
L'explication donnée par Le Monde Magazine est simple : Flosse a besoin du pouvoir local pour se refaire une santé politique et financière et Hollande préfère un autonomiste, même ayant agi pour émanciper très partiellement le Territoire, à un indépendantiste qui sera moins sensible aux soi-disant intérêts stratégiques de la France dans le Pacifique.
Oscar Temaru vient de punir Hollande en demandant à l'ONU d'inscrire, à nouveau, la Polynésie dans la liste des pays à décoloniser.
La proposition de résolution «affirme le droit inaliénable du peuple ma'ohi à l'autodétermination incluant l'indépendance».La décision sera connue en mars.
C'est un sénateur socialiste local, Richard Tuheiava, qui dirige le lobbying à l'ONU et, si celui-ci aboutit, le processus d'émancipation, vis-à-vis de la République française, ne pourra être arrêté que par un vote négatif sur l'autodétermination par les électeurs polynésiens.
En attendant, les parlementaires polynésiens qui suivent Temaru veulent renforcer la coopération avec les îles indépendantes voisines (voisinage = milliers de kilomètres), comme les Salomons, Samoa, Tonga, Tuvalu, et, même, ce qui doit être insupportable pour un républicaniste, avec les Samoa américaines et, aussi, Wallis-et-Futuna, territoire français. Tous ces pays partageant des langues et des cultures proches.
C'est tout le paradoxe d'une doctrine républicaine française qui se prétend ouverte et qui prône, en réalité, la fermeture sur des valeurs que monde entier est loin de partager.
Les auteurs de l'article mentionnent que les indépendantistes sont assistés par les Îles Salomon, et qu'ils n'hésitent pas à chercher l'appui de la Syrie et de l'Iran.
Cela rappelle une vieille histoire : les soutiens, parfois peu râgoutants, que les indépendantistes algériens avaient obtenus, pour mettre fin à l'asservissement colonial que tant de Bretons avaient aidé à maintenir.
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