Dans les couloirs du métro, la campagne de publicité reprend éternellement les mêmes bécassinades, «sachez rire de vous-mêmes», répondront les communicants...
Au début du XXe, c'était Bécassine, Annaïck Labornez qui fouettait les crèmes de Mme de Grand Air avec un fouet, et qui n'avait pas de bouche. Il ne manquerait plus que la Bretagne, devenue domestique chez les maîtres parisiens, ose l'ouvrir...
Puis à la fin du XXe est arrivée Mamm Goudig, qui n'avait ni yeux, ni bouche, et qui faisait une opération commerciale gigantesque, les Bretons eux-mêmes s'achetaient des tee-shirts, collaient l'éternelle grosse bonne Bigoudène avec les seins plus gros que sa tête sur leurs voitures et surtout, avec une tête qui n'avait plus ni bouche ni yeux. Paranoïa ? Toujours est-il qu'il peut paraître étrange qu'un pays se reconnaisse dans une femme qui ramène son mari dans la brouette à la maison, semble une maîtresse femme, mais qui ne peut ni voir, ni parler ...
Et puis, la petite Bigoudène d'À l'aise Breizh est arrivée, sympa, rigolote, avec sa coiffe de travers, une vision «décomplexée» de la Bretagne, cool...
Et puis un excellent travail des cercles celtiques a montré l'énergie déployée par les chorégraphes, les musiciens pour servir une musique de grande qualité, une recherche sur les costumes historique et précise, des danseurs de haut niveau ont prouvé que la culture bretonne était au top.
Alors pourquoi grimper aux rideaux en voyant cette pub qui couvre les métros parisiens pour donner envie de venir en Bretagne ? Parce qu'il n'y a pas un mot de breton, parce que Bretagne égale coiffes et fêtes folkloriques, et que c'est un peu facile, d'utiliser éternellement les mêmes ethnoclichés, même avec un selfie et des jolies filles qui ne sont pour le coup, ni muettes ni aveugles, quoique Narcisse est bien tombé dans l'étang à force de se regarder dans le miroir...
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