Né à Languédias en 1951, Éric Rondel est, depuis de nombreuses années, un passionné de romans populaires, principalement de romans d'auteurs bretons ou ayant la Bretagne pour cadre. Depuis plus de 20 ans, il écume les brocantes, les marchés et les librairies vendant des livres d'occasion et il en a rassemblé déjà un nombre considérable, y compris des romans parus dans des journaux et magazines en feuilletons et parfois jamais parus sous forme de livres.
Il faut savoir que, dans le passé, beaucoup de responsables de bibliothèques ont considéré avec dédain ce genre de littérature, destinée aux classes laborieuses, et qualifiée souvent de «sous-littérature»; beaucoup d'éditeurs de tels romans n'ont pas respecté très scrupuleusement l'obligation du dépôt légal. En conséquence, beaucoup de ces romans sont aujourd'hui totalement introuvables, y compris dans les grandes bibliothèques municipales et à la Bibliothèque Nationale de France. Pour le XIXe siècle qui a vu une extraordinaire floraison des romans feuilletons avec le développement de la presse à grand tirage, les lacunes sont énormes. Bien sûr, la plupart de ces romans, souvent écrits très vite et pour un public, pas toujours très exigeant, n'ont pas une immense valeur littéraire, mais ils sont souvent intéressants par ce qu'ils nous révèlent de la société, des modes de vie, des idées en vogue, des relations entre les diverses classes sociales, entre les hommes et les femmes et de bien d'autres aspects de la vie dans les époques passées. Quand ils sont situés dans des lieux précis de Bretagne, ils peuvent être parfois plus parlants que les seules archives pour les historiens.
Le regard porté aux romans populaires du passé a bien changé depuis quelques années. En France, cette évolution doit beaucoup à un professeur de lettres de l'Université de Nancy, René Guise, qui créa en 1982 le Centre de Recherche sur le Roman Populaire. En 1984, il fonda l'Association des Amis du Roman Populaire avec d'autres passionnés qui se mirent, comme Éric Rondel en Bretagne, à réunir tous ceux qu'ils pouvaient trouver. En 1990, ce fonds devint la BERP (Bibliothèque Européenne du Roman Populaire), qui réunit déjà plus de 18 000 titres et qui continue de s'enrichir a pour objectif la sauvegarde et la mise à disposition des chercheurs d'une partie d'un patrimoine culturel exceptionnel : le roman populaire français.
Éric Rondel veut aller plus loin que de réunir des livres introuvables. Il veut redonner vie aux plus intéressants d'entre eux, en les rééditant, dans la cadre de la maison d'édition qu'il a créée avec sa femme Pascale, Astoure (allée des Portiques 22240 Sables-d'Or-les-Pins, site : www.astoure.fr). Il a lancé une nouvelle collection : «Les grands romans de la Bretagne», dans laquelle il vient déjà de faire paraître huit titres, il y a quelques jours :
• «À Bréhat, l'île rose» , d'Armel Beaufils (1872-1938) 180 pages, 8 €
• «Donatienne», de René Bazin (1853-1932) 181 pages, 8 €
• «La Sœur des fantômes», de Paul Féval (1816-1887) 276 pages, 9 €
• La Fée des grèves«, de Paul Féval 246 pages, 8,50 €
• »Mer sauvage«, de Pierre Maël (pseud. de Charles Causse et Charles Vincent) 238 pages, 9 €
• »Patira«, de Raoul de Navery (1829-1885) 255 pages, 9 €
• »Le Trésor de l'abbaye«, de Raoul de Navery 226 pages, 8 €
• »Jean Canada", de Raoul de Navery 214 pages, 8 €
Plusieurs autres romans ne devraient pas tarder à suivre, de Paul Féval et de Pierre Maël encore, mais aussi d'Arthur Bernède (1871-1937) et de Charles Mérouvel (1832-1922). Éric Rondel s'est donné l'objectif ambitieux d'atteindre déjà un total de 40 titres de cette nouvelle collection pour le prochain Festival du livre en Bretagne à Carhaix, les 24 et 25 octobre 2009, soit un rythme de parution d'un roman par semaine ! C'est tout un patrimoine littéraire méconnu ou oublié qui va ainsi redevenir accessible au plus grand nombre.
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