Ce qui a distingué les députés bretons des autres représentants français, c'est le refus de la noblesse et du clergé, qui avaient leurs entrées aux Etats de Bretagne, de députer aux Etats Généraux de 1789. Il y avait sans doute entre les députés du Tiers, dont quelques nobles, une entente native, mais le refus de participer de la haute noblesse et du haut clergé, fit que ces Bretons du Tiers aux contacts faciles, donnèrent naissance au fameux Club Breton, qui joua un rôle important dans le déclenchement de la révolution.
Le Tiers représentaient la bourgeoisie plus que le peuple ; il y avait parmi eux, beaucoup d'avocats, quatre agriculteurs dont le célèbre père Gérard et aucun ouvrier ! En effet , nous trouvons parmi ces quarante quatre députés : dix sept avocats ; neuf sénéchaux, conseillers ou procureurs du Roi ; trois maires ; dix négociants, armateurs ou industriels ; quatre cultivateurs et un médecin ; des personnalités instruites dont quelques nobles de fraîche date comme Le Chapelier. Cela explique bien des choses. Pénétrés des Lumières, ce furent de chauds partisans de la fin des privilèges, mais hélas, dans ce grand élan d'enthousiasme, ils sacrifieront aussi les droits de la Bretagne.
Contrairement aux idées reçues sur le conservatisme breton, ces hommes qui, on le voit, ne représentaient pas le peuple breton dans son ensemble, jouèrent un rôle prépondérant dans la promotion de la Constitution civile du clergé qui devait fonctionnariser l'Eglise de France, à l'image de l’église anglicane. D'après Kerviler, « Les députés du Tiers Etat breton, … eurent une part prépondérante, par Expilly, Lanjuinais, Defermon, dans l'établissement de cette nouvelle église officielle » (1/2).
Plier l’église à la République était louable, mais par son intolérance et ses excès, cette réforme devait, jusqu'au Concordat, causer beaucoup de souffrance parmi les prêtres, exciter l'opposition des campagnes, déclencher les guerres de Vendée et la chouannerie; en somme, éloigner de la Révolution une partie des Français, qui basculèrent dans la guerre civile.
Dommage! Car en mai 1789, le Rennais Mangourit, dans le Héraut de la Nation, écrivait : « Les curés de Bretagne, sont appelés ... la Phalange macédonienne et les représentants du peuple breton, les Grenadiers des États généraux. » (1/3)
Exemplaire dans son opportunisme, Expilly, qui n'est probablement pas breton, futur évêque de Quimper, sacré par Talleyrand, ne perdit pas de temps pour prendre possession de son nouveau diocèse. Il signa cette hypocrite lettre pastorale : « Louis-Alexandre Expilly, par la miséricorde divine et dans la communion du saint siège apostolique, évêque du Finistère, à tous les fidèles de notre diocèse, salut … » … en total désaccord avec le Pape ! mais reconnaissons-le, il prit position ensuite contre les excès de la « Montagne », ce qui le mena à la guillotine. L'abbé Audrein, qui le remplaça, avait voté la mort du Roi, par la suite, il fut tué par des Chouans du coté de Briec.
Plusieurs Bretons jouèrent un rôle éminent à l'assemblée : Lanjuinais, brillant avocat, promoteur de la constitution civile du clergé ; Le Chapelier, homme de talent, un des fondateurs du Club Breton (4), président de l'Assemblée Nationale en 1789 puis du Club des Jacobins, qui présida la célèbre séance de la nuit du 4 août, guillotiné ; Fouché, député de la Loire-Inférieure, homme peu estimable, non breton, futur ministre de la police, ancien séminariste comme Staline et le père Combe ! Defermon, président de l'Assemblée en 1791 ; Le Guen de Kerangal, Juloded de Landivisiau, célèbre pour son discours du 4 août demandant la fin des privilèges, en réalité il intervint après le vicomte de Noailles ; Expilly, premier évêque constitutionnel de France.
Eu égard aux bouleversements de l'époque, ces hommes furent dans l'ensemble modérés, au contraire de fanatiques comme Lequinio ou Guermeur. Certains s’opposèrent au risque de leur vie aux dérives extrémistes des Robespierre (7) ou Marat, qui voulurent gouverner par les sections et les Sans culottes, au détriment de la représentation nationale. Il était normal que cette « populace », terme méprisant cher à Hannah Arendt (8) et sans valeur scientifique, ce peuple exclu de l'Assemblée par le suffrage censitaire, voulut se faire entendre, mais un manque cruel d'instruction le vit entièrement gouverné par l'émotion et facilement manipulable.
Nos députés eurent l’honneur de s'opposer au tyran, ces Lanjuinais, Jary, Bodinier, l'abbé Chevallier, le Déan, Kervélégan, qui tous durent se cacher en attendant sa mort. Seul quatorze députés bretons sur quarante quatre votèrent la mort du Roi (5), et Fouché n'était pas breton. Et puis il eut aussi le célèbre père Gérard, cultivateur dans les faubourgs de Rennes, qui siégea en habit de laboureur, fut reçu à Versailles, le roi lui donnant du « bonjour mon bonhomme », puis chez Necker qui lui fit « l’accueil le plus flatteur », qui excita la verve des chroniqueurs et des vaudevillistes et inspira un Almanach à Collot-d'Herbois.
D'après une notice (6), il y eut dans la salle du jeu de Paume, vingt bustes des députés les plus éminents de l'Assemblée, dont ceux de Le Chapelier et de Lanjuinais, ce dernier figurant dans le célèbre tableau du peintre David, Le Serment du jeu de paume.
Le comité ou Club Breton se forma tout d'abord au café Amaury, à l'angle de l'avenue de Saint-Cloud et de la rue Carnot, à Versailles. Il eut une grande influence sur les débats des Etats Généraux car les cahiers de doléances bretons contenaient les principales réformes à venir. Bientôt les Bretons furent rejoint par le duc d'Aiguillon (9), Sieyès, Barnave, Mirabeau et quelques autres députés de Franche-comté et d’Anjou.
Étonnamment, il existe peu ou pas de livre sur l'histoire du Club Breton auquel succéda celui des Jacobins où devaient s'illustrer les députés extrémistes de la Montagne. Par conséquent, c'est en compulsant l'histoire de ce dernier club qu'on peut se faire une idée de la puissance qu’acquit le Club Breton dans les prodromes de la Révolution.
Dans son Histoire de Paris, Jacques Antoine Dulaure (4, Aulard, intro p XVI), affirme que le Comité Breton transporté à Paris, conçu sur des bases plus larges, prit le nom de Société des amis de la Constitution, plus connu comme le Club des Jacobins.
Notes :
1. René Kerviler, Recherches et notices sur les députés de la Bretagne aux Etats Généraux ..., Nantes, 1885
2. Kerviler, t1, p 10
3. Kerviler, t1, p 6
4. F Alphonse Aulard, La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris. T.1. Dans le livre d'Aulard, beaucoup de témoignages sur le Club Breton dans : Mémoires de l'abbé Grégoire, Histoire de l'Assemblée … d'Alexandre de Lameth, Analyse de la Révolution française de Dubois Crancé, Antiquités nationales de Millin, Mémoires de Bertrand de Moleville, Mémoires de Condorcet, Histoire de Paris de Dulaure, Mémoires de la Revelliere Lepeaux, Mémoires de Barère
5. (voir le site) Quels sont les députés bretons qui ont voté la mort du Roi : Pdf joint
6. Notice historique sur la salle du Jeu-de-Paume de Versailles depuis sa fondation jusqu'à nos jours : suivie de la liste complète et inédite des signataires du serment par «Charles Vatel» (1817-1886). (voir le site)
7. le Bretagne a cru devoir honorer ce tyran à Quimper, Brest, Saint-Brieuc, et au Relecq-kerhuon !
8. Hannah Arendt, Sur l’antisémitisme, Point, page 190
9. Aiguillon Armand Désirée de Vignerot Duplessis-Richelieu, l'un des plus chauds partisans de la révolution à ses débuts. l'un des premiers députés de la noblesse à se réunir au tiers états, plus grosse fortune du royaume après le roi.
10. Brest et le Finistère sous la Terreur par A. Du Chatellier. Guermeur pris une part décisive aux journées de Septembre, et se vanta d'avoir porté la main sur la malheureuse princesse de Lamballe.
11. Barthélémy Ambroise Pocquet du Haut-Jussé, la Révolution en Bretagne
■Nous protestons contre la distribution et circulation forcée d’un papier monnaie qui n’a point été accepté en Bretagne suivant les formes et usages, et qui, appuyé sur une hypothèque inique, ne peut que tomber en discrédit et attirer la ruine de nos concitoyens.
Nous protestons contre l’extinction de l’ancienne magistrature et la formation de nouveaux tribunaux tant de justice que d’administration, au mépris du contrat d’union (à la Couronne seulement) et des serments solennels renouvelés de règne en règne et en chaque tenue d’états ; et déclarons responsables de tous délits, abus d’autorité, entreprises, emprunts, impôts, dettes et tous autres actes, les membres de ces tribunaux.
Nous protestons contre la transcription faite ou à faire sur les registres de prétendus décrets de l’assemblée ; contre toute promulgation et exécution qui pourraient en être faite par ordre de ces juges ou administrateurs, comme incompétents et sans qualités.
En un mot nous protestons contre tous actes et décrets qui pourraient être préjudiciables ou attentatoires aux droits, franchises et libertés de la Bretagne, et nous déclarons formellement nous y opposer.»
Au Plessix-Botherel , le 13 Février 1790…
René-Jean DE BOTHEREL DU PLESSIX .(Procureur Général, syndic des Etats de Bretagne)
» Nous adressons cette protestation au Roi, gardien de nos libertés, qu’il a lui même juré de maintenir ; et n’existant plus en Bretagne de tribunal légal, nous la confions au public, à l’EUROPE entière, et prions les bons citoyens qui l’auront reçue de la conserver et promulguer. »
Dans les mois qui suivire c'est l'assemblé nationale francaise interdira aux parlements provinciaux de se réunir, les députés bretons ne l’acceptèrent jamais et déclarèrent l'interdiction de notre parlement par la voix de notre président 'de nullité absolue et à perpétuité'.
C'est donc bien les francais qui ont interdit nos droits, tué notre langue, genocidé des centaines de milliers de bretons.
C'est aussi eux qui ont envahit militairement notre pays exterminé une bonne partie de notre armée, violé Anne de Bretagne, tué ses enfants, imposé le décret de 1532 le fusil dans le dos des bretons annulant du coup le contrat de mariage qui aurait du nous rendre notre indépendance et souveraineté national (contrat qui de toute façon n’était deja plus valable car non respecté par eux les francais et donc nous bretons plus indépendant que jamais car désengagé).
Ce que nos ancêtres n'ont jamais accepté nous ne l'accepterons jamais non plus! BIKEN!