Les confidences d'Alan Stivell à L'Express sur sa vision de la culture et de l'indépendance

Dépêche publié le 4/08/10 17:23 dans Cultures par Ronan Le Flécher pour Ronan Le Flécher
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Alan Stivell a répondu aux questions de Lexpress.fr. L'essentiel.

Le site Internet de L'Express (voir le site) a pioché au hasard 5 questions parmi 49 possibles. L'artiste breton s'est livré à l'exercice. On apprend notamment que selon lui, Ne me quitte pas de Jacques Brel est la chanson parfaite : «ses interprétations, ses paroles, son énergie, c'est la totale !» Côté musique toujours, «Un disque breton à conseiller pour faire la fête ?», demande L'Express. «Pascal Lamour», répond Stivell qui lui rend un bel hommage : «Il a les même envies que moi dans sa musique. Il mélange des éléments traditionnels, voire ethniques, et des éléments électroniques. Il intègre à la musique actuelle le passé lointain.»

La Bretagne, un intermédiaire entre l'Occident, l'Orient et l'Afrique

Attentif aux problèmes de l'eau («des milliers de gens dans le monde n'y ont pas accès»), Stivell n'est guère superstitieux. Bien. Intéressante analyse de la particularité culturelle de la Bretagne à laquelle se livre le chantre du cross-over : «Cette région est une sorte de compromis, un intermédiaire entre l'Occident, l'Orient et l'Afrique. On a un pied à la fois en Europe, en Occident et ailleurs... Avec la Bretagne, on se rapproche des peuples hors de l'Europe.»

En fin d'entretien, une question qualifiée de subsidiaire vient sur le tapis, une question loin d'être anodine puisqu'elle a trait à l'indépendance de la Bretagne.

LExpress.fr - «La complémentaire... Pour ou contre l'indépendance de la Bretagne ?»

Alan Stivell - «Le problème c'est toute l'ambiguïté du terme. A mon sens, il ne faut pas parler d'indépendance mais d'autonomie. Dès qu'il y a un pouvoir régional il y a une sorte d'autonomie, « light », comme en Bretagne. Moi, j'aimerai une autonomie plus substantielle, que la Bretagne ait la même que la Catalogne, en Espagne ou l'Ecosse. Pourquoi ne pas créer une régionalisation au niveau européen. Ce n'est pas du séparatisme. Ce n'est pas non plus créer des frontières, car j'ai horreur de ça. La Bretagne, elle, n'est pas une simple région. Hors des frontières françaises, elle est considérée pour beaucoup de pays comme une minorité nationale. A l'époque des Rois de France, elle était réputée comme province étrangère. Son peuple a été intégré à la France, mais il reste distinct car il possède sa propre langue, qui n'a rien à voir avec le français.»


Vos commentaires :
herve leray
Samedi 28 décembre 2024
et bien Cochevelou s'est bien ramolli quand même avec le temps.....autonomie light en Bretagne actuelle ? et «j'aimerai une autonomie comme la Catalogne».

Je suis déçu, c'est comme si Stivell édulcorait ce qu'il pense vraiment pour les médias nationaux....ou me faisait je des illusions sur le bonhomme Stivell ?


Marcel Tréhy
Samedi 28 décembre 2024
Alan Stivell est bien plus intelligent que la plupart des «bruts de pomme» cidrés de Bretagne ! Question simple, réponse complexe : le mot «indépendance», lié aux termes «bretagne», «pays basque» ou «corse», sonne la peur dans l'esprit étriqué du breton ou même français lambda. Alors qu'être plus réfléchi, via un discours autonomiste non sectaire (udb, hum...) et progressiste, n'exclut ni indépendance ni de prendre son temps pour préparer ET le Peuple breton à son réveil, sa fierté exprimée, ET les administrations devant s'adapter, évoluer ou tout bonnement changer. Je conseille alors Europe Ecologie pour les frileux et désireux de bonnes consciences, ou le Parti Breton. «Lavaret em'eus», KASD. A gwir galon.

Gilbert Josse
Samedi 28 décembre 2024
En effet, pourquoi «effrayer» ? Commençons par la réunification, puis un statut à l'écossaise, puis...

Marcel Texier
Samedi 28 décembre 2024
Alan Stivell a fait énormément pour la Bretagne. A ce titre, il mérite un coup de chapeau. Cela dit, ses qualités de chanteur ne confèrent pas à son opinion un poids particulier. La nécessité d'un véritable pouvoir de décision en Bretagne -une Bretagne réunifiée, naturellement, seule Bretagne légitime - est une évidence. Cela pourrait s'appeler l'autonomie. Mais, comment peut-on rêver d'une autonomie dans une république dont un des dogmes intangibles est qu'elle est «une et indivisible» ? Il ne reste donc que l'indépendance, ce qui, avec l'aide de nos amis et compatriotes européens n'est pas du tout utopique et ne serait que la restitution d'une souveraineté dont nous avons été autrefois dépouillés en violation du droit international. Il est vrai que le mot «indépendance» fait encore peur, mais de moins en moins. C'est une idée neuve et qui a le vent en poupe.

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