Les élections n'intéressent plus que la moitié de la population. Le peuple, le fameux «peuple souverain», s'intéresse pourtant à la vie publique. Mais veut-il encore être représenté ?
La question peut se poser autrement. Je dois élire ceux qui me représentent. Pendant plusieurs années, ils décident de tout et n'importe quoi en mon nom : réforme territoriale, mariage pour tous, Notre Dame des Landes, écotaxe. Pendant ce temps-là, je dois les laisser parler à ma place parce qu'ils me représentent. C'est donc ça, le jeu ?
Il fut un temps où la famine et la misère rodaient aux portes de nos maisons. La supplique que l'on adressait aux décideurs politiques était simple : aidez-nous ! Cette aide dépendait de la sensibilité des candidats. Je me rappelle encore de députés du Finistère qui étaient connus pour leur dévouement aux populations locales et pour leur indifférence aux étiquettes politiques, y compris la leur.
Nous avons aussi connu le clivage entre deux symboles, les Etats-Unis et l'URSS. C'est la grande époque du Parti Communiste. Le nazisme est venu en son temps brouiller les cartes, ainsi que le gaullisme. Mais l'alternative entre gauche et droite s'est maintenue. La gauche se reconnaissait par une complaisance, plus ou moins roublarde, envers le régime soviétique. La droite se reconnaissait par une complaisance, plus ou moins intéressée, envers les Etats-Unis.
L'effondrement de l'URSS au cours des années 90 a perturbé une alternative simple, que l'on croyait universelle. La droite ne sait plus si elle est libérale ou souverainiste. La gauche ne sait plus si sa référence est le travailleur ou le fonctionnaire. Les écologistes et le Front national ont été forcés de se situer sur cette belle ligne. Toutes les étiquettes doivent à tout prix trouver une place entre l'extrême gauche et l'extrême droite.
Il fut un temps où le choix entre droite et gauche pouvait, grosso modo, être ramené à la préférence entre la liberté ou l'égalité. Beaucoup de sujets politiques, aujourd'hui au premier plan, ne peuvent plus se ramener à ce choix. Ainsi la réforme territoriale, le traité transatlantique, le multiculturalisme, la décentralisation, le mariage pour tous. Comment élire la personne unique qui me représentera sur tous ces sujets ? Impossible.
La «démocratie liquide» est une façon originale d'aborder la question de souveraineté du peuple. C'est un mix entre la vieille démocratie représentative en bout de course et la démocratie directe, qui se réduit souvent à l'accumulation de référendums ou de pétitions. Le système de démocratie liquide a été utilisé par le peuple islandais lors de la faillite qu'il a connu à partir de 2008. Il est utilisé par les partis pirates du Danemark et d'Allemagne. Il s'inspire d'expériences plus anciennes, en particulier celles des premiers soviets, avant leur mise sous tutelle par la bureaucratie centralisatrice des bolcheviks.
Lorsqu'une question importante est posée, les documents et les arguments sont mis à disposition de tous les participants sur internet. Un délai est donné pour trouver une réponse. Au départ, tout le monde peut participer aux débats. Peu à peu, il se dégage des contributeurs plus pertinents que les autres. Vous pouvez alors leur donner votre voix. Eux-mêmes, lors de la continuation du débat, peuvent se rapprocher d'un autre contributeur et lui donner leur voix et les voix qui se sont portés sur lui. Chacun peut à tout moment retirer sa voix à son représentant et la donner à un autre. A l'expiration du délai, il se dégage à la fois une majorité et des propositions minoritaires intéressantes. Il existe des services internet, comme Liquidfeedback, (voir le site) , qui permettent de faire fonctionner la démocratie liquide.
Ainsi, sur la réforme territoriale, le mariage pour tous ou la décentralisation, vous n'êtes pas le faire-valoir de celui pour qui vous aurez voté il y a quelques années, pour une toute autre raison. En démocratie liquide, vous choisissez pour chaque question structurante le représentant qui vous convient.
Le mécanisme de démocratie liquide freine aussi l'influence des lobbys. En effet, il n'y a plus de décideurs permanents identifiés, mais seulement des individus pertinents sur tel ou tel domaine. Les compétences peuvent émerger du peuple lui-même et non des partis.
La mise en place de la démocratie liquide correspond à une lutte de classes. La classe politique, qui tire sa légitimité et ses revenus du mécanisme représentatif, ne peut accepter une telle évolution. Ce ne sont pas seulement les partis de gouvernement, UMP ou PS, qui sont concernés. Ce sont aussi tous ceux, à droite ou à gauche, pour qui la politique est un métier.
Dans le cadre de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, il faut remarquer que le fonctionnement «liquide» s'adapte plus facilement aux fonctions législatives qu'aux autres fonctions. C'est dans ce cadre qu'il faut commencer l'expérimentation. Un fonctionnement «liquide» sera plus adapté et d'une meilleure qualité que dans un système représentatif, dont les résultats sont biaisés par les intérêts des partis.
Une expérimentation bretonne peut surclasser la production législative française. Celle-ci, en effet, se cristallise en un magma de normes inquiétantes. Le législateur se méfie du citoyen. Il cherche à neutraliser ses mauvais penchants par un arsenal de contraintes de plus en plus compliquées. Le citoyen, par réaction, se méfie du législateur et de tous ceux qui sont censés le représenter. La démocratie représentative arrive ainsi en bout de course. Aux Bretons d'expérimenter de nouvelles procédures démocratiques, que ce soit dans l'univers politique, dans les entreprises ou dans les associations.
Jean Pierre LE MAT
■Ne laissons plus croire qu'il n'y a pas d'alternatives au système soi disant démocratique actuel et que ce système serait le moins mauvais!
Les outils existent:
mandats uniques, mandats impératifs et révocables, tirage au sort (pour obtenir la meilleure représentativité et annéantir les conflits pour le pouvoir), préférendums, votations d'initiative populaire, conférences de citoyens...
Merci à vous d'ouvrir le débat quasi-inexistant encoresur ce sujet mais pourtant fondamental !
Une au moins la Décentralisation ou encore Autonomie et/ou Indépendance. Gestion de nos ressources (ùmaritimes, agricultures, énergies etc...)
Nous avons déjà internet...
La Démocratie c'est élire des personnes qui recevrons le pouvoir du peuple pour gérer le Budget (qui permet le fonctionnement de l'Etat, des hôpitaux, des écoles, des grands programmes...) hors le budget c'est PARIS qui le contrôle (la quasi totalité de l'impôt breton quitte la Bretagne et donc échappe à la volonté du peuple).
Car la Démocratie à la Française, c'est quoi au juste?
Un exemple du moment :
nous sommes en plein élection «Départementales»...
Sauf que l'on vote pas par Département, mais par «Canton»...
Cantons qui viennent d'être redécoupés dans le silence le plus complet par Paris, ce qu'ignore la plupart des électeurs...
Electeurs qui n'ont du fait pas de conscience pratique du fameux «canton» dont ce réclame les «candidats»... et du fait pas de conscience du lien entre ce canton nouvellement redécoupé et le département.
Le tout avec une communication politique TOTALEMENT INEXISTANTE au niveau du territoire du vote, car EXCLUSIVEMENT phagocyté au niveau hexagonale.
Les Candidats, souvent des inconnus, n'ayant qu'un rôle réel de simple porte drapeau...
La «Démocratie à la Française», c'est donc une parodie grotesque organisée par un pouvoir central au mains d'une oligarchie dans le but de conserver le pouvoir quelque soit le résultat d'une élection...!
Actuellement, il me semble que l'idée de «KAD» n'est pas si mauvaise que cela, «constituer un parlement breton», légal uniquement du fait des Bretons, comme le Gouvernement de Savoir est légal que du fait des savoyards!
Certes, un Parlement Breton ne recevra pas d'une dévolution dans la gestion du budget de la part de l'Etat français, mais.... «il est utile de se rappeler que le Gvt de Savoie (sans aucune légalité française) a été reçu à l'ONU, ce qu'aucun parti politique breton participant à la parodie française n'a jamais réussi à faire...!»
Et en ayant accès à l'ONU, les Bretons pourront exprimer leur souhait d'accéder à la Démocratie selon le principe premier du «pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple»...
Ce dont nous prive la République...!
La «société civile» se réunie pour les Breujoù Breizh« »Une nouvelle politique linguistique et culturelle" pour La Bretagne. Repartons par la base pour assurer l'avenir du peuple breton.
Yannig Baron
Cette phrase est extraite d'une interview _que je conseille fortement d'en prendre connaissance_ donnée par Monsieur Jean-François FIORINA, à Xavier GUILLOUX dont je reçois régulièrement un article émanent de son site dont je mets l'adresse de la page :
Je pense par contre que le nom, démocratie liquide,est très bien trouvé, surtout chez des gens plutôt festifs comme les Bretons.
Un peu d'humour peut vraiment aider à faire connaitre des concepts très sérieux...
J'ai commencé , hier soir, sans le savoir, à étudier le concept.....
BEVET BREIZH
Ce nouveau crû démocratique est à usage international, au moins dans les sociétés comparables et cela fait plaisir s'agissant de nos affaires, de commencer par une proposition de ce type, qui pourra être adaptée et affinée, mais où au moins on replace notre situation dans le contexte universel qui est le sien.
En fait, au delà de nos particularités, nous sommes en demande d'une meilleure représentation politique et notre cas est celui d'un nation historique sans Etat ou sans Etat suffisant pour pouvoir régler ses problèmes spécifiques. Ceci étant contraire à la notion de «subsidiarité» européenne (dont on s'étonne qu'elle soit si peu appliquée) et qui voudrait que chaque problème soit au résolu au maximum au niveau où il se pose.
Néanmoins, pour l'appellation contrôlée de la «démocratie liquide» en cause, il doit y avoir moyen de trouver mieux, mais ce n'est qu'un point de vue annexe.
Pour nos urgences dans le cadre actuel, je verrais d'abord bien sûr la constitution de la fameuse «Plateforme commune», ou «Front uni», ou ce qu'on voudra, autour de NTFB ou autrement, du moment qu'il y a une réalité opérationnelle au rendez-vous des régionales fin 2015. Le temps presse.
Obtenir des scores de 10% et plus un peu partout sur tout le territoire breton, cela peut changer la considération des grands partis hexagonaux à l'égard de nos droits légitimes. C'est un début.
Pour la vie démocratique elle-même, je pencherai sans hésiter vers les formules ayant fait leurs preuves (Suisse, Euzkadi etc..) comme les «outils» présentés par Yann Vari. Il est sûr qu'au lieu des deux votes cantonaux auxquelles je me suis rendu pour élire un Conseil Départemental qui doublonne (4 fois en B4) le Conseil Régional, j'aurais préféré me rendre à deux votations d'initiative populaire posant par exemple deux questions capitales pour nous :
- 1. Désirez-vous le retour de la Loire Atlantique en Région Bretagne ? OUI. NON
- 2. Etes-vous favorable à un collectage des impôts par l'administration régionale, accompagné d'une redistribution de l'ordre de 10% en direction de l'Etat Central, pour compensation de ses frais régaliens et de péréquation destinée aux régions moins favorisées ? OUI. NON.
La liste reste largement ouverte et pourrait constituer la base d'accords de la «plateforme politique» souhaitée par beaucoup d'entre nous.
Tertio, l'étonnante aventure onusienne de la Savoie, présentée par Yann Le Bleiz, me semble parallèlement une piste très intéressante pour contourner les blocages franco-jacobins dont nous pâtissons depuis trop longtemps. Alors, pourquoi pas nous ?
Comment faire pour l'appliquer au mouvement Breton, et celui-ci sera t il assez sage pour s'unifier en un parti utilisant ce système de «démocratie liquide» pour proposer un programme et nous emmener vers l'autonomie?
Pour ma part, je serai partant pour le tenter...
En fait, il me semble, comme à beaucoup d'entre nous, qu'il y a une fenêtre de tir en ce moment.
C'est une impression, je ne suis nullement expert en politique et encore moins en politiquerie.
Du reste, même si - dit-on - l'occasion fait le larron : il restera à saisir l'occasion ou pas...
Le camouflet socialiste à propos de la réunification a sérieusement ébranlé chez nous politiques et culturels. L'imposition versaillaise de taxes inadaptées a suscité la colère des Bonnets Rouges dans les milieux professionnels. Et le tout nous a contraints, transversalement pour une fois, à nous reposer la question de notre représentativité en tant que citoyens et à remettre en question, avec les grands partis hexagonaux, notre «démocratie représentative». Celle-ci n'étant en réalité, comme le dit plus haut Yann Vari, qu'une «oligarchie électorale».
Citoyens, oui. Sujets, non.
Chacun aura situé notre statut de fait dans chacun des cas cités.
Et pas besoin non plus de sortir des hautes études ni d'être à la pointe de l'actualité pour défendre ses droits avec sa dignité. La fière formule prononcée par tout engagé au service d'un nouvel employeur lors de la foire aux gages annuelle de la Saint Michel n'est pas née d'hier :
Mé zo dén, ( Je suis homme,
Ha mab dén, Et fils d'homme
Ha dén ma-unan ! Et homme moi-même !)
Cette remise en cause est valable non seulement pour notre cas, mais pour toute la République jacobine et certainement attendue ailleurs qu'en Bretagne, c'est pourquoi en trouvant une réponse concrète ici (Inch Allah ? ou : Aide-toi et le ciel t'aidera ?) nous ne jouerions pas perso au bout de notre péninsule, mais au contraire aux avant-postes du renouvellement démocratique dont la nécessité crève les yeux et vide les urnes.
La fenêtre de tir refermée, si nous ratons le coche, nous nous retrouverons gros-Jean comme devant avec trois partis nationaux-jacobins sur le dos au lieu des deux habituels.
Les régionales sont dans quelques mois : tictac-tictac...
Cordialement