De jeunes militants concernés par le futur de la langue bretonne ont manifesté ce matin devant la poste centrale de Quimper qui vient d'être rénovée. Plusieurs militants s'étaient couchés sur le trottoir pendant que d'autres portaient des masques mortuaires ou distribuaient des tracts bilingues. Le tout symbolisant la mort du breton. L'[[Ankou]] avec sa faux était aussi sur les lieux.
Ce serait une déception chez un grand nombre de Quimpérois puisque le bilinguisme n'y a pas été introduit comme l'espérait l'association Ai'ta (*) qui revendique cette action et demande le bilinguisme signalétique, que le breton soit introduit dans les automates comme les autres langues et qu'au minimum que les agents de la poste brittophones soient recensés et autorisés à parler breton aux clients. Des votations citoyennes devant des bureaux de poste auraient donné 95 % de résultats favorables à une présence du breton à la poste. (voir le site)
Autrefois à l'école, les élèves qui parlaient breton étaient mis au coin avec un bonnet d'âne. La poste continue les brimades. Parlez breton au guichet et on vous demandera de circuler. Vous aurez plus de chance si vous parlez anglais car l'accueil des touristes étrangers y est certainement plus agréable.
Pourquoi la Poste en pays breton ne serait-elle pas bilingue ? On s'imagine que favoriser les demandeurs d'emplois bilingues donnerait un bonus aux bretonnants et cela serait donc un encouragement à apprendre et à pratiquer la langue bretonne. Cela, on le sait depuis longtemps, l'État ne veut pas. On invoque la boîte de Pandore : le breton, puis le corse, puis l'alsacien et pourquoi pas l'arabe à Clichy ou à Marseille ? Et alors ? Et si cette unité tant recherchée n'était qu'un déni de réalité. Il ne s'agit là que de bilinguisme après tout.
La Poste est depuis le 23 mars 2010 une société anonyme à capitaux publics. Donc aucune raison de suivre des directives du gouvernement comme le fait la SNCF. Si la Poste est devenue une société elle n'est plus tout à fait un service public et a parfaitement le droit d'introduire le breton dans ses bureaux comme l'a fait Super U dans certains de ses magasins, comme celui de Landudec où toute la signalétique des rayons est bilingue. Le privé encore une fois montre le chemin grâce à sa plus grande réactivité face aux attentes du public.
Jusqu'à maintenant les services publics ont fait preuve d'autisme face aux requêtes d'organisations comme Ai'ta. ABP a essayé de joindre le directeur de la Poste de Quimper mais sans succès – surtout un samedi. Toutefois, Ai'ta aurait fini par obtenir un rendez-vous avec Guy Jeannin, directeur régional de La Poste à Rennes, mercredi prochain.
(*) Ai'ta ! est un collectif distinct de tout groupe politique, qui lutte pour l'avancée de la langue bretonne dans la vie publique, et ce par des actions décalées et non-violentes. (voir le site)
Philippe Argouarch
■Les militants d'Ai'ta ne sont pas au courant ?