Dimanche 5 janvier 2014, les Bonnets rouges de Bretagne ont démenti les pronostics : ils ont survécu pendant la période des congés et s'apprêtent à passer l'hiver, et plus loin, encore.
Les tout neufs comités locaux ont été présents dans l'opération « Chacun son pont » annoncée à l'AFP le 1er janvier. Par définition et pour des raisons de sécurité, ce ne devait pas être un concours d'affluence sur les ponts surplombant les voies express de Bretagne. Il n'était pas question, non plus, d'un quelconque blocage de la circulation.
Les Bonnets rouges, dont beaucoup avaient apporté des drapeaux bretons, faisaient des signes amicaux aux automobilistes passant sur les voies et plus de la moitié répondaient par des appels de phare ou des coups de klaxon prolongés.
Certains ponts ont accueilli des personnalités. Ainsi a eu lieu, près de Guiclan, une conférence de presse du Collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne » avec Christian Troadec, Thierry Merret et Olivier Le Bras et, sur le pont de Malville entre Nantes et Saint-Nazaire se trouvait Yvon Ollivier, le juriste qui a montré que la République française, depuis son origine, a un très grave problème avec l'Autre (voir notre article). Jean-Luc Martin, président du Festival des Vieilles Charrues, était sur le pont de Troyallac'h, près de Quimper.
Dans l'Ouest de la Cornouaille, les comités locaux avaient à investir une douzaine de ponts et, par exemple, celui de Quimper en a fait occuper trois en répartissant les gens à mesure des arrivées.
Beaucoup avaient décidé d'aller à Troyallac'h, après avoir participé à la première réunion quimpéroise du comité, la veille (voir notre article), mais le comité estime que 50 personnes ou plus ont participé à l'opération, certains étant venus en voisins, «à travers les champs», ainsi que l'expliquait un agriculteur retraité de Quimper, coiffé de son bonnet rouge.
Le pont occupé en dernier, celui de la route de la Véronique, à Saint-Évarzec, portait une banderole sur laquelle était inscrit : «Les sacrifiés, les racketés, les spoliés, les pigeons, les tondus..., RE 'ZO RE, soulevons-nous !, impôts, taxes, charges, y'en a marre ! »
Comme rapporté sur les réseaux sociaux, dans toute la Bretagne, un très grand nombre de ponts ont été fréquentés par les Bonnets rouges que Christian Troadec a qualifié de « Bretons debouts dans la tempête », n'oubliant pas de mentionner les licenciements en Bretagne et que la pluie qui tombait signifiait que de nombreux autres Bretons étaient touchés par les inondations à Châteaulin, Guipry, Josselin, Landerneau, Pontivy, Quimper, Quimperlé et en bien d'autres endroits.
Liste non-exhaustive des lieux-dits et communes proches des ponts visités :
Côtes d'Armor (10 ponts)
Dolo/Plénée-Jugon, La Chesnaye (Guingamp), Jugon-les-Lacs, Buhulien (Lannion), Coat an Doc'h (Lanrodec), Saint-Paul (Louargat), Plélan-le-Petit , Beg ar C'hra (Plounévez-Moédec), L'Aublette (Quévert), Saint-Brieuc
Finistère (20 ponts)
Kerlez (Briec-de-l'Odet), Kernabat (Carhaix), Le Pouillot (Châteaulin), Coat-Conq (Concarneau), Guiclan, Le Rouillen (Ergué-Gabéric), Ti Hemon (Gouézec), C 10 Landivisiau), D 230 (Landivisiau, Le Vern (Landivisiau), Kérampaou (Melgven), Roc'h Kerezen (Plougastel, Plouigneau, Pont-de-Buis, Park-Poullig (Quimper), Kerfleury (Rédéné), Kerandréau (Riec-sur-Belon), La Véronique (Saint-Évarzec), Troyallac'h (Saint-Évarzec), Saint-Thégonnec
Ille-et-Vilaine (9 ponts)
Étrelles, Liffré, Montauban-de-Bretagne, Miniac-Morvan, Orgères, Plélan-le-Grand, Saint-Étienne-en-Coglès, Saint-Jouan-des-Guérets, Tinténiac
Loire-Atlantique (7 ponts)
Malville, Cadréan (Montoir-de-Bretagne), Escoublac (La Baule), La Beaujoire (Nantes ), Prinquiau, Sainte-Reine-de-Bretagne, Le Point du Jour (Savenay)
Morbihan (10 ponts)
Kerplouz (Auray), Baud, Brec'h , Elven, Guer, Landaul, Locminé, Moréac, Plougoumélen, Le Mourillon (Quéven)
Total : 56
Christian Rogel
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