L’élaboration d’un discours : de Bretagne Culture Diversité au Musée de Bretagne

Chronique publié le 21/09/22 0:10 dans Culture par Yann-Vadezour Ar Rouz pour Yann-Vadezour Ar Rouz

Par le biais de son exposition “Celtique ?”, le Musée de Bretagne a mis le celtisme à l’honneur ces derniers temps, bien que d’une manière particulièrement critiquable, et qui n’a pas manqué d’être critiquée. L’association Bretagne Culture Diversité étant partenaire de cette exposition, il peut être intéressant de se pencher sur ce qu’elle relaye sur le sujet. Pour cela, deux éléments emblématiques de la culture bretonne, dont le caractère celtique ne semble pas faire débat, seront examinés, le gouren et la langue bretonne, et mis en relation avec l’exposition “Celtique ?”. Puis un regard sera posé sur la manière dont se positionne l’association et sur les conséquences qui en découlent, en s’appuyant notamment sur un des sites de l’association.

L’association Bretagne Culture Diversité, par le biais de différents sites Internet, propose de la documentation en ligne, et cela est très louable. Cette documentation est d’autant plus accessible qu’elle est mise à disposition gratuitement. L’un de ses sites, Bécédia, est, comme l’indique sa page d’accueil, « un site de ressources inédites sur la Bretagne et ses habitant.e.s ». C’est de ce site que proviennent les articles « Le gouren, une tradition moderne » d’Aurélie Épron[1] et « Le breton, langue de Basse-Bretagne » de Nelly Blanchard[2], dont le contenu sera analysé dans un premier temps.

Les origines du gouren

Dans l’article sur le gouren, de 2016[1], plusieurs techniques d’écriture ont pour effet de faire passer l’idée que le gouren n’aurait, en réalité, pas d’origine celtique.

Tout d’abord, le titre pose le gouren comme « une tradition moderne ». Comme il est difficile de concevoir en quoi cette lutte ancienne aurait été en avance sur son temps, cette formule, laisse plutôt à penser, à tort, que la tradition du gouren est récente. L’ambigüité présente dans le titre aurait cependant aisément pu être évitée en apportant davantage de précision, et en indiquant, par exemple, « une tradition adaptée à la modernité » ou « une tradition ayant évolué avec la modernité ».

Ensuite, le gouren est, dans le paragraphe introductif, présenté comme un « corps à corps dont l’histoire est marquée par des récits avérés ou mythiques ». Une sévère mise en garde apparaît ainsi dès le début de l’introduction. Le terme « récit » a, en effet, pour effet de donner un caractère subjectif à tout ce qui peut avoir été dit sur le sujet. La phrase laisse ainsi entendre que ce qui a pu en être dit est soit vrai mais empreint de subjectivité, soit entièrement fantaisiste.

Puis, vient le premier intertitre : « Origines du gouren ? ». Le curieux point d’interrogation ne saurait évidemment exprimer un doute sur le fait que le gouren puisse avoir des origines. Son rôle est donc de faire savoir que les origines supposées du gouren sont douteuses, et, par conséquent, que le caractère celtique de ce sport n’est pas avéré. Si le but était simplement d’expliquer la ou les origines du gouren, ce point d’interrogation n’aurait, en effet, aucune raison d’être.

La phrase qui suit associe l’hypothèse d’un héritage celtique du gouren aux discours véhiculés par ceux qui pratiquent ce sport : « Le gouren […] est présenté par ses adeptes comme un héritage celtique. » Cet héritage est ainsi posé comme partisan. Et, alors même que l’article se réfère aux travaux de Gwennole Le Menn, il n’est aucunement mentionné que cette hypothèse a un fondement scientifique. Pourtant, ce chercheur la donne comme vraisemblable : « L’existence en Cornouaille britannique d’une lutte aux règles identiques à celles de la lutte bretonne permet de penser que ce sport faisait partie du patrimoine commun à ces deux pays et était déjà pratiqué lors de l’arrivée des Bretons en Armorique (au plus tard au VIe siècle). »[3]

Pour donner davantage de poids à l’association faite entre l’hypothèse de l’origine celtique du gouren et le milieu du gouren, elle est exprimée une deuxième fois : « Est fermement formulée, par les acteurs, l’hypothèse d’un métissage entre les apports des Bretons insulaires, fuyant l’invasion de leur territoire par les Saxons, les Angles et les Jutes, et un style armoricain du haut Moyen Âge – dont aucune trace n’a été dévoilée à ce jour –, lors des migrations, entre les IVe et VIe siècles, en Petite Bretagne, de peuplades du sud-ouest de la Grande-Bretagne (Cornwall et Devon). » Et l’absence de preuve matérielle vient renforcer le discrédit jeté sur cette hypothèse.

À ce stade de l’article, l’argument avancé par les tenants du gouren pour justifier l’origine celtique apparaît bien peu convaincant : « Ces parentés celtiques sont confortées par le fait que des luttes qui se jouent uniquement debout […] et à la ceinture […] existent encore de nos jours dans d’autres régions celtiques que la Bretagne ». Afin d’éviter de rendre l’hypothèse trop plausible, l’analogie est minimisée. Les règles identiques entre la lutte de Cornouailles britannique et la lutte bretonne relevées par Gwennole Le Menn se changent ainsi en une simple ressemblance : « La lutte de Cornouailles britannique est en effet une forme ressemblante. »

La section sur les origines reste ainsi très imprécise et semble laisser la question des origines de ce sport ouverte. Il est simplement indiqué que « les origines sont attestées dès le Moyen Âge ». Et dans la section suivante, qui précède la période du XXe siècle, les repères chronologiques ne permettent pas d’en savoir davantage. Il y est également question du Moyen Âge : « L’engouement pour les luttes martiales a régné dans toute la vieille Europe du Moyen Âge. » La seule période du Moyen Âge mentionnée assez précisément est le XVIe siècle : « Au XVIe siècle, c’est l’une des principales activités physiques dans les cours royales ou seigneuriales. » Et, de manière plus large, la Renaissance est encore évoquée : « À la Renaissance, l’apparition des armes à feu et la modernisation des moyens de faire la guerre ont fait partiellement tomber ces exercices en désuétude dans les milieux privilégiés. »

La supposition selon laquelle le gouren aurait des origines celtiques ayant été déconsidérée, cette section tend alors à assimiler le gouren aux luttes pratiquées en Europe et en France. La pratique de cour peut ainsi laisser penser à une popularisation en Bretagne d’une pratique issue de la cour du roi de France. Et cela parait conforté par le sort commun des pratiques en France à la Révolution : « en France, à partir de la Révolution et suite au rejet des pratiques de l’Ancien Régime, ce sont plutôt des hommes de basse condition sociale qui s’adonnent aux luttes, pour le prestige mais aussi pour gagner de l’argent ou des prix en nature. »

Mais cette origine française suggérée par l’article se heurte à deux arguments. Le premier est de nature linguistique. Car si le gouren avait été importé de la cour de France, il aurait été logique que son nom soit également issu d’un emprunt au français ; or « gouren » est un mot breton. Le deuxième se rapporte à l’histoire. En effet, Gwennole Le Menn rapporte : « La première mention concernant la lutte bretonne est celle qui est faite, au XIVe siècle, dans la vie de Du Guesclin »[3], comme en atteste la description d’un combat de ce dernier se déroulant en 1337[4]. La Bretagne étant indépendante à cette époque, cela rend une origine française d’autant moins plausible.

Comme indiqué plus haut, le terme breton « gouren » a une parenté avec le cornique. En attestent les termes corniques gwrynya, « lutter », et gwrynyer, « lutteur », et, dans une moindre mesure, le préfixe semblant différer, le gallois gwrthryn, « gouren »[5]. Ces rapprochements linguistiques rendent peu probables non seulement l’idée d’une origine française du gouren, étant donné que le mot ne provient pas d’un emprunt au français, mais également celle d’une création spontanée au Moyen Âge central ou tardif, puisque la proximité du terme avec le cornique deviendrait difficilement explicable. Ils tendent, au contraire, à confirmer l’origine commune avec la lutte pratiquée en Cornouailles britannique que laisse entrevoir la similitude entre les règles de ces luttes. L’origine celtique du gouren reste donc l’hypothèse la plus crédible, et cela explique qu’aucune autre hypothèse n’ait été formulée, étant donné combien il aurait été difficile de la rendre scientifiquement acceptable.

L’article tend ainsi à persuader le lecteur de rejeter l’hypothèse de l’origine celtique, qui reste pourtant la plus convaincante scientifiquement. L’article n’affirme pas que cette hypothèse est fausse, il ne fait que l’insinuer par différents biais, tout en se gardant d’apporter tout élément permettant d’infirmer l’hypothèse de l’origine française vers laquelle le lecteur est amené. L’article est donc clairement manipulatoire.

L’histoire de la langue bretonne

L’article retraçant l’histoire de la langue bretonne, de 2018[2], est également très tendancieux.

Tout d’abord, alors que l’importante période de migration au cours de laquelle se sont installés les Bretons en Armorique est habituellement associée à l’invasion de peuples germaniques, aucun de ces peuples n’est cité : « L’affaiblissement progressif de la présence romaine sous le bas-empire se double de l’arrivée de troupes supplétives de Grande-Bretagne au Ve siècle, puis d’un courant migratoire plus important, sur deux siècles environ, d’une partie de la population de Grande-Bretagne fuyant entre autres les Scots d’Irlande. » Cette migration tend ainsi à être présentée comme n’étant causée que par des invasions d’autres peuples celtes.

Pourtant, les plus importantes invasions sont bien celles des peuples germaniques, notamment les Saxons et les Angles, aux côtés desquels sont parfois également cités les Jutes. Ce sont bien ces peuples-là qui permettent d’expliquer qu’une langue germanique, l’anglais, soit parlée sur la majeure partie de la Grande-Bretagne, que les Anglais soient qualifiés d’Anglo-Saxons, et qu’ait eu lieu une importante migration de Bretons en Armorique au cours du haut Moyen Âge. Les invasions des Scots, quant à elles, ont eu un impact plus limité, excepté au nord de l’île où elles sont à l’origine du fait que le gaélique soit parlé à l’Ouest de l’Écosse. L’installation des Scots sur l’île de Bretagne est donc sans commune mesure avec celle des peuples germaniques, et l’article tend ainsi à faire passer les Celtes pour responsables d’un phénomène essentiellement dû à des peuples germaniques.

Ensuite, le breton est décrit comme du gaulois dont l’évolution serait due à un apport brittonique : « Alors que l’Armorique devient la Bretagne, cet apport brittonique se mélangeant au gaulois de manière plus ou moins importante selon les régions fait naître le breton. » Le breton est pourtant classé par les linguistes parmi les langues brittoniques. Cela s’explique. Premièrement, il partage les innovations morphosyntaxiques caractéristiques des langues celtiques insulaires, comme les prépositions fléchies et l’usage de particules verbales. Deuxièmement, nombre de caractéristiques du breton se retrouvent en cornique ou en gallois. Troisièmement, la proximité avec le cornique est telle qu’il serait difficilement justifiable de les placer dans des groupes linguistiques différents. Et si certaines évolutions phonétiques qu’a connu le breton sont bien dues au gaulois, cela s’explique par un effet de substrat. C’est ainsi le breton qui a subi l’influence du gaulois, et non le brittonique qui aurait influencé, à des degrés divers selon les endroits, un breton qui descendrait du gaulois.

Les données historiques à disposition permettent parfaitement d’expliquer que les arrivants bretons en Armorique aient conservé leur langue. L’Armorique connaissait, en effet, une faible densité de population, alors que les Bretons sont arrivés en grand nombre, leur émigration ayant été, de plus, continue du 4e siècle au 10e siècle[6]. La langue des nouveaux arrivants a donc ainsi été constamment renforcée, sur une période s’étalant sur environ 6 siècles.

Historiquement, le gaulois a été invoqué pour expliquer les divergences du dialecte vannetais par rapport aux autres dialectes bretons, plus homogènes. Mais cette hypothèse est peu crédible. En effet, la zone où est parlé le vannetais était davantage romanisée, comme en attestent le nombre de vestiges gallo-romains qui s’y trouvent, et le gaulois devait donc être moins parlé dans cette partie du territoire par rapport aux parties correspondant aux autres dialectes[7]. La tendance à l’accentuation sur la dernière syllabe en vannetais se retrouve d’ailleurs dans l’évolution de la langue romane voisine. Quant aux évolutions phonétiques les plus caractéristiques du vannetais, elles se retrouvent généralement en gallois, comme la conservation du r sourd initial en vannetais intérieur, ou en cornique, comme le passage du th au c'h sourd ou à h, ou la diftongaison du i final en ei, par exemple dans hi, ni, c'hwi, ti, tri ou c'hoari, en vannetais maritime[8].

Plus loin, l’obligation de l’instruction en français, qui sera pourtant responsable de la coupure généralisée dans la transmission du breton, est implicitement présentée comme une avancée démocratique : « Au XIXe siècle, la connaissance du français grandit au sein des couches populaires : démocratisation de l’instruction (en français) ». La tournure « démocratisation de l’instruction (en français) » donne, en effet, une vision bien différente de celle qu’aurait donné la formulation habituelle « instruction obligatoire en français ». Et, au passage, la parenthèse tend à minimiser un élément qui a évidemment une importance majeure dans le phénomène de substitution linguistique traité par l’article.

Le même paragraphe évoque des « représentations parfois vécues comme stigmatisantes », à savoir « rural contre urbain », « paysan contre citadin », « passé contre moderne », « privé contre public », « oral contre écrit » et « local contre universel ». Le phénomène est ainsi sous-évalué à l’aide de l’adverbe « parfois », et est renvoyé à un simple sentiment de la population. Il est ainsi passé sous silence que ces représentations ont été véhiculées par l’État et les services de l’Instruction publique, que la stigmatisation a été volontaire et systématique et combien elle a été violente[9]. Les pratiques employées incluaient la violence physique et les humiliations, les incitations à la délation par l’usage du « symbole » visant à couvrir de honte celui qui le portait. Rien de tout cela n’est mentionné. Il s’agit pourtant d’éléments incontournables pour expliquer que la coupure dans la transmission du breton ait été aussi brutale et aussi générale.

L’article avance bien des raisons à la coupure dans la transmission du breton dans les années situées entre 1950 et 1970. Mais cette dernière est attribuée à « l’effet cumulé de ces représentations, du développement de la scolarisation en collèges ruraux (internat), de l’aspiration aux études supérieures, de l’urbanisation des modes de vie et du rejet de la société traditionnelle, du développement très important des médias en français, etc. » Il est également précisé « la réforme liturgique de 1963 profite au français au détriment du breton. ». L’explication d’importance majeure évoquée est donc bel et bien passée sous silence.

Au début de la dernière section, l’article indique que « des revendications en faveur du breton se sont exprimées […] avec le soutien des pouvoirs publics au XXIe siècle ». Cela donne une vision très erronée du rôle des pouvoirs publics, puisque le soutien, lorsqu’il existe, reste généralement faible, et que, le plus souvent, l’hostilité est manifeste[10].

Au dernier paragraphe, l’article donne curieusement une vision patrimoniale du breton : « les Bretons se disent aujourd’hui très majoritairement attachés au breton (patrimoine) ». Or, la langue constitue un élément essentiel de l’identité bretonne. De plus, la pratique quotidienne par des jeunes bretonnants, même si elle est minoritaire, n’est pas évoquée. L’article se contente, en effet, d’indiquer que « les bretonnants le pratiquant quotidiennement sont âgés (pratique populaire héritée) et de moins en moins nombreux ».

Enfin, la dernière phrase se termine par une incohérence, une imprécision, et une insinuation : « les revendications pour la défense de la langue se multiplient (pratique nouvelle, parfois idéologique, parfois symbolique). » Cela est incohérent, parce qu’il s’agit de revendications pour la langue et non pour la défense de la langue. Cela est imprécis, parce que les revendications concernent la pratique du breton d’une manière générale, que celle-ci soit nouvelle ou non. Et la parenthèse contient une lourde insinuation, parce qu’elle laisse entendre que la pratique nouvelle du breton est soit idéologique, soit symbolique, alors qu’il existe bien des raisons sortant de ce cadre étroit et restrictif, dont la conscience et l’affect ne sont pas des moindres.

La similitude de discours entre les articles précédents et l’exposition celtique.

Comme il apparaît, plusieurs techniques d’écriture sont employées à travers les articles analysés :

  • l’utilisation du point d’interrogation pour installer le doute,
  • l’usage de formulations délibérément orientées,
  • le choix de termes induisant une certaine vision des faits, dont, en particulier, l’emploi du mot « récit » pour jeter d’emblée le discrédit sur l’ensemble de ce qui a trait au thème considéré indistinctement, recherches, discours, travaux, hypothèses, connaissances, études scientifiques, preuves matérielles, etc. en les renvoyant à l’imaginaire ou à la subjectivité,
  • le passage au premier plan d’éléments d’importance secondaire,
  • le passage sous silence d’éléments de première importance.

Cela permet notamment de surévaluer l’apport du gaulois au breton, ainsi que de rejeter ou de sous-évaluer le caractère celtique des éléments se rapportant à la culture bretonne. Ces articles tendent ainsi vers la celtophobie, et ne laissent aucun doute sur l’idéologie assimilationniste sous-jacente. Cela est d’ailleurs confirmé par l’effacement ou la minimisation du rôle négatif de l’État et des pouvoirs publics dans le phénomène de substitution linguistique en Bretagne. Ces techniques de manipulation semblent, par ailleurs, avoir fait recette, puisqu’elles se retrouvent toutes dans l’exposition “Celtique ?” du Musée de Bretagne[11].

La position de Bretagne Culture Diversité

Sur une même page, Bretagne Culture Diversité indique, par deux fois, que son « objectif » ou son « ambition », concernant « la matière celtique » ou « le celtisme en Bretagne », consiste à « présenter la recherche vivante et les savoirs documentés sur ces questions, y compris avec les divergences, voire les contradictions entre spécialistes », en précisant, dans un cas, « sans aucune volonté prescriptive ou normative »[12]. Cela semble, à première vue dédouaner l’association du contenu des deux articles analysés, puisqu’ils ont été rédigés par des scientifiques.

De ce point de vue, les seuls pouvant être mis en cause seraient les scientifiques eux-mêmes, voire également leur centre de recherche. Les deux scientifiques en question ont, à ce propos, le point commun d’être liées au Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) de Brest, puisqu’Aurélie Épron est chercheuse associée en son sein[13], et que Nelly Blanchard y est enseignante-chercheuse[14]. Et cette dernière figure, de plus, parmi les membres du conseil scientifique de l’exposition “Celtique ?” du Musée de Bretagne[15].

Cela ouvre la question de l’idéologie dont pourrait être empreint le CRBC de Brest, et celle des divergences entre ce dernier et Centre d’études des langues, territoires et identités culturelles – Bretagne et langues minoritaires (Celtic-BLM) de Rennes, puisque ce sont trois professeurs de l’Université Rennes 2, Ronan Le Coadic, Erwan Chartier et Herve Le Bihan, qui ont se sont élevés contre l’exposition “Celtique ?” en publiant des analyses critiques ou en quittant le conseil scientifique de cette exposition. La volonté des chercheurs de Rennes de prendre leurs distances par rapport au CRBC de Brest pourrait d’ailleurs expliquer la création du Celtic-BLM, en remplacement de l’antenne de Rennes du CRBC, le 1er janvier 2022[16].

Concernant l’exposition, Bretagne Culture Diversité semble faire preuve de prudence. L’association souligne qu’elle n’a pas participé à sa réalisation. Elle indique, en effet, avoir créé le site thématique “La Bretagne, terre celtique ?”, complémentaire à cette exposition, « sans avoir participé à la réalisation de l’exposition elle-même ». Et elle semble même, à présent, prendre quelques distances en faisant état de la polémique à son sujet[12].

Prudemment toujours, Bretagne Culture Diversité appelle à l’indulgence et aux bonnes volontés concernant son site Bécédia. Toujours à la même page, l’association prévient, en effet : « Ce site n’est certainement pas parfait. N’hésitez donc pas à nous faire part de toute erreur, remarque ou idée pour l’améliorer. »[12]

La participation de Bretagne Culture Diversité à la manipulation du public

Plusieurs éléments permettent de douter du discours de Bretagne Culture Diversité et montrent que la position de l’association est, en réalité, ambigüe. Il peut être soulevé, par exemple, que l’association fait la promotion de l’exposition “Celtique ?” sur son site Bretania, en mettant en avant, de plus, son partenariat avec cette exposition[17], et qu’elle a tardé avant de faire état de la polémique.

Mais, le discours de Bretagne Culture Diversité s’avère parfois bien plus problématique. Par exemple, l’association semble justifier son impossibilité de se désolidariser avec l’exposition “Celtique ?” par son partenariat avec le musée lorsqu’elle évoque la démission de Ronan Le Coadic. L’association explique, en effet, que ce dernier a quitté Bretagne Culture Diversité « qui aurait refusé, [d’après lui], de se désolidariser de l’exposition alors que nous sommes partenaires du Musée de Bretagne »[12].

Cette exposition a, cependant, des visées assimilationnistes manifestes et dénigre une part de l’identité bretonne, comme l’ont montré diverses analyses de l’exposition[18], ainsi qu’une réponse au discours du Musée de Bretagne[19]. Or, cela est rigoureusement incompatible avec une des missions de Bretagne Culture Diversité, consistant à « promouvoir la diversité culturelle »[20]. Aussi, le fait que l’association ne désavoue pas cette exposition, quitte à remettre en question son partenariat avec le Musée de Bretagne, est particulièrement gênant.

Un élément d’explication à la posture de Bretagne Culture Diversité serait peut-être à chercher dans liens étroits qu’entretient cette association avec le Musée de Bretagne et l’exposition “Celtique ?”. En effet, Charles Quimbert est à la fois trésorier de Bretagne Culture Diversité[21] et membre du conseil scientifique de l’exposition “Celtique ?”[15], Erwan Chartier est membre du conseil d’administration de Bretagne Culture Diversité[21] et était encore membre du conseil scientifique de l’exposition au moment de la démission de Ronan Le Coadic[15], avant de s’en retirer. Laurence Prod’homme est membre du conseil scientifique de Bretagne Culture Diversité[22] et responsable de la recherche au Musée de Bretagne[23].

Par ailleurs, et malgré les avertissements, au demeurant insuffisants, de l’association, les articles que Bretagne Culture Diversité met à disposition de ses partenaires et du public semblent montrer que cette association partage, en réalité, la vision de l’exposition “Celtique ?”. La diversité culturelle ne saurait, en effet, être promue en répandant une vision faussée de l’histoire, qui irait d’ailleurs à l’encontre de la mission de l’association déjà évoquée. L’histoire est liée à la culture, et aucun des faits qui en relève ne saurait être volontairement occulté sans porter atteinte à ceux qui sont porteurs de cette histoire.

La diffusion de documents sans davantage de discernement est d’autant plus difficilement justifiable que Bretagne Culture Diversité dispose parfaitement des moyens adéquats pour évaluer la qualité des articles en sa possession, puisqu’existe en son sein un important conseil scientifique[22]. Et le contenu du site “La Bretagne, terre celtique ?”[24] tend bien à confirmer l’orientation de cette association.

Le site “La Bretagne, terre celtique ?”

Le site thématique “La Bretagne, terre celtique ?” de Bécédia[24], créé en écho à cette exposition, use des mêmes techniques de manipulation que celle des articles analysés précédemment et de l’exposition “Celtique ?”[18]. Ce site thématique renvoie d’ailleurs aux articles sur le gouren[25] et sur l’histoire de la langue bretonne[26] passés en revue.

Dans ce site, quasiment tous les titres pour chacune des périodes depuis le Moyen Âge martèlent qu’il s’agit de « la construction d’un récit »[27]. Et le site avance qu’« à partir du Moyen Âge, des récits politiques ou imaginaires tendent à associer la Bretagne à des références celtiques. »[28] Ce faisant, il assimile toute la recherche sur les origine celtique de la Bretagne à des « récits » et laisse entendre que l’identité celtique de la Bretagne est nécessairement associée à la politique ou à l’imagination.

De même que l’exposition toujours, il tend à assimiler le mouvement politique breton à l’idéologie nazie[29]. Les autres tendances à la période de l’entre-deux guerres ne font l’objet que d’une simple allusion, et aucun lien n’est fait entre le racisme des groupes évoqués et le nationalisme raciste français qui s’exprime sans complexe dans la presse de l’époque et a été véhiculé par l’Instruction publique.

En guise de conclusion

Le discours relayé par l’exposition “Celtique ?” n’est ni novateur ni spécifique au Musée de Bretagne. Il existe également sur le site Bécédia de l’association Bretagne Culture Diversité depuis quelque temps déjà, par le biais d’articles, et, plus récemment, sur le site thématique “La Bretagne, terre celtique ?”.

Il apparaît que Bretagne Culture Diversité n’a tenu aucun compte des diverses analyses de l’exposition “Celtique ?” qui ont pu être effectuées, alors qu’un bon nombre des critiques formulées dans ces analyses valent également pour plusieurs documents de vulgarisation sur le patrimoine vivant breton que cette association a mis en ligne et pour son site thématique “La Bretagne, terre celtique ?”. Les aspects particulièrement inquiétants de ces documents sont la remise en question presque systématique des origines celtiques des éléments culturels bretons et de l’identité celtique, ainsi que le traitement du mouvement breton de la période de l’entre-deux guerres.

L’appel de Bretagne Culture Diversité à faire des remarques en vue de l’amélioration du site est donc difficilement entendable, puisque cette association a eu connaissance de ces critiques, dont certaines figurent d’ailleurs sur son site Bécédia. Aussi, il serait grand temps que l’association se penche sérieusement sur les questions du contenu des documents qu’elle met à disposition, de l’usage qui en est fait par le Musée de Bretagne et de l’impact qu’ils peuvent avoir, au final, sur le public par ces différents biais. Et elle gagnerait en crédibilité à en tirer les conclusions qui s’imposent.

En particulier, n’ayant pas vocation à devenir une plateforme pour des universitaires qui seraient plus complaisants que scrupuleux en relayant des articles idéologiquement marqués signés de leur main, elle devrait davantage tirer profit de son conseil scientifique, ou, le cas échéant, en réviser la composition. De plus, son conseil de surveillance devrait faire preuve de davantage de vigilance sur la conformité des documents qu’elle diffuse et des partenariats qu’elle met en place avec les missions qui lui ont été confiées.

Enfin, les informations que Bretagne Culture Diversité offre aux Bretons n’ont pas à se conformer au nationalisme français, mais à refléter au mieux la réalité. Elles ne devraient occulter par principe aucun apport de la connaissance scientifique. Les Bretons ne sont pas de dangereux malades à qui il faudrait masquer la vérité pour les protéger d’eux-mêmes. Ils ont le droit d’être traités comme des personnes humaines, dignes et responsables et d’avoir accès à la vérité qui les concerne, quand bien même cette vérité ne serait pas à l’avantage de l’État ou de ses institutions.

Article publié le 11 septembre 2022 sur le site Justice pour nos langues ! et mis à jour le 21 septembre 2022 : http://justicepournoslangues.fr/actualites/2022/l_elaboration_d_un_discours_de_bcd_au_musee_de_bretagne.html

Notes :

1. « Le gouren, une tradition moderne », par Aurélie Épron, Bécédia, novembre 2016. URL : https://bcd.bzh/becedia/fr/le-gouren-une-tradition-moderne

2. « Le breton, langue de Basse-Bretagne », par Nelly Blanchard, Bécédia, mars 2018. URL : https://bcd.bzh/becedia/fr/le-breton-langue-de-basse-bretagne

3. Le Menn, Gwennole : 1994. « Ar gouren (la lutte bretonne) / Les premiers témoignages (XIVe – XVIIe siècles) », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, Tome LXXI, Rennes, 1994, p. 61-85. P. 61.

4. Luce, Siméon : 1876. Histoire de Bertrand du Guesclin et de son époque. La jeunesse de Bertrand (1320-1364). Paris : Hachette. P. 14-15 et 22-24.

5. Le Menn, Gwennole : 1994. (Voir note 2.) P 67.

6. Fleuriot, Léon : 1980. Les origines de la Bretagne. Paris : Payot. P. 24.

7. Même source que précédemment, p 58.

8. Même source que précédemment, p 67-68.

9. « Eus an Dispac'h d’an XXIvet kantvet, politikerezhioù ha pleustroù evit bountañ ar galleg war ar C'hwec'hkogn hag an trevadennoù kozh – De la Révolution au XXIe siècle, politiques et pratiques d’imposition du français dans l'Hexagone et les anciennes colonies », par Rozenn Milin, Youtube. URL : https://www.youtube-nocookie.com/embed/UxZwXTpvzf4

10. « Les attaques contre les langues autochtones en France », par Yann-Vadezour ar Rouz, Justice pour nos langues !, 30 juillet 2021, modifié le 20 août 2022. URL : http://justicepournoslangues.fr/actualites/2021/attaques_contre_les_langues_autochtones.html

11. « La stigmatisation de l’identité bretonne via l’exposition « Celtique ? » », par Yann-Vadezour ar Rouz, Justice pour nos langues !, 21 juillet 2022, modifié le 1er août 2022. URL : http://justicepournoslangues.fr/actualites/2022/la_stigmatisation_de_l_identite_bretonne_via_l_exposition_celtique.html

12. « Une exposition en débats », par Philippe Ramel, La Bretagne, terre celtique ? URL : https://www.bcd.bzh/becedia/bretagne-celtique/une-exposition-en-debats/

13. « Chercheurs associés », Centre de recherche bretonne et celtique. URL : https://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Membres+du+laboratoire/Chercheurs_associes

14. « Enseignants-chercheurs », Centre de recherche bretonne et celtique. URL : https://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Membres+du+laboratoire/Enseignants-chercheurs

15. « L’identité celtique de la Bretagne en question », Celtique ? L’expo. URL : https://www.exposition-celtique.bzh/

16. « Centre d’Etudes des Langues, Territoires et Identités Culturelles – Bretagne et Langues Minoritaires (CELTIC-BLM) », Université Rennes 2. URL : https://www.univ-rennes2.fr/structure/celtic-blm

17. « La Bretagne celtique », Bretania. URL : http://www.bretania.bzh/portail/la-bretagne-celtique.aspx

18. « Le scandale de l’exposition « Celtique ? » du Musée de Bretagne », par Yann-Vadezour ar Rouz, Justice pour nos langues !, 6 septembre 2022, modifié le 11 septembre 2022. URL : http://justicepournoslangues.fr/actualites/2022/le_scandale_de_l_exposition_celtique_du_musee_de_bretagne.html

19. « Le Musée de Bretagne défend son exposition « Celtique ? » », par Yann-Vadezour ar Rouz, Justice pour nos langues !, 3 septembre 2022, modifié le 4 septembre 2022. URL : http://justicepournoslangues.fr/actualites/2022/le_musee_de_bretagne_defend_son_exposition_celtique.html

20. « L’association », Bretagne Culture Diversité. URL : https://www.bcd.bzh/fr/qui-sommes-nous/nos-missions/

21. « Le Conseil d’Administration – composition », Bretagne Culture Diversité. URL : https://www.bcd.bzh/fr/qui-sommes-nous/nos-missions/composition-du-conseil-dadministration/

22. « Le conseil scientifique », Bretagne Culture Diversité. URL : https://www.bcd.bzh/fr/qui-sommes-nous/nos-missions/le-conseil-scientifique/

23. « Le Musée de Bretagne révise son exposition « Celtique ? » », par Serge Poirot, Ouest-France, 16 août 2022, 14 h 36. URL : https://www.ouest-france.fr/bretagne/le-musee-de-bretagne-revise-son-exposition-celtique-9fe045b4-1941-11ed-8966-3007dca06e95

24. Site La Bretagne, terre celtique ? URL : https://bcd.bzh/becedia/fr/la-bretagne-terre-celtique

25. « Celt’attitude », La Bretagne, terre celtique ? URL : https://www.bcd.bzh/becedia/bretagne-celtique/celtattitude/

26. « Aux origines : Haut Moyen Âge », La Bretagne, terre celtique ? URL : https://www.bcd.bzh/becedia/bretagne-celtique/aux-origines-haut-moyen-age/

27. « Celtique ? Une Histoire, des représentations », La Bretagne, terre celtique ? URL : https://www.bcd.bzh/becedia/bretagne-celtique/

28. « La construction d’un récit : les premiers récits du Moyen Âge », La Bretagne, terre celtique ? URL : https://www.bcd.bzh/becedia/bretagne-celtique/la-construction-dun-recit-les-premiers-recits-du-moyen-age/

29. « La construction d’un récit : régionalisme, nationalisme, interceltisme », La Bretagne, terre celtique ? URL : https://www.bcd.bzh/becedia/bretagne-celtique/la-construction-recit-regionalisme-nationalisme-interceltisme/


Vos commentaires :
Anne Merrien
Vendredi 27 décembre 2024
Merci pour toutes ces explications. Je saurai à présent me méfier de cette association et de ses discours.

Gweltaz Le Menn
Vendredi 27 décembre 2024
Quand on sait que Marthe Vassallo, membre du conseil d'administration de BCD, a écrit un livre avec Françoise Morvan, ce genre de dérives identitaires pro-française et anti-bretonnes ne saurait étonner...

Erig Pagan
Vendredi 27 décembre 2024
A noter qu'outre BCD, l'exposition a été soutenue (en tout état de cause ou non ?) par le magazine ArMen dans son numéro de juillet août 2022 où on trouve notamment (pub ?) l'affiche de l'exposition en page 1, mentionnant ses soutiens (sponsors ?) à savoir le Festival interceltique, ArMen, l'INRAP, le logo «m» (musées nationaux ?), le ministère de la Culture et la métropole de Rennes.
On ne peut que s'interroger sur ce soutien d'ArMen. Qu'en pensent les rédacteurs habituels de ses articles ?
Dans le numéro de septembre-octobre, plus de mention de l'exposition (ni d'éclaircissement sur la polémique et leur position) mais... un article sur BCD.
J'avoue que je ne m'y reconnais plus, moi qui suis abonné depuis le n°1 (ça ne nous rajeunit pas) !

Anne Merrien
Vendredi 27 décembre 2024
J'étais aussi abonnée depuis le 1er numéro, mais en octobre 2019, il y a eu une carte B4 et j'ai perdu confiance.

Kristen
Vendredi 27 décembre 2024
Excellent travail car relevant de la méthode scientifique. A diffuser au maximum, chacun selon ses moyens, et à imiter.
La réalité et la rigueur méthodologique font la différence et seront toujours le sol le plus stable face aux dangers du sectarisme manipulateur, qui sévit lourdement actuellement...

Kerbarh
Vendredi 27 décembre 2024
A croire que toutes les associations qui sont sensées défendre la culture bretonne sont noyautées par des jacobins ???!!!!

Emilie Le Berre
Vendredi 27 décembre 2024
Il y a pourtant quelques indices dès le départ qui montrent que cette association est une bouse, rien que dans l'intitulé déjà les voyants s'allument.

Thomas
Vendredi 27 décembre 2024
Juste une petite précision concernant «ce dernier se déroulant en 1337[4]. La Bretagne étant indépendante à cette époque, cela rend une origine française d’autant moins plausible. »

En 1337, la bretagne n'est pas indépendante, est dirigée par un capétien et est un fief qui penche soit du côté anglais soit du côté français.


Ronan Courtial
Vendredi 27 décembre 2024
Bretagne Culture «DIVERSITE»: un site de ressources inédites sur la Bretagne et ses« habitant.e.s». Tout est écrit en quelques mots: Bonjour les mondialistes, bonjour Sardine Ruisseau... De la Nation Bretonne et du Peuple Breton faisons table rase!

Alter Écho & Ego machin
Vendredi 27 décembre 2024
Bof! Cela relève des notions actives d'assimilation poutinienne française, qui traversent les siècles, mais en parler c'est bien. Á défaut d'action, efficaces, pour remettre les pendules à l'heure !
L'affaire de Callac a pour moi énormément bien plus d'importance, car effectuant actions et travail aux corps et en même temps, aux esprits bretons. Action française qui avec celui de l'anticeltisme à Rennes, se marient, s'épousent et s'accouplent très bien! Sans oublier à Callac, les «seuls» jaunes drapeaux des jaunes de l'udb, soutenant le projet progressiste de créolisation massive et rapide! Rien que du salutaire pour la BRETAGNE et les Bretons!

Penn Kaled
Vendredi 27 décembre 2024
Ce week end à Pondi c'est justement l'assemblée de Bretagne culture diversité .Ce qui est déplorable c'est que concernant les polémiques à ce sujet , comme de l'exposition du musée de Bretagne , c'est que les acteurs et actrices de ces organisations n'interviennent pas sur ce site ,ce qui ne permet pas de confronter les points de vue .J'ai regardé l'émission en breton dimanche sur FR3 Gilles Servat semblait mesuré et pas trop bavard au sujet de cette exposition .

Anne Merrien
Vendredi 27 décembre 2024
J'imaginais que «diversité» faisait allusion au fait que la Bretagne n'est pas monolithique : il y a la Bretagne gallaise, il y a la variation dialectale de breton, etc. Bretagne Diversité, c'est peut-être le grand ouest déguisé.

Anne Merrien
Vendredi 27 décembre 2024
Etrange tout de même que cette association censée promouvoir la diversité s'emploie à édulcorer les spécificités bretonnes : le breton serait plutôt du gaulois, le gouren une lutte européenne parmi d'autres...

Erig Pagan
Vendredi 27 décembre 2024
J'ai l'impression que la situation politique actuelle en France amène le mouvement culturel breton à une LFIsation des esprits, faute d'alternative crédible. De ce fait on melanchonise pour ne pas se zemmouriser. L'affaire de Callac est un piège mortel pour l'emsav car soit on accepte que la culture bretonne soit noyée par des apports externes non assimilables soit on passe pour des nazis du bezenn Perrot. Et j'ai toujours voté à gauche jusqu'en 2017...

Kristen
Vendredi 27 décembre 2024
@ Erig Pagan : « L'affaire de Callac est un piège mortel pour l'Emsav, car soit on accepte que la culture bretonne soit noyée par des apports externes non assimilables, soit on passe pour des nazis ...».
Le choix binaire s'avère trop souvent à éviter. La culture bretonne, dans toute sa richesse mais avec de vrais moyens de financement publics, est l'élément central permettant de dépasser le risque mentionné ; elle permet simultanément l'accueil et l' indispensable intégration. Ce peut être une chance pour l'Emsav.
Mais cela supposera un vrai combat contre le jacobinisme-nationalisme culturel, une fois de plus, notamment pour les moyens à exiger ...

Pcosquer
Vendredi 27 décembre 2024
Nous en sommes donc toujours là, c'est la continuité des années 50 et la tentative d'éradiquer le mouvement breton par la destruction du Breton unifié ( standardisé)... Je pensais que ce stade appartenait au passé.
Peut-être qu'au point où nous en sommes selon les constats de dénigrements répetés de l'identité Bretonne , vous , les spécialistes pourriez-vous associer davantage encore? Je me demande si tout cela n'est pas du à une perte d'influence générale de l'état français sur la population alors qu'on entend de plus en plus le terme d'autonomie...qui dérange;
« l’effet cumulé de ces représentations, du développement de la scolarisation en collèges ruraux (internat), de l’aspiration aux études supérieures, de l’urbanisation des modes de vie et du rejet de la société traditionnelle, du développement très important des médias en français, etc. » Il est également précisé « la réforme liturgique de 1963 profite au français au détriment du breton. ». C'est pourquoi on peut parler d'une « caution »morale« française» quand au même moment la caution morale Bretonne n'existait plus pour s'y opposer ( au sortir de la guerre et après compte tenu des évènements) Personne donc n'était en mesure de présenter la réalité au Bretons: Bonjour le Formica!vive l'araokadoù« Que tout cela est simpliste! Mais efficace sans opposition.
« les Bretons se disent aujourd’hui très majoritairement attachés au breton (patrimoine) » Je souhaite préciser une promotion de la langue bretonne qui me semble dériver vers »
l'outil pédagogique«... personnellement, je dis danger. Je fais référence au dernier communiquer d'une équipe d'enseignants de Nantes. Bravo à eux si ils ont des inscription mais... La langue Bretonne compte tenu de sa réalité sur le terrain scolaire demande au moins s'aller jusqu'au bac pour former des locuteurs solide. La promotion qui fait du breton un outil de développement cognitif par exemple dénature la langue elle-même dans son apport culturelle et de singularité de pensée, c'est-à-dire dans l'identité qu'elle véhicule mais d'une façon plus vivante encore, dans son effective existence de communication... Si les enseignants ne communiquent pas là-dessus, je me demande comment ils vont conserver les jeunes jusqu'au bac. Une fois ingurgitées les compétences cognitives, des parents, un peu, beaucoup?, vraiment beaucoup? quitte l'enseignement bilingue en fin du premier degré, ou du collège pour rattrapper l'enseignement classique et assurer l'avenir projetté pour leurs enfant dans le monde economique qui demande »une langue de communication plus sérieuse.« A méditer s'il vous plaît.
»
dont la conscience et l’affect ne sont pas des moindres.« Bien évidemment mais on rejoins là l'effet propre à la communauté, au peuple alors ce n'est pas possible... Cela ne peut exister
»
Cela permet notamment de surévaluer l’apport du gaulois au breton, ainsi que de rejeter ou de sous-évaluer le caractère celtique des éléments se rapportant à la culture bretonne.«Bonjour le Falc'huneg » N'était ce pas là soit une idéologie marqué Chez le chanoine Falc'hun ou un instrulment que d'autres auraient utilisé à son insu... Compte tenu de leurs intérêts communs on dira plutôt idéologie d'intérêt commun pour faire face à la fin de la guerre et plaire au «patron»
Les deux scientifiques en question ont, à ce propos, le point commun d’être liées au Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) de Brest, puisqu’Aurélie Épron est chercheuse associée en son sein[13], et que Nelly Blanchard y est enseignante-chercheuse[14]. Et cette dernière figure, de plus, parmi les membres du conseil scientifique de l’exposition “Celtique ?” du Musée de Bretagne[15].
L’association explique, en effet, que ce dernier a quitté Bretagne Culture Diversité « qui aurait refusé, [d’après lui], de se désolidariser de l’exposition alors que nous sommes partenaires du Musée de Bretagne »[12]. C'esl la logique de l'ideologie «du»parti politique que l'on retrouve ici dans le monde scientifique cf la philosophe Simone WEIL «Note sur la suppression générale des partis politique 1942. Ici ce sont des scientifiques qui tombent dans cet impossibilité démocratique parceque le choix ideologique qu'il font techniquement empêche toute objectivité ce qui paradoxalement doit justement être le gage de la Vérité. Ainsi, la thèse de Ronan Le CALVEZ sur »Radio Rennes Bretagne« est aisément critiquée et même »démontée« en large part par Gwénaël MAZE dans son ouvrage » Emsav hag Istor«
»
Les autres tendances à la période de l’entre-deux guerres ne font l’objet que d’une simple allusion, et aucun lien n’est fait entre le racisme des groupes évoqués et le nationalisme raciste français qui s’exprime sans complexe dans la presse de l’époque et a été véhiculé par l’Instruction publique.« Bien sûr d'autres tendances: Eglise( Evéché de Quimper tout au moins) et communistes qui ont pris un tournant à 180°pour devenir finalement des opposants à la langue Bretonne et que dire de l' association entre le jacobinisme et le racisme scientifique du siècle précédent justifiant la colonisation et entraînant des personnes qui n'auraient probablement jamais eu ce genre de comportement colonisateur sans cette néfaste influence: Un Emsav dénonçant tout ça est très dérangeant...
»
Les Bretons ne sont pas de dangereux malades à qui il faudrait masquer la vérité pour les protéger d’eux-mêmes." il s'agit pratiquement du prétexte inventé par l'état français pour justifier ses lois sur la non reconnaissance comunautaire. Je crois que dans le Larousse, le mot comunautarisme n'est pas présent avant 1992...C'est donc un concept récent. On comprend aussi facilement l'intérêt à nier les communautés en ce que cela permet de nier la réalité des peuples dont le peuple Breton. Comment peut-on ignorer aujourd'hui les conséquences de la recherche historique sur l'héritage d'Anne de Bretagne, précisément la fausse union de la Bretagne à la France et donc son corollaire: la Bretagne en tant que colonie réelle en 2022.

Alter Écho & Ego machin
Vendredi 27 décembre 2024
«Ce peut être une chance pour l'Emsav. »

Ce qu'est depuis un siècle (ce qui est largement suffisant) cet emzav, ses choix politico-culturels, et en conséquences l'absence de résultats espérés, rêvés, attendus et jamais obtenus, vaut-il une une chance? Même lui penser et donner une chance quelconque, encore?


Il n'est que plus que largement le temps d'oublier les incantations, intéressées ou simplettes et d'avoir, si l'on possède encore un peu d'intérêts pour ce pays d'avoir de la vision! Une vision extrêmement nouvelle! Qui n'aie pas comme principale arrière-pensée sa destruction!


La «Callac Créolisation» est une vision de perdants ,de démissionaires, d'incompétent et fainéants politiques, qui fait suite et prolonge celle des jacobins ; en plus de plaire à ceux qui veulent défaire la France, qui à donc pour «cause supplémentaire» pour la BRETAGNE et les Bretons, d'une disparition totale assurée!


L'histoire du canot de sauvetage qui restant amarré au Titanic, coule et disparaît avec! L'ingénierie n'avait pas prévu de cloisons suffisamment hautes! Toujours l'ingénierie incompétente, mais pas seulement!... Mais les idées et ambitions nouvelles...?


Jean-Luc Laquittant
Vendredi 27 décembre 2024
La «passion» quelle quelle soit, constructive ou destructive, est mauvaise conseillère, bien qu'il soit toujours plus facile de détruire que de construire. Que de verbiages magistraux et de temps perdu de part et d'autre. Mettons les choses à plat et avançons.

Gweltaz Le Menn
Vendredi 27 décembre 2024
N'oublions pas que BCD a été créé par le CR du 35, à gauche, pour éliminer l' Institut Culturel de Bretagne, trop coupable à ses yeux de pencher vers un nationalisme breton de droite.

Alter Écho & Ego machin
Vendredi 27 décembre 2024
Que vive donc les Hommes sans passions et ..«L'ennui naquit de l'uniformité!» Ôté???
Laisser tomber l'armure, ne reste souvent qu'un uniforme scolaire! Et pire s'en suit!

Anne Merrien
Vendredi 27 décembre 2024
Pour justifier un statut d'autonomie supérieur à celui des régions voisines, le CR B4 devrait mettre en avant de forts particularismes. Or on constate, avec cette affaire du musée de Bretagne ou les publications de l'association BCD, que la politique de la maison vise surtout à relativiser tout cela.
Il est donc vain d'espérer un statut attractif en B4 pour attirer la Loire-Atlantique. La B4 n'aura ni plus ni moins que les autres régions (qui réclament aussi plus d'autonomie), comme lors des lois de décentralisation de 1982.

Anne Merrien
Vendredi 27 décembre 2024
On a l'impression d'avoir affaire à des gestionnaires sans âme. Le seul particularisme mis en avant par la B4, ce sont les algues vertes, pour réclamer plus de pouvoir dans la gestion de l'eau.

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