Redadeg : " pour la démocratie, dans une république qui recule dans la brume, incapable d'accueil

Communiqué de presse publié le 8/05/16 15:19 dans Langues de Bretagne par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin

Youenn Chapalain et Konogan an Habask ont lu le texte qui est passé de coureur en coureur, de main en main lors des 1700 kilomètres dans le témoin. Secret bien gardé...

Voici la traduction en français du texte :

« Depuis toujours les Bretons sont des coureurs des mers, des voyageurs, des coureurs cyclistes même. Aujourd'hui, on peut déclarer sans souci que les Bretons sont aussi des coureurs à pied, bretonnants debout, un pied dans l'époque actuelle et un autre dans le temps à venir, des gens qui montrent leur volonté de vivre dans une société basée sur la différence, la diversité et la liberté, du breton plein leurs bouches.

Félicitations à la petite équipe qui a réussi à mener ce projet fou. La redadeg nous emmène au delà de ce que nous pensions pouvoir être possible. Alors, quand nous pensons que l'avenir de notre langue est sombre, disons-nous que la solution vient et viendra du travail collectif, ensemble.

Travail collectif, dans notre pays : ceci a été compris par les sonneurs il y a 70 ans quand il restait une centaine de sonneurs capables de sonner en couple, alors ils avaient créé Bodadeg ar sonerion et les bagadoù. Aujourd'hui, c'est plus de dix mille personnes qui sonnent, qui apprennent, et qui enseignent la musique du pays. Quelle belle réussite, celle de BAS !

La musique a été récupérée, faisons maintenant de même avec la langue, il est temps !

Ce texte a été écrit à deux mains, deux mains comme celles de tous les autres. Pour le relais des organisateurs de la redadeg, les musiciens et les bretonnants, c'est une fête, un événement important que nous fêtons aujourd'hui, et qui sait ? Un mariage, peut-être... Et oui, pour courir, il faut du souffle, pour sonner aussi, la redadeg était faite pour la rencontre entre sonneurs et coureurs. Aujourd'hui, à Locoal, nous fêtons la musique et la langue, ensemble, nourries l'une de l'autre.

Comme la musique a été sauvée par le souffle fort de la bombarde et du biniou, que nous, musiciens, nous puissions nous réapproprier notre langue pour que l'on donne au breton la place qui lui est dûe, dans les bagadoù, dans la vie publique et dans toutes les écoles de Bretagne. Parlez breton, musiciens !

C'est une fête aujourd'hui, sur la musique de l'espoir et de la lutte. Hélas, nous ne pouvons faire confiance à l'État français ni aux politiques, le manque d'indépendance de la Bretagne fait que chacun de nous doit porter l'avenir de notre langue. C'est beau, même si cette charge est lourde à porter certains jours.

Une lutte qui est très moderne : quand on lutte pour le breton, quand on parle breton, on lutte pour le multilinguisme dans le monde, l'ouverture à l'autre. On travaille aussi pour la démocratie, dans une république qui recule dans la brume et est incapable d'accueillir la diversité comme une richesse, hélas. Quand on lutte pour le breton, on lutte pour les Bretons mais aussi pour l'homme avec les autres peuples. Luttons avec confiance et avec humour. Notre lutte alimente notre énergie intérieure, notre envie de faire de la musique, de créer !

Demain, il fera jour, et on continuera à parler breton. Dans deux ans, ce sera la Redadeg et on continuera à courir, courir pour être des hommes et des femmes debout, courir pour faire prendre conscience, pour informer, pour réveiller les gens qui s'en fichent et sont indifférents, courir pour se retrouver, courir pour être écouté et vu, pour parler et dire que le breton existe.

N'attendons pas deux ans pour faire avancer la lutte pour la langue bretonne. Une lutte, en durcissant et pas en mollissant (allusion aux mutations- rires ).

Sinon, ce soir, quand nous reviendrons, chacun de nous à la maison, et d'ici deux ans, parlons breton à nos enfants, ne laissons pas le breton être la langue de l'école seulement, apprenons le breton, aidons nos amis et notre famille intéressés par la langue à parler. Écoutons le breton à la télé, à la radio, fêtons et répandons le breton dans les rues, dans les magasins, dans la société, sur les réseaux sociaux,faisons-lui partout une place, invitons-le dans nos bagadoù et dans nos cercles, créons en breton dans tous les domaines, et aimons ... en breton !

1,2,3, breton dans chaque maison

4,5,6, breton partout

7,8,9,10 vive la Redadeg ! »


Vos commentaires :
Ar Vran
Dimanche 22 décembre 2024
Tout d'abord désolé de ne pas écrire en breton car je fais partie de cette génération à laquelle on n'a pas voulu transmettre cette langue. Même si je l'ai appris entretemps mon niveau est insuffisant pour m'exprimer couramment...
Quelle belle conclusion! Maintenant il faut la mettre en pratique . Et cela implique également de forcer nos élus au niveau local (mairies, communauté de commune, départements, régions...) mais aussi les membres actifs d'associations, de syndicats, d'organismes sociaux à prendre en compte la langue bretonne, et là il y a du boulot

Jacques
Dimanche 22 décembre 2024
Faire des reproches à la République qui serait «incapable d'accueillir la diversité comme une richesse» n'est pas juste.

La République (avec son «R» majuscule) est un système idéologique qui refuse la diversité, pour créer un modèle humain standard (culture et langue) au nom d'un universalisme.

La République assume complètement son idéologie et les violations des droits de l'Homme et de l'Enfant qui s'y oppose. Elle n'a aucun problème avec cela, elle ne s'en cache nullement!

Mais pour connaître ce qu'est la République, il convient de connaître l'histoire (il est bien connu que DIWAN a une ombre sur le sujet).

On en revient toujours au même point...!

Du fait, ce sont plutôt les Bretons qui n'assument pas la réalité de la République.

A cela, il y a des raisons:
1) l'endoctrinement de nos grands-parents aux valeurs de la République qui s'opposent aux valeurs du peuple mauvaises par principe,
2) le fait que le «socialisme» partage nombre de valeurs avec la République dans une vision commune d'un monde imposé aux peuples (pour leur bien, comme on le sait...).

Du point 2 résulte toute l'ambiguïté du mouvement breton avec les jacobins depuis 60 ans.

Ce n'est pas sans raison si un parti politique comme le SNP n'a pas pu être créé en Bretagne.

La REDADEG est un succès....

Mais si c'est pour changer la République il y a erreur d'aiguillage par contre, si c'est pour permettre aux Bretons d'assumer leurs valeurs quand elles s'opposent fondamentalement aux valeurs de la République, ce sera en effet un grand pas!


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