Fin novembre, le groupe archéologique de Saint-Nazaire a découvert avec désolation une large tranchée creusée autour du dolmen [[Dolmen des Trois Pierres (Saint-Nazaire)]] allant jusqu'à mettre en danger des chênes verts plus que centenaires. Il dénonce des travaux effectués sans consulter la Direction Régionale des Affaires Culturelles (Drac) dans le périmètre d'un monument classé situé en centre-ville : « C'est regrettable car on a perdu une occasion de préciser la datation de la structure sur un site qui n'a jamais été fouillé avec des techniques modernes ».
Pour l'archéologue Emmanuel Mens ce chantier pose de sérieuses questions « car s'il y a un endroit où un paléosol a pu être conservé à Saint-Nazaire c'est bien sous le dolmen ou à ses abords immédiats. Il est évident que les aménagements se sont faits en dehors de toute surveillance par les services de l'État, et c'est bien cela le problème ».
Pour G. de Saint-Loup, fin connaisseur de l'histoire de Saint-Nazaire : « Contrairement à ce que dit la Mairie, le dolmen de Saint-Nazaire et les éléments circonvins n'ont pas été déplacés, ils sont à leurs places d'origine, c'est archéologiquement et historiquement prouvé, et c'est d'ailleurs ce qui vaut au site d'être classé au titre des Monuments Historiques depuis 1889 ».
Alain Ogé, responsable du Groupe Archéologique de Saint-Nazaire, a alerté le Service Régional de l'Archéologie, ce dernier va dépêcher sur place, dans les plus brefs délais, un archéologue afin d'évaluer la situation. Le service régional de l'archéologie devrait rédiger un procès verbal très rapidement.
La réaction du monde archéologique n'est nullement partagée par le service Habitat et aménagement urbain de la mairie qui affirme à la rédaction nazairienne de Ouest France que « l'aménageur, la Sonadev, a pris en compte les remarques et précise que le site actuel où est érigé le dolmen n'est pas son lieu d'origine ». Circulez il n'y a rien à fouiller !
Pour les défenseurs du patrimoine nazairien la Sonadev est manifestement de très mauvaise foi. Il suffit de consulter l'Écomusée de Saint-Nazaire qui a un fonds d'archives fort conséquent sur le dolmen.
Pour le CREDIB (Centre de Recherche et Diffusion de l'Identité Bretonne), qui a alerté de son coté des spécialistes des mégalithes, « les connaissances de l'archéologie et de l'histoire de Saint-Nazaire des services municipaux seraient plus fiables que celles de tous les archéologues et des spécialistes des mégalithes réunis. Fallait y penser ! On ajoute au logiciel municipal “ du passé faisons table rase ” la notion de réécriture du passé. Le grand archéologue breton [[René Kerviler]] qui a étudié au XIXe siècle le dolmen de Saint-Nazaire – qui est en fait le reste d'un cairn – doit se retourner dans sa tombe ».
Une confusion a pu s'installer chez les non-connaisseurs du sujet car en 1928, l'archéologue Baudouin redresse le menhir à côté du dolmen sans chercher la fosse de calage, donc le menhir est vrai mais il n'est pas à son emplacement préhistorique. De son côté le préhistorien [[Pierre-Roland Giot]], sans venir sur place, selon un archéologue, écrira avec une étonnante légèreté pour un spécialiste reconnu, dans sa publication sur les mégalithes de Bretagne aux éditions Ouest France une « aimable reconstitution », sans autre précision, ce qui induit en erreur le lecteur.
Le dolmen est en fait à l'origine un cairn qui dominait l'entrée de l'estuaire de la Loire non loin de l'ancien lit du Brivet. L'ingénieur et archéologue breton René Kerviler écrit à propos du “Dolmen” vestige d'un cairn - dans Armorique et Bretagne, recueil d'études sur l'archéologie, l'histoire et la biographie bretonne : « Dolmen du Prieuré, dans la nouvelle ville de Saint-Nazaire. C'est un immense trilithe, de deux mètres de hauteur et de 3,40 m de table, avec des débris de galerie couchés en arrière. On l'a conservé intact au milieu d'une petite place, au milieu d'un square ; et Saint-Nazaire est sans doute la seule ville qui possède un dolmen authentique dans ses murs. M. Carro en a donné deux lithographies assez exactes dans son Voyage chez les Celtes, Paris, Durand, 1857, in-8° ».
Pour nombre d'associations historiques nazairiennes, le cas du dolmen illustre les malheurs de l'archéologie préventive à Saint-Nazaire. Depuis la fin des années 1990, la quatrième ville de Bretagne a été prise d'une fière immobilière avec une absence générale de diagnostic archéologique sur les programmes situés en centre ville, dans des lieux où pourtant s'est formé le Saint-Nazaire le plus ancien. Pour mémoire rappelons qu'en 1911 [[Henri Quilgars]] dressa un inventaire des mégalithes du Pays de Guérande.
Pour Saint-Nazaire, il désigna 17 ensembles mégalithiques. G. de Saint-Loup précise qu'après la Seconde guerre mondiale, on peut cependant encore signaler : le tumulus du Pez, avec deux galeries, très ressemblant à celui de Dissignac ; il y a aussi les restes d'une allée couverte à Siril, dit la Pierre du Camp de La Piarde (il a été fouillé par Kerviler) ; Cuneix, et Ust, sont aussi des lieux qui n'ont jamais fait l'objet de fouilles, mais où on a repéré depuis longtemps des éléments néolithiques.
Plus plus de détails sur le dolmen de Sant-Nazer / Saint-Nazaire consulter le blog de G. de Saint-Loup : (voir le site)
Hubert Chémereau