Le révisionnisme de l'histoire bretonne d'Alain Croix

Communiqué de presse publié le 29/09/08 16:45 dans Histoire de Bretagne par Gilles Delahaye pour Gilles Delahaye

Suite à la parution de son livre «Bretagne entre Histoire et Identité» on voit des articles et des interviews d'Alain Croix un peu partout y compris dans l'Express où il affirme ce qu'on attend de lui, c'est-à-dire nier qu'il y ait jamais eu un État breton indépendant ou dans Presse-Océan où il nie que Nantes soit bretonne ou que Pétain soit à l'origine du premier découpage.

L'Express du 24 juillet 2008 : «Une question revient très souvent : la Bretagne a-t-elle été indépendante ?

Alain Croix : Ce débat est encore ouvert. Certains historiens estiment qu'il a existé, au XVe siècle, un duché indépendant, un État breton. Pour ma part, je pense que c'est un anachronisme [•••]»

Et pourtant, au XVe siècle et même bien avant, la Bretagne est un État indépendant avec les trois branches de gouvernement que prônera Montesquieu trois siècles plus tard : un exécutif représenté par le Duc et son gouvernement ; un pouvoir législatif représenté par les États de Bretagne ; et un pouvoir judiciaire indépendant. À ce sujet, dire, comme certains historiens le font, que la Bretagne n'était pas indépendante parce que les Bretons avaient le droit de faire appel au tribunal de Paris reviendrait à dire que la France n'est pas indépendante aujourd'hui parce qu'un Français a le droit de faire appel à la cours européenne de Strasbourg. Tout à fait ridicule.

L'indépendance du duché est prouvée par plusieurs douzaines de traités internationaux passés entre le Duc et des puissances étrangères comme la Suède, le Portugal ou l'Angleterre.

Pour la nation bretonne, la question ne se pose même plus dans la presse et les universités françaises. Pour un marxiste (Alain Croix est connu pour être ou avoir été un historien communiste, on ne sait pas s'il l'est toujours), la question n'est même pas posée car pour les marxistes, le concept de nation a été inventé par la bourgeoisie.

Des dizaines de millions de nationalistes baltes, ukrainiens et de toutes les anciennes Républiques et satellites de l'ex Union soviétique ont même été envoyés au goulag et à la mort au nom de cette supercherie bien pratique pour les empires. Les Bolcheviks ont ainsi massacré peut être 50 millions de «petits bourgeois nationalistes» principalement des pays satellisés. Le raisonnement qui aboutissait à la déportation ou au charnier genre Katyn, était toujours le même : «vous êtes un patriote du pays x, donc vous êtes un nationaliste, donc vous êtes un bourgeois, donc vous êtes un ennemi de la classe ouvrière, donc vous êtes un ennemi des soviets, donc on vous élimine». Être un historien communiste c'est en quelque sorte avoir contribué à ces théories fumeuses et donc à ces génocides qui, il faut le rappeler, ont continué jusqu'en 1989 en URSS et continuent toujours en Chine où les mêmes arguments sont toujours utilisés contre les nationalistes issus des minorités et en particulier au Tibet.

Avant 1789, il n'y aurait pas eu de nations

Avant 1789, il n'y aurait pas eu de nations selon les théories du matérialisme dialectique. Pratique pour les jacobins de tout poil. De l'eau à leur moulin devenu rouleau compresseur des nationalités et des minorités. Dans toutes les universités du monde ces pseudos historiens et autres apôtres du matérialisme dialectique ont été relégués aux poubelles de l'histoire avec leur idéologies. En France, c'est différent : on garde religieusement ces grands prêtres d'une histoire non-factuelle dans laquelle les faits sont tordus pour entrer dans le moule idéologique. On les entretient même. Ils sont instrumentalisés par les jacobins afin de nier l'existence de nations autres que la nation française; de minimiser le sentiment national dans l'histoire au profit du social avec de niaiseries du genre «le paysan n'appartenait à aucune nation» ou «le paysan ne savait même pas de quel pays il était». Tous les textes que nous avons prouvent le contraire. Le Dr Melennec a trouvé des tas de documents prouvant que les petites gens se sentaient et se disaient bretons. La vérité que les historiens pro-français occultent systématiquement c'est que le sentiment national a toujours existé en Bretagne, même quand le mot «national» n'existait pas encore.


Vos commentaires :
kerrain
Vendredi 22 novembre 2024
Je vous ai adressé un mail mais pour des raisons que j'ignore, ça n'a pas fonctionné. Celui-ci sera plus bref. C'est pour exprimer mon accord total avec votre jugement sur Alain Croix. Je le connais depuis 1972. C'était à l'époque un nationaliste échevelé. Rien d'étonnant à ce qu'il soit devenu non pas un révisionniste (le mot ne me paraît pas adéquat) mais un négationniste dans la ligne des grands mythologues de l'Histoire de France. Négationniste et désinformateur. Probablement que cet historien talentueux a reçu la mission de travailler pour la bonne cause. Encore plus dangereux que Françoise Morvan et déterminé à jouer le même rôle. Vous avez donc raison de dénoncer le travail de sape que fait et continuera de faire cet historien pour qui, en ce qui concerne la Bretagne, la vérité s'identifie avec l'utilité. Dans la bonne tradition léniniste qu'il a si bien assimilée. A wir galon FK

PRIGENT Michel
Vendredi 22 novembre 2024
Il est difficile de départager l'«internationaliste marxiste» Alain Croix du «chauvin nationaliste» Max Gallo dans leur pouvoir de nuisance à l'égard des «minorités nationales» reconnues et définies explicitement par des instances internationales. Ce Max Gallo que l'on vient de voir à la fin de l'émission «Planète» d'Etienne Leenardt sur France 2 ce lundi soir 14 oct., et qui toujours égal à lui-même, en dépit de la globalisation, de l'impérieuse nécessité d'une Europe Fédérale continue à préconiser de «ne pas oublier la Nation», se gargarisant que du fait de sa «situation géopolitique», la France est incontournable en Europe, et se félicitant d«un »regain national en Europe depuis 20 ans«. Il admet quand même que »la France éternelle (!) doit apprendre à jouer collectif«. Il est dommage pour Max Gallo que son bel optimisme soit battu en brèche par le contenu de l'émission, (qu'il n'a sans doute pas vu au préalable), diffusé avant son interview. En effet, cette émission est accablante pour le prestige et la grandeur de la France dont le déclin s'accélère dans le Monde. Pour abréger (j'ai pris une page de notes), je citerais, les chapîtres de l'émission: -»Arrogante solitude« -»France, combien de divisions« -»Les Ambassades de la République« -»Toi, parler français«. Un véritable réquisitoire: La place de la France dans le Monde (pays émergents surtout), au Conseil européen (lobbying inexistant), défense Nationale inopérante, francophonie en chute libre (en Afrique de l'Ouest notamment). Et pour couronner le tout, la chanson de Michel Sardou »Le temps béni des colonies«, accompagnant le générique de fin d'émission, résonne comme le »chant du cygne" en guise d'estocade.

Luc Guihard
Vendredi 22 novembre 2024
J'ai participé à quelques conférences de Monsieur Croix il y a quelques années dans le cadre de l'association «Nantes Histoire», et je suis surpris des propos qu'il tient aujourd'hui au sujet de la Bretagne. Il me semblait être un historien très objectif, tentant de nous donner un aperçu de la vie des petites gens aux différentes époques évoquées. J'ai en ma possession sa thèse Bretagne aux XVIème et XVIIème siècle - La vie, la foi, la mort«, où la majeure partie de ses sources ont été puisées autour de Nantes, et il met aujourd'hui en doute le sentiment Breton de cette même population nantaise ! Récemment, dans un article, il minimisait l'importance de la résidence ducale de Nantes, une parmi tant d'autres, et le rôle de la ville dans l'histoire de la Bretagne, minime par rapport à celui de Rennes et de son parlement. Il revenait sur sa vision de »l'étranger Breton à Nantes«, omettant de préciser que dans l'ensemble de la Haute-Bretagne gallophone, le bretonnant était perçu comme différent, et que l'inverse était vrai également (quelques chansons traditionnelles se moquant des uns et des autres l'attestent). J'ai croisé, lors d'une visite du Château des Ducs, Monsieur Croix en famille, où il insistait constamment sur l'aspect non breton de ce bâtiment ... Bref, je suis un peu déçu par un homme que je pensais défenseur de notre culture, mais qui aujourd'hui, sous couvert de rétablir une certaine réalité de choses, une région nantaise ouverte, accueillante, aux visages variés parce qu'influencée par les terroirs voisins, en déduit tout simplement qu'elle ne peut pas être bretonne ! Quelle est donc pour lui cette Bretagne dont il se fait fort de connaitre la réalité ? Sans cesse, cette question de Nantes en Bretagne est combattue par de faux prétextes, et Monsieur Croix est devenu un champion en la matière ! Pour lui, l'attachement à la Bretagne ne daterait à Nantes que du XXème siècle, avec la vogue de la musique celtique des années 70, une lubie en quelque sorte, de quelques illuminés ne reposant sur rien ! Quelle mouche a donc piqué Alain Croix ? Tout cela semble bien orchestré et depuis la réouverture du Château des Ducs de Bretagne, de nombreux articles relativisent voire démentent l'appartenance de cette forteresse à la Bretagne. On dirait que ce symbole devient très gênant tout à coup, parce que bien plus visible ! Alors que faire ? On a bien essayé de la débaptiser, mais ça se serait vu ! Alors on a préféré rester dans le flou, on parle du »Château des Ducs« sans précision de quoi (des Pays de Loire ?), on se limite à la précision »résidence des rois de France à compter du XVIème siècle« (et avant ?), on en fait les derniers des »Châteaux de la Loire" ... Les ouvrages de la librairie sont soigneusement sélectionnés, pour qu'ils ne fassent pas d'ombre à la Région des PDL, et relèguent l'histoire bretonne de Nantes à un lointain passé ... et les collections du Musée présentent un malheureux biniou et une coiffe bretonne pour toute référence à la Bretagne ! Quand tout cela est relayé par un historien reconnu comme Alain Croix, ce n'est que du bonheur pour tous ceux qui cherchent à minimiser l'attachement de la région nantaise à la Bretagne.

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