Le requin d'avril ?

Communiqué de presse publié le 1/04/12 17:01 dans Sport par Vincent Borde pour Vincent Borde
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Communiqué de presse du 1er avril 2012 à 15 h 31


En ce 1er avril, les canulars ne sont pas à l'ordre du jour patagon : les changements rapides et radicaux des conditions météorologiques laissent entendre que l'heure est au choix stratégique. Et si, tel un squale, les Américains ont fondu sur leur proie Groupama 4 ce dimanche midi, il y a probablement une échappatoire avec l'arrivée d'une bulle anticyclonique pile sur la route du Brésil...


La remontée vers Itajaí ne sera pas de tout repos : les conditions météorologiques changent rapidement le long des côtes argentines qui, avec la cordillère des Andes, séparent deux grands ensembles océaniques et climatiques : le Pacifique avec des dépressions australes qui butent sur le relief escarpé du Chili, et l'Atlantique qui accueille les perturbations créées au Sud du Brésil à cause de la chaleur du continent pour les propulser vers les Quarantièmes Rugissants. Il y a donc beaucoup de mouvement de masses d'air et par conséquent, beaucoup d'alternance entre des mini dépressions qui se forment localement entre la Terre de Feu et le Rio de la Plata, et des bulles anticycloniques qui prennent le relais lorsque ces perturbations se creusent et partent vers l'Afrique du Sud...

S'adapter en permanence...

Ainsi depuis le passage du cap Horn vendredi à 15 h (heure française), Groupama 4 a navigué dans du vent modéré (15 noeuds) de Nord, tournant au nord-ouest en forcissant (20 noeuds) avec rafales, puis passant éphémèrement au Sud-Ouest en mollissant franchement (8 noeuds) avant de s'orienter au sud-est (12 noeuds) puis à l'Est... Et depuis samedi midi, la brise a continué à osciller avec du sud-ouest (12 noeuds), se renforçant à 25 noeuds pour mollir ce dimanche matin à 15 noeuds avant de tomber complétement en fin de matinée (5 noeuds) en basculant au sud ! On imagine que l'activité sur le pont n'a pas cessé pour changer rapidement la toile et si les Américains ont ainsi pu combler leur retard depuis le passage de l'île des États, c'est que les conditions météorologiques étaient assez différentes alors que les écarts en distance et en temps restaient faibles.

Et ce rythme permanent d'adaptation de la voilure risque fort de ne pas s'arrêter avant le Brésil : la succession de phénomènes climatiques sur la route des duellistes va imposer une réactivité de tous les instants avec sans aucun doute, des changements de hiérarchie en tête au gré des calmes ou des brises nouvelles. De fait, Franck Cammas et ses hommes ont perdu le leadership ce dimanche matin, mais les trajectoires qui avaient convergé au niveau des Falkland se sont de nouveau séparées. Groupama 4 s'est décalé de vingt milles à l'Ouest de Puma et s'il y a moins de vent en cette fin de week-end plus près du continent, c'est par ce côté que la nouvelle brise va arriver en s'orientant au Sud-Sud Ouest à plus de vingt noeuds.

Le puma de la pampa

Est-ce parce que le puma est très répandu en Argentine, même dans la cordillère des Andes jusqu'à plus de 5.000 mètres, que les Américains ont retrouvé leur agilité ? De fait, Ken Read et son équipage ont fort bien joué depuis leur sortie du détroit de Le Maire. Mais c'est probablement en début de semaine que le duel va encore plus s'intensifier : il ne devrait pas y avoir trop de décalage latéral, mais des micro options qui vont créer du yo-yo... Car dans un premier temps, il faut aller au devant du vent, puis ensuite se déporter vers le large pour bénéficier le plus longtemps possible de cette veine de brise portante d'une bonne vingtaine de noeuds.

Une bulle anticyclonique va ensuite s'installer dans l'est du Rio de la Plata en grossissant : il ne va pas être facile alors de choisir la bonne trajectoire car près des côtes argentines, c'est un flux de Nord donc contraire, qui va souffler en début de semaine ; mais comme les hautes pressions s'écartent aussi du continent, elles vont bloquer le passage par le large avec le risque de faire un très grand tour pour ne pas tomber dans le centre, là où le vent fait défaut. La première solution est plus courte mais impose du louvoyage dans de la brise forte et s'avère aussi plus conservatrice dans la mesure où les changements météorologiques viennent par l'Ouest. La seconde solution est plus facile à vivre dans un premier temps avec du vent portant, mais peut se transformer en piège si l'anticyclone continue à s'étendre les jours prochains...

Position des concurrents de la Volvo Ocean Race sur la cinquième étape Auckland - Itajaí à 13 h UTC (15 h heure française) le 1er avril 2012

1. Groupama 4 à 1.354 milles de l'arrivée ;

2. Puma - à égale distance du but que Groupama 4 ;

3. Telefonica - à 333,9 milles du premier ;

4. Camper - à 1.503 milles du premier (se dirige vers le Chili pour réparer) ;

5. Abu Dhabi - à 1.781,9 milles du premier ;

Team Sanya - DNF (abandon dans l'étape 5).


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