D'après Ifremer la température des 300 premiers mètres de l’océan a augmenté de 0,3°C depuis 1950, mais contrairement à ce qu'on pense le réchauffement des océans a commencé il y a 135 ans
Ce phénomène a des conséquences sur la fonte des glaces et l'élévation du niveau de la mer, comme on le sait, mais aussi sur les aires géographiques des espèces marines et l'équilibre écologique de ces milieux. La température moyenne et la salinité de l'eau sont affectées, mais aussi important, la concentration d'oxygène dans l'eau de mer. Même si la biodiversité reste quasi intacte dans les océans malgré la déplétion de certaines espèces, le réchauffement de la mer provoque des migrations vers le Nord.
Dans un article publié en 2015, Ifremer avait explicité les trois variables physiques en cours d'évolution : « Réchauffement, acidification, baisse de la concentration en oxygène : ces phénomènes ont des conséquences directes sur l’habitat des espèces et sur les écosystèmes océaniques. En réponse à ces changements environnementaux, les espèces s’adaptent ou migrent vers de nouvelles zones… ce qui n’est pas sans conséquences sur leur développement, leur survie ou sur la chaîne alimentaire ».
Les pêcheurs du littoral breton sont les témoins directs de ces mutations. Les pêcheurs à pied en Cornouaille et ailleurs ont constaté par exemple l'arrivée massive de poulpes sur le littoral sud de la Bretagne et même dans la Manche jusqu'à Saint-Malo. L'octopus vulgaris est une espèce méditerranéenne qui peut peser jusqu'à 5 kg. Les pêcheurs à pied en trouvent cette année dans les mares, à marée basse. Une des conséquences constatées par les pêcheurs est la quasi disparition des étrilles sur l'estran, car les poulpes se nourrissent souvent de crabes et même de jeunes araignées de mer. Au fond du trou où le pêcheur met la main, ou son crochet pour les moins courageux, il peut y avoir un poulpe au lieu d'une étrille !
Toujours d'après Ifremer, la prolifération des algues vertes sur les côtes bretonnes n'est pas due uniquement aux rejets de nitrate dans les eaux littorales par l'agriculture mais le réchauffement de la mer y est aussi pour beaucoup.
Autre invasion : les sargasses. Ces algues brunes dont le nom vient de la mer des Sargasses aux Antilles, seraient à l'origine venues du Japon. Elles ont pu être rejetées dans nos eaux lors des vidanges des ballasts des gros cargos et des pétroliers dans le rail d'Ouessant. Une autre théorie : elles auraient été importées avec des huîtres japonaises dans les années 70.
Les sargasses semblent proliférer de plus en plus sur les côtes bretonnes y compris dans l'archipel des Glénan et récemment dans le Golfe du Morbihan et la rivière d'Etel. On la trouve aussi en Pays bigouden. Les sargasses inquiètent car l'échouage massif de sargasses sur les plages en Martinique et en Guadeloupe fait fuir les touristes aussi vite que les marées vertes en Bretagne. Les scientifiques espèrent que cette espèce exogène trouvera une place raisonnable sur les plateaux d'algues bretonnes qui comprennent déjà plus de 700 espèces différentes.
■*quand je dis potentiel maritime, il ne s'agit pas pour moi d'aller faire en mer ce que l'agriculture a fait sur terre. Si cela avait été le cas, je préfère qu'elle reste là où elle est : un EHPAD en devenir.