Le Peuple des Dunes résiste aux pressions du cimentier Lafarge et précise sa stratégie

Communiqué de presse publié le 23/05/08 20:13 dans Environnement par Alain Bonnec pour Alain Bonnec
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Le Peuple des Dunes résiste aux pressions du cimentier Lafarge et à ses tentatives de diviser le mouvement de défense de la baie d'Étel contre l'extraction de sable marin


Préliminaire, le mot du président du Peuple des Dunes, en conclusion de la réunion tenue avec les associations :

Ce refus de répondre à l'invitation de M. Collonge ne peut être interprété comme un refus de dialogue car nous sommes envahis de leurs arguments et des échanges ont déjà eu lieu avec Lafarge, dans les années récentes et également plus près de nous, que ce soit lors de la cérémonie d'ouverture du site ouvert par le préfet sur le PER, que ce soit lors du comité de suivi, que ce soit même lors de l'opération au Géant de Lanester. Ce que nous dénonçons, en revanche, c'est cette tentative grossière de division de notre mouvement, pratique usuelle chez les manipulateurs, qui pensent pouvoir nous désolidariser en traitant un à un nos différents partenaires. (voir le site) , page où se trouve copie de la lettre du 3 avril, de M. Collonge aux associations.

Et à cette tentative de manipulation, nous ne pouvons que répondre par le mépris et le refus de nous compromettre. C'est du moins le sens de cette décision collective. Et je crois qu'il n'y a aucun risque que cela se retourne contre nous car notre force, notre seule force face à ce géant, c'est cette capacité que nous avons à mobiliser la société civile et à mettre sur une plage des milliers de personnes. Et ils le savent.

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Compte rendu de la réunion du collectif Le Peuple des Dunes 9 mai 2008, salle Éric Tabarly, à Gâvres


Le président André BERTHOU ouvre la séance en annonçant les points à l'ordre du jour :

  • la réponse à apporter au démarchage des associations opéré par lettre par le groupe Lafarge ;
  • la détermination des manifestations à venir.

    Il passe la parole à Jean GRESY pour faire un point d'information sur les évènements qui se sont déroulés depuis la réunion du 22 février dernier qui avait pour finalité de préparer une rencontre avec les élus.
    1 — Bilan des actions depuis la réunion du 10 mars Un site internet dédié au PER sud Lorient a été créé par le préfet du Morbihan, financé par l'argent du contribuable. Sur ce site est annoncée une information actualisée, objective et complète, ce qui constitue, outre une contre vérité avérée, un véritable déni de démocratie puisqu'aucune information n'est donnée sur les recours juridiques contre le projet, sur les délibérations des 13 conseils municipaux du littoral dunaire qui se sont prononcés contre le PER, ni même sur le Peuple des dunes lui-même, puisqu'enfin, aucun des arguments de nos scientifiques n'est repris. Le site entier est donc réservé à la propagande du cimentier. Le Peuple des dunes a écrit au préfet du Morbihan, le 29 février 2008, pour s'émouvoir d'une telle initiative, en lui disant notamment : « Je vous demande de bien vouloir faire en sorte que ce site, financé par les contribuables, soit réellement objectif, c'est-à-dire respecte le principe du contradictoire avec une parité de l'espace réservé au pétitionnaire et aux opposants à ce projet. À défaut du respect de cette exigence démocratique, ce site procède d'une politique de désinformation et va donc à l'encontre du but que vous dites vouloir poursuivre. » Le Peuple des dunes a donc engagé une procédure de référé liberté devant le TA de Rennes le 13 mars 2008, en l'absence de réponse du préfet, à cette date. Il était notamment soutenu que le principe du caractère pluraliste de l'expression des courants de pensée et d'opinion est affirmé par l'article 1 de la loi n°86-1067 du 30 septembre1986 modifiée, sur les communications audiovisuelles et communications électroniques et rappelé par la loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique. Jugé en 48 heures, il a abouti à un rejet, au motif que « s'il incombe à un service de l'État de respecter les obligations d'impartialité qui s'imposent à toute autorité administrative à l'occasion de la mission de diffusion d'informations qu'elle est amenée à exercer, (…) », l'absence de réponse du préfet au recours préalable laisse intacts les droits à recours du collectif sous une forme autre qu'un référé d'urgence. Quant au Préfet, il a répondu le 1er avril 2008 qu'il ne comprenait pas notre indignation puisque nous-mêmes nous disposions d'un site propre. Plus grave à ce stade, il a précisé : “J'attire votre attention sur le fait que ma démarche est analogue à celle d'une enquête publique dont l'objet est d'informer le public et de recueillir préalablement ses appréciations, suggestions et contre propositions, afin de permettre à l'autorité compétente de disposer de tous les éléments nécessaires à son information.» L'ambiguïté de la formule et son caractère non juridique dont on espère qu'elle ne masque un ersatz d'enquête publique, doit nous inciter à aller sur le site pour protester.” Jean-Yves LEBAHY conforte ce propos, en faisant état du fait qu'il a publié, le 22 février dernier, dans le journal Bretons, un article scientifique de référence, qu'il a adressé au préfet. Ce dernier n'a pas jugé bon de le mettre sur le site. Il est question, sans certitude à ce stade, que J.-Y. Lebahy soit convié à présenter ses thèses lors du prochain comité de suivi du PER SUD Lorient. Il souligne l'absence de neutralité des services de l'État, dans la gestion du dossier. Un matraquage en termes d'information/propagande Aux yeux de Jean GRESY, tous ces éléments convergent vers un même constat, symptomatique de toute la philosophie d'action du groupe Lafarge et des pouvoirs publics qui le soutiennent désormais ouvertement, soit une volonté sans précédent d'occuper le terrain de la communication tous azimuts. Le groupe Lafarge a toujours feint de considérer que notre colère ne pouvait s'expliquer que par un manque d'information, d'où le matraquage systématique, par des voies différentes, chaque fois que l'une d'entre elles le menait dans une impasse :
    — achat de pages entières dans Ouest France ;
    — tentative d'installation d'un stand au festival interceltique ;
    — tentative d'informations sur un stand au magasin Géant de Lanester ;
    —demande enfin au préfet d'ouvrir un site dédié à leur projet. C'est dans le même sens que s'inscrit l'interview de Bernard Laffont, P.-d. g. de Lafarge, dans Libération, le 2 avril 2008, lorsqu'au détour d'une de ses éternelles professions de foi sur son attachement au développement durable, à une question posée sur la PER Sud Lorient, il a répondu : « Tout le monde doit être convaincu que ce projet a un intérêt. ». Dès lors, faut-il remettre au préfet les 20 000 pétitions réunies par le Peuple des dunes, car, comportant mention de l'adresse des pétitionnaires, ne risquent elles pas de servir de bases nouvelles de communication pour Lafarge qui pourrait démarcher chacun d'eux ? Mais il faut continuer à occuper le terrain (voir point 3), sachant par ailleurs que les deux recours contre l'ancien PER sont toujours pendants devant le TA de Rennes.


    2 — Réponse à la demande de Lafarge de rencontrer les associations du Peuple des dunes Le dernier avatar du groupe Lafarge, dans cette stratégie de communication / propagande, est donc cette action de démarchage de Didier COLLONGE, personne recrutée spécifiquement pour faire accepter le projet d'extraction par la population. Par lettre envoyée à chaque association, il demande à les rencontrer, en réaffirmant que ce projet n'aura aucune incidence sur le cordon dunaire et les plages qui le jouxtent. Cette démarche semble d'autant plus scandaleuse, aux yeux des participants, qu'elle s'inscrit sans vergogne peu de temps après que le littoral et la population ont été durement affectés par la tempête du 10 mars, et notamment la presqu'île de Gâvres. À la question posée de savoir si cette catastrophe pouvait renforcer notre argumentaire sur la fragilité du littoral, les réponses ont toutes convergé dans le même sens : — Yves LEBAHY estime que la catastrophe est la concrétisation d'un dégraissement qui montre l'extrême fragilité du système dunaire. Si Lafarge, par ce projet d'extraction d'envergure, réduit encore les capacités de transit sableux sur le littoral, les risques seront encore renforcés dans un système où les équilibres naturels sont eux-mêmes en rupture. — Le maire de Gâvres, Dominique LE VOUEDEC partage ce sentiment que le déficit de sable a été un élément déclenchant de cette catastrophe et que cet argument peut servir très fortement notre dossier. Sans entrer dans un débat sur la nature des actions engagées par les élus, qui ne s'inscrivait pas dans notre ordre du jour, le maire a toutefois souligné l'importance des réponses tant matérielles que psychologiques qu'il convient d'apporter à la population, face à un tel sinistre. Les participants lui ont rendu hommage pour son investissement face à un tel fléau et sa détermination à empêcher qu'il ne se reproduise à l'avenir. Le débat sur le fond du dossier d'extraction de sable a été à nouveau ouvert et le travail des scientifiques sur le sujet, y compris l'action de coordination conduite par Jean Louis GUÉDEU, ont été rappelés. Ainsi ont été pointées à nouveau deux contre vérités fortes des scientifiques appointés par le groupe Lafarge : — le rôle prétendument protecteur de la barre rocheuse qui empêcherait les mouvements de sable de la zone d'extraction vers la plage ; — l'idée que les vagues n'ont pas d'effet en dessous de 15 mètres. Jean Pierre Le Visage a plongé sur le site et fait des constatations qui démontrent le contraire.
    Il a été souligné dans la salle qu'on assistait à une véritable logique d'exploitation quasi coloniale de la Bretagne en matière de ciment : 10 tonnes par an et par habitant sur tout le territoire national, 12 tonnes par an et par habitant en Bretagne qui fournit, au-delà de ses besoins propres, les autres régions. Certes, il faut du ciment mais comment accepter que les pouvoirs publics répondent aux exigences d'un pétitionnaire sans mise en perspective politique de quantités d'extraction au niveau du territoire national ?
    Suite au tour de table sur le point de savoir s'il fallait apporter une réponse individuelle ou collective, au nom du Peuple des dunes, à cette lettre de D. COLLONGE, à l'unanimité des présents qui se sont exprimés, une demande de réponse collective a été faite. Elle sera proposée par courriel, pour validation, dans un délai de 8 jours.
    3 — Les manifestations à venir La stratégie du Peuple des dunes a été à nouveau affirmée. Elle consiste à tisser sa toile de plusieurs façons : il s'agit de poursuivre à la fois le combat juridique, l'investissement scientifique, les contacts politiques, notamment avec les élus et le président du Conseil régional, étrangement silencieux sur ce dossier, mais aussi la mobilisation de la société civile. C'est là notre force que personne ne peut égaler. Nous avons pu mettre 14 000 personnes sur une plage au mois de mars 2007 ; nous pouvons en mettre le double bientôt, lors d'une manifestation qui aurait du sens pour nous tous et qui nous mobilise. Le Peuple des dunes dispose de cette formidable aptitude à rassembler, à unir des citoyens exaspérés par ce déni de reconnaissance de leurs besoins vitaux et par ce déni de démocratie. Lui seul peut le faire et non Lafarge, ni les pouvoirs publics malgré tous leurs efforts de communication.
    Dans cette perspective, plusieurs opérations ont été proposées : D'un point de vue festif :

  • Un fest noz pendant la période d'été ;
  • L'intégration d'un moment Peuple des dunes dans chacune des manifestations organisées par les associations du collectif au cours de l'été, avec présentation du drapeau du Peuple des dunes. Cela suppose de se répartir la sensibilisation des associations au vu du calendrier proposé ;
  • Enfin, au début de l'année 2009, l'organisation d'une grande chaîne humaine de Gâvres à Penthièvre, devant le cordon dunaire, avec installation de 5 Q. G. à Gâvres, Plouhinec, Etel, Erdeven et Penthièvre. Nous nous tiendrons tous par la main tout au long du littoral pour montrer notre détermination à protéger notre patrimoine commun. D'un point de vue politique
  • Remise des 20 000 pétitions au préfet de région, en nombre suffisant pour montrer notre détermination pacifique devant la préfecture ; rendez-vous également avec le président du Conseil régional, au moment où la charte du littoral se met en place ;
  • Blocage du port du Rohu pour protester contre le déchargement du sable de mer et soutenir le recours déposé contre le permis de construire d'un nouveau quai de déchargement à cet endroit obtenu par le groupe Lafarge ;
  • Présence du Peuple des dunes, lors du comité de suivi au cours duquel J.-Y. LEBAHY pourrait exposer nos arguments scientifiques ou négociations avec les élus pour qu'ils boycottent le comité.


    Ces diverses actions ont fait l'objet de discussions nourries mais aucun calendrier n'a été définitivement arrêté.
    Le président invite les participants à poursuivre la discussion autour d'un verre de l'amitié.

    (voir le site) du nouveau blog du Peuple des Dunes.


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