Le Perchoir des Anges : une exposition à vous couper le souffle !

Compte rendu publié le 13/09/13 19:56 dans Patrimoine par Philippe-Guy Charrière pour Philippe-Guy Charrière
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Le photographe Roland Petit à l'exposition de photos Le Perchoir des Anges

Devant l'exposition photographique de M. Roland Petit, on est en face de quelque chose d'inhabituel.

Kinésithérapeute de profession, ce photographe averti qui ne se veut qu'amateur est également un mélomane accompli et un fervent des orgues. Cette passion remonte à l'enfance parisienne de ce breton d'adoption, à l'époque où il fréquentait la paroisse de La Trinité. Admirateur des orgues baroques mais aussi des compositeurs contemporains tels Olivier Messiaen (organiste à l'église de La Trinité à l'âge de 22 ans) et Marcel Dupré. Encore aujourd'hui, il va régulièrement à Paris où il conserve de nombreux amis dans le monde de l'orgue, en particulier à la cathédrale Notre-Dame, retrouvant ainsi Olivier Latry ou encore Philippe Lefebvre pour des partages musicaux amicaux et complices.

«Le plaisir artistique est important», déclare-t-il sans ambages. Une telle exposition permet aux visiteurs de «découvrir un instrument auquel habituellement ils tournent le dos».

Amoureux de la Bretagne, personne ne s'étonnera que les photos d'art présentées concernent en très grande majorité des orgues bretons. Ceux dont les buffets possèdent des anges sont bien mis en valeur, thème d'exposition oblige. Y ont été ajoutés les orgues de l'abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux, refaits selon le modèle du bénédictin Dom Bedos de Celles dont le traité L'Art du facteur d'orgue, publié de 1766 à 1778 et plusieurs fois réédité depuis, reste un incontournable du genre pour tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin au monde de l'orgue. Et l'orgue Cavaillé-Coll de l'abbaye Saint Ouen de Rouen.

Tout un groupe de photos concerne les orgues de Thomas Dallam, anglais et catholique, réfugié en Bretagne avec sa famille en raison des persécutions religieuses de son pays. Caractéristique : toujours un des éléments du buffet en forme de proue de navire. Pleyben, Ergué-Gabéric, Guimiliau, Saint-Pol de Léon... la qualité des photos mettent tellement en valeur les instruments qu'on a vraiment l'impression de les découvrir pour la première fois.

D'autres aspects de l'orgue sont mis en avant : gros plans sur les claviers, les mécanismes qu'on de voit jamais, les tirettes innombrables pour le néophyte, les sculptures parfois surprenantes et inattendues, d'autant plus qu'à cette hauteur, peu de monde les voit. Beau témoignage de la conscience professionnelle des artisans d'autrefois.

Et puis, il y a les photos à effets. Là encore, le travail est remarquable. Flous, superpositions, couleurs... rien de manque, et tout est beau. Oui, beau. Et attachant. Certains visiteurs sont restés littéralement scotchés plus de 20mn sur certaines photos présentées. C'est dire que le déplacement vaut le coup.

La façon de travailler de l'artiste est impressionnante. «Je travaille à l'ancienne, mécaniquement. Toujours au pied, au temps de pose et à la lumière naturelle le plus possible». Pour celles et ceux qui croyaient qu'il utilisait des projecteurs... c'est loupé !

Et pour ces photos qui représentent superposés des tuyaux d'orgue et des partitions colorées ? Montage informatique sans doute et utilisation de calques ? Pas plus. «Je travaille uniquement avec mon appareil qui permet de superposer deux photos. Celle-ci, par exemple, a été faite de cette façon : j'ai placé une partition dans l'église de manière à ce qu'elle reçoive un éclairage coloré des vitraux. J'ai pris une première photo. Puis j'ai photographié les tuyaux d'orgue en superposant les deux images». Le tout dit avec une simplicité rare et une réelle modestie. Le résultat, quant à lui, est époustouflant.

L'appareil, un D700, est complété par plusieurs objectifs : un grand angle, pour les photos dans les orgues ; un 24-120 et un 80-200 pour le reste.

Bien sûr, recadrage si nécessaire et utilisation de Capture NX2 logiciel Nikon pour peaufiner le tout.

Comme si cela ne suffisait pas, Roland Petit écrit en outre des poésies, dont certaines, agrémentées de ses photos, ont déjà été éditées.

C'est donc un humaniste, au sens où la Renaissance l'entendait, qui vous accueillera in situ pour peu que vous vous donniez la peine d'aller y voir.

L'exposition, en lien avec Plouharnel en Arts et permettant aussi de faire connaître le projet de construction d'un nouvel orgue pour l'abbaye des moines bénédictins de Kergonan (27 jeux, 400000 euros), devait s'achever le 15 septembre 2013. Elle est finalement prolongée jusqu'à la fin du mois, en raison du nombre de visiteurs qui continuent de passer. Le souhait de Roland Petit est de recevoir ensuite les scolaires, sur rendez-vous, début octobre. Puis l'exposition sera à nouveau visible durant trois semaines à la chapelle du bourg d'Arradon, à côté de Vannes (Bretagne Sud), du 21 décembre 2013 au 12 janvier 2014, dans le cadre de la rénovation de l'orgue d'Arradon.

Les Journées européennes du Patrimoine, les 14 et 15 septembre, sont l'occasion ou jamais d'aller voir cette très belle exposition. Faites-vous plaisir !

Adresse :

Abbaye Sainte Anne de Kergonan

56340 Plouharnel (Morbihan)

Accès libre, l'après-midi, de 15h00 à 17h30 en semaine, de15h00 à 16h30 le dimanche.

Prolongée jusqu'au 20 septembre 2013

Philippe-Guy Charrière


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