Réuni dimanche en assemblée générale à Carhaix, le Mouvement Bretagne & Progrès a décidé de changer de nom et s’appelle désormais « Pour la Bretagne – Breizh war-raok ».
Ce changement de nom correspond à la nécessité de placer au centre des débats la capacité pour la Bretagne de décider elle-même, d'assurer son avenir par de nouvelles richesses
dans les nombreux secteurs à potentiel de l’économie bretonne, partager le progrès social, assumer une écologie responsable, renforcer la démocratie.… car si tout le monde est
sensible aux problèmes de sécurité routière par exemple, il est anormal que Paris décide seule du bien fondé de réduire la vitesse à 80 km/h sur l'ensemble des routes secondaires
bretonnes d'une façon unilatérale alors que la Bretagne, sur son territoire, aurait dû avoir son mot à dire, adapter la règlementation sur les secteurs vraiment dangereux et réaliser
des travaux là où cela est nécessaire. Un exemple qui démontre la nécessité d’une nouvelle gouvernance régionale où la Bretagne sera plus autonome dans le but de disposer de plus d'outils de décision et d'autonomie fiscale.
Un cap essentiel pour l’avenir commun des Bretons a été adopté et défini pour le moyen terme visant à obtenir une assemblée de Bretagne, collectivité unique réunissant le Conseil régional et les Conseils départementaux avec ce pouvoir législatif et fiscal indispensable s’inscrivant dans le cadre de la réunification de la Bretagne.
« Pour la Bretagne » a renouvelé son Conseil d’administration et son Comité stratégique. Christian Troadec, Maire de Carhaix et Conseiller départemental en est le porte-parole, André Lavanant le président, Yves Brun le trésorier et Didier Tocquet, Secrétaire.
■Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément. Boileau.
Selon le «principe de subsidiarité» européen dont la République encore centralisée ne respecte pas l'esprit - tout en faisant comme si dans la forme - les Régions en général et la Bretagne en particulier doivent bénéficier d'un «home-rule» décomplexé et serein, à l'image de tous les Lânder, Généralités et autres nationalités historiques des pays qui nous entourent.
Le régionalisme pusillanime et servile de «l'Oncle Tom breton» n'est plus de saison quand on voit qu'il peut conduire au mépris de la démocratie représentative comme lors des votes régionaux téléguidés de 2014, pour empêcher la réunification bretonne à laquelle aspire pourtant une majorité de la population. On vient d'ailleurs de voir ces jours derniers se reproduire, à l'Assemblée Nationale, la même pratique de vote forcé par l'Etat Major partisan, sous peine d'exclusion du récalcitrant ayant osé penser différemment.
Jolies pratiques. On progresse ...
Il s'agit au contraire de responsabiliser enfin les territoires et leurs habitants en leur confiant «les pouvoirs et les devoirs» de leur niveau et auxquels ils ont droit, au lieu de les laisser voir tout tomber d'en haut comme des averses ou des chutes de grêle, sans plus de possibilité d'intervenir que des serfs car souvent même en effet sans qu'ils aient «leur mot à dire» !
Il faut donc regarder l'évolution de nos voisins européens ou canadiens qui, soit gèrent des budgets régionaux proportionnellement 20 ou 30 fois supérieurs au nôtre, à moins qu'ils ne prélèvent eux-mêmes - comme en Euskadi - les impôts sur leur territoire, à charge pour eux de gérer leur budget en réservant une part (de l'ordre de 10%) pour les devoirs régaliens de l'Etat Central (défense, diplomatie, renseignement, péréquation inter-régionale, contribution européenne etc...).
La Bretagne a géré son propre budget pendant plus de mille ans, d'abord en pleine souveraineté puis en autonomie, sa chancellerie luttant constamment dès lors pour limiter les appétits de Versailles, avec les déperditions que l'on peut imaginer. Sous Louis XV, la moitié du riche produit versé au pouvoir royal par une Bretagne industrieuse et administrée à l'économie, partait en fastes de cour, banquets, spectacles, bals costumés, feux d'artifice et innombrables réjouissances et frivolités versaillaises.
Aujourd'hui comme hier, un Etat central pourtant largement déficitaire et nullement exemplaire, continue à se prendre pour Versailles en centralisant les rentrées encore plus qu'alors, et en redistribuant à sa guise (Morvan Lebesque disait : «en octroyant») leur pitance à des Régions sous tutelle qu'il refuse de laisser s'organiser elles-mêmes, ayant tout simplement trop à y perdre pour changer sa logique centralisatrice, laquelle, par définition, profite plus au centre qu'aux périphéries.
Et nous qui tardons à nous organiser pour avoir plus que notre mot à dire : pour obtenir enfin nos droits démocratiques de citoyens européens ...
A quand le rassemblement de tous les élus bretons issus de ces organisations ?
Quelle est votre stratégie, à long terme, en matière électorale:
-Européenne 2019,
-Municipale 2020 surtout et en priorité.
Quelles actions «physiques visibles» allez vous entreprendre sur le terrain ,à commencer par la Loire Atlantique ,l'Ille et Vilaine,...?
Relancer l'idée d'une marche ,soit sur le Canal de Brest à Nantes,soit aux villes des marches de Bretagne.
Et vous?
Si nous arrivons à bâtir une telle plateforme, un telle base, un tel noyau, un tel ferment, nous jetterons les bases d'un mouvement comparable à ceux des régions qui, contrairement à la Bretagne, sont arrivées politiquement à quelque chose, non seulement en Europe ou au Canada, mais également dans le cadre de la République jacobine.
Après, en raison de la conjoncture actuelle, cela peut aller vite, en commençant par nous faire décoller des scores confidentiels à l'échelle régionale.
L'illusion alternative des grands (ou désormais ex-grands) partis hexagonaux a fait son temps, il faut je crois s'en rendre compte. Y compris en tant que protecteurs intéressés de telle ou telle mouvance, naïvement réjouie par l'octroi d'un strapontin qui jamais ne se change en fauteuil.
En promettant quelques miettes pour agrémenter leur jacobinisme aux ordres de leurs états-majors centralisés, ils se seront finalement montrés aussi chiches que les pêcheurs de la rivière chinoise Guillin envers leurs cormorans éternellement entravés, lesquels, après des heures de labeur et des kilos de poisson rapportés au maître, reçoivent le soir venu pour tout salaire un misérable poissillon jeté à la volée.
C'est en effet le but, afin de ne plus se cantonner à ce que les hexagonaux nous abandonnent volontiers : «la défense de la bretonnité» (trop souvent encore perçue comme le vestige d'un passé condamné à terme) en se réservant jalousement ce qui fait voter le grand nombre : l'emploi, le développement économique, le social, la fiscalité, les subsides, les postes et les carrières, les médias, la place dans l'Europe et dans le monde etc...
On a donc aux yeux des gens et pour rejoindre le constat de @spered dieub, d'un côté les mini formations bretonnistes éparpillées qui défendent des langues que les gens ne parlent plus, une Histoire qu'ils ne connaissent pas (plus ou moins des légendes comme le répète leur presse régionale) les deux étant peu ou pas enseignés du tout, ou plutôt remplacées par celles du grand voisin, puisque la vision à long terme de l'Etat nation reste «l'assimilation par substitution progressive d'identité» (il n'y a pas qu'en Loire Atlantique), ce à quoi nous nous opposons au nom des Droits de l'Homme.
(Evidemment, le secteur culturel breton fait de la résistance, en développant une culture autochtone remarquable mais n'ayant pas tout-à-fait pignon sur rue puisque, malgré certains subsides, elle repose essentiellement sur le bénévolat. Bénévolat admirable par ailleurs, mais les gens voient pas forcément ce qui leur parait aller de soi).
Et de l'autre, on peut dire en face : une francisation omniprésente, possédant ou contrôlant toute la machinerie étatique officielle, celle qui les représente au national et à l'international, celle qui possède les grands corps d'Etat, les Armées, les entreprises monopolistiques nationales, les communications et tout le reste, celle qui nous emploie et attire nos élus dans leurs réseaux puissants et rémunérateurs...
Aussi, outre les manquements voulus de l'éducation, est-il bien difficile d'échapper au rouleau compresseur des médias centralisés qui nous ignorent ou presque, le reste étant réduit à la portion congrue.
Total : pour retrouver le souci de tous : peut-on espérer un vote autre que symbolique quand on propose en tête de gondole la défense d'une culture «régionale» que les gens ne voient pas reliée au développement économique dans une République telle qu'elle est : centralisée et donc possédant toutes les commandes et réduisant dans sa logique des nations historiques plus anciennes que la France, telles que la Bretagne, à de gros départements sans grande volonté propre ?
La réponse est non, je crois que nous sommes tous d'accord.
Je soulignerai cependant pour finir l'estimation de Yann à 10-12% de suffrages atteignables par «la coalition bretonniste» (et non «bretonne», tous les Bretons n'étant pas bretonnistes, il s'en faut de beaucoup, rappelons-nous de 2014). C'est déjà un score permettant d'accéder aux financements démocratiques qui nous sont dus puisque nous payons pour cela et d'envisager une visibilité encourageante pour l'avenir : voyons le volontarisme politique d'une Corse moins peuplée qu'un seul département breton !