Quel chanteur et conteur est capable de conter et de chanter trois heures de rang en faisant participer la salle, à 70 printemps passés ?
Il montre avec fierté sa pile, qu'il a sur le coeur. C'est peut-être ça son secret, à Ptit Louis. Un coeur gros comme ça, toujours le sourire et le souci de son auditoire. Avec sa femme Léone, ils sillonnent la Bretagne d'Est en Ouest, de Brest à Douarnenez, de Quimperlé à Bovel, où ils ont tenu bistrot et où, sans la fête du chant, ils n'auraient jamais, un jour de pluie où leur bistrot a reçu des chanteurs gallos un peu par hasard, pensé qu'ils allaient reconquérir ce qu'ils avaient dans la tête, bien enfoui, mais bien vivant...
C'est ainsi que P'tit Louis va accueillir, jusqu'à la retraite, dans le bistrot de sa femme, tous les deux (car on peut difficilement les dissocier, elle lui redonne les paroles, quand elles manquent, renforce la réponse quand elle est un peu faible dans l'assistance...) les 24 heures du chant avec les galettes saucisse sur le comptoir et la rigolade à l'oeil, toujours...
C'est ainsi que ce vendredi, dans la petite crêperie de Ti Billig, grâce à son crêpier musicien programmateur Olivier, la soirée a été ponctuée de pas moins de 22 chansons, et six contes de citrouilles, chataigneu (la chaire du prêtre pas très catholique), les boutons de la chemise de nuit de la truie, le chauffeur de car au paradis, les quatr'pieu d'la vache...
Culture populaire ? Oui, car sept chanteurs et conteurs dans la salle lui ont permis des pauses en chantant à leur tour. Ptit Louis a évoqué les grands chanteurs de son coin aujourd'hui disparus, et son copain venu plusieurs fois en basse Cornouaille dans les soirées de ce type, le regretté Albert Poulain, conteur, chanteur, architecte, photographe, collecteur infatigable, et P'tit Louis de conter la fois où, dans un immense four qu'Albert mesurait en allant à l'intérieur, il était ressorti recouvert de poussière et de toiles d'araignées !
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