Le Malouin Yves Ruellan dans Après le Sud, premier film de Jean-Jacques Jauffret

Revue de film publié le 4/10/11 22:31 dans Cultures par Tugdual Ruellan pour Tugdual Ruellan
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Parmi les quatre acteurs le Malouin Yves Ruellan.

Après le Sud, premier film du Français Jean-Jacques Jauffret, sort sur les écrans le 12 octobre (durée : 1 h 29). L'oeuvre a été saluée à l'unanimité lors de la Quinzaine des réalisateurs qui se tenait à Cannes en août 2010, consacrée par plus de dix minutes d'applaudissements. Parmi les quatre personnages principaux, le Malouin, Yves Ruellan, comédien amateur...

Inspiré d'un fait divers

Après le Sud, c'est le parcours en parallèle de quatre personnages emprisonnés dans un quotidien poisseux qui prend au final des airs de tragédie. Drame moderne librement adapté d'un fait divers. Dans un après-midi caniculaire du sud de la France, vont se croiser Stéphane et Luigi, deux cousins à peine sortis de l'adolescence, Georges, ancien ouvrier à la retraite, Amélie, la petite amie de Luigi, et Anne, la mère d'Amélie. Tourbillon de quatre vies quotidiennes semées de blessures, d'humiliations, de peurs et de fatigue. « Au plus près de l'action, Jean-Jacques Jauffret ancre chaque récit dans le malaise quotidien grâce à une mise en scène sobre et dépouillée, qui porte la marque d'un vrai cinéaste, et réussit un film intense et captivant. » (Javier Martin, comité de sélection).

Le premier film du Français Jean-Jacques Jauffret

Jean-Jacques Jauffret, 45 ans, a longtemps été assistant, notamment pour Karim Dridi, Cyril Collard. Ce dernier l'a poussé à écrire le téléfilm Taggers dans lequel Joey Starr a trouvé son premier rôle. Il se lance dans la production avec le premier film de Bernie Bonvoisin, Les Démons de Jésus. Il enseigne le cinéma à l’École supérieure de réalisation audiovisuelle à Paris.

Salué à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes

La Quinzaine des réalisateurs, née en 1969, est organisée par la Société des réalisateurs de films. Parmi les 1.300 longs métrages visionnés, seulement 21 films ont été sélectionnés pour la compétition officielle lors de la Quinzaine des réalisateurs depuis sa création en 1969. Au final, en août 2010 à Cannes, huit œuvres ont été sélectionnées dont trois françaises. Après le Sud a été salué à l'unanimité, consacré par plus de dix minutes d'applaudissements.

Rencontre avec le Malouin Yves Ruellan, « Georges » dans Après le Sud

Yves Ruellan est né à Saint-Servan (Saint-Malo, Ille-et-Vilaine) en 1936. Il a effectué sa carrière dans la formation et la communication, d'abord dans une caisse de retraite puis comme coordinateur national de l'association Familles rurales. C'est d'ailleurs en cherchant un stage d'animation inter âges pour les salariés qu'il découvre les cours de théâtre. Les expériences théâtrales vont alors se succéder jusqu'à cette rencontre improbable avec Jean-Jacques Jauffret qui lui propose un des rôles principaux dans son premier film…

Parlez-nous de vos débuts dans le théâtre…

J'ai commencé à prendre des cours en 1981 avec Jean-Félix Cuny. J'avais alors 45 ans… Très vite, je me suis pris au jeu et au bout de trois ans, je créais et animais un atelier théâtre à la maison des jeunes de Bois-Colombes. Les rencontres ont été multiples. J'ai eu l'occasion de tourner dans un moyen métrage de Dominique Dattola, connu pour ses reportages à France 3 – c'était d'ailleurs tourné à Marseille, dans les anciens abattoirs : l'eau était une chose rare sur la terre et devenue objet de pouvoir. Je jouais Socrate. Denis Llorca, ancien directeur du théâtre national de Besançon, jouait dans ce film et m'a proposé de tourner dans une pièce de théâtre où je jouais un grand-père sur des thèmes bibliques. On l'a présenté dans un théâtre antique à Alba-la-Romaine en Ardèche… C'était magnifique. En 1988, un professeur de Bois-Colombes monte une pièce de théâtre à l'occasion de l'anniversaire de l'affaire Callas - j'ai joué le père Callas. On l'a présenté au Temple à Bois-Colombes puis on est parti la présenter au cours d'une petite tournée à Toulouse, Castres, Tarbes… En 1989, il montait un film sur la révolution à Gennevilliers ; j'y ai joué le premier maire de la ville.

Il y a aussi cette rencontre avec Stanilas Nordey…

La retraite est arrivée. Je suivais avec beaucoup d'intérêt la démarche de Stanislas au théâtre Gérard-Philipe de Gennevilliers. Il intervenait dans le collège où étaient mes enfants. J'ai participé à l'un de ses stages et trois mois après, il m'appelait pour me proposer de jouer dans une pièce qu'il montait de Pasolini : Porcherie. J'ai accepté de jouer le rôle du père en lui disant que je ne savais pas si j'allais en être capable. Il m'a dit : je m'en charge ! Il m'a proposé ensuite deux autres rôles dans ses pièces dont plusieurs ont d'ailleurs été présentées en Bretagne, au Quartz à Brest, au TNB à Rennes. C'était des expériences passionnantes.

Comment s'est faite votre rencontre avec Jean-Jacques Jauffret ?

Très simplement, grâce à Arnaud Meunier, metteur en scène de théâtre, aujourd'hui directeur du Centre dramatique national de Saint-Étienne. En 2008, Jean-Jacques Jauffret m'a vu jouer dans plusieurs pièces de théâtre, en particulier La vie est un rêve dans laquelle je jouais un roi avec un long monologue. Il pensait alors à son film et rassemblait déjà quelques idées. Il est venu me voir pour me proposer un rôle. Il m'a contacté en 2010 pour me proposer son premier scénario. J'ai accepté avec beaucoup d'enthousiasme.

Vous n'aviez jamais fait de cinéma. Racontez-nous cette découverte…

J''ai été ravi de me lancer dans cette nouvelle approche. Lorsque je suis arrivé à Marseille, Jean-Jacques avait déjà tourné pendant une semaine et l'équipe était bien rodée - une petite équipe d'une vingtaine de personnes avec notamment deux vieux routards remarquables – Gilles Vatar, chef électro et Eric Lesage, chef machino - et quelques-uns de ses élèves. Il y avait une excellente ambiance. J'ai plongé dans le bain. Pas facile car nous avons commencé par la scène la plus dure, celle du meurtre. Cette expérience m'a profondément remué. Jean-Jacques m'a repris à plusieurs reprises. Il trouvait à la première prise que j'étais trop théâtral ; à la deuxième, trop intellectuel. C'est parce que j'ai accepté de ne plus savoir comment faire que la troisième a été la bonne ! Alors, les jours qui ont suivi, on m'a présenté aux visiteurs comme le « tueur ». C'est que la partie était gagnée. Je n'étais pas mécontent…

Qu'est-ce qui change du théâtre ?

Des choses importantes. Au théâtre, on donne quelque chose mais on le donne à un moment précis. On peut le récupérer parce que ce n'est pas fini. Tu peux jouer une pièce trente-six fois, ça ne sera jamais totalement la même chose. Au cinéma, j'ai le sentiment qu'on me vole quelque chose car, une fois que c'est fait, tu ne peux plus revenir dessus. C'est fini. Mais en même temps, c'est assez exaltant car le cinéma t'oblige à te dépasser toi-même tout le temps. Moteur, action : il faut être dans le coup, vite faire le vide dans ta tête pour être ce que l'on te demande d'être. C'est un pari, en même temps un jeu. Au final, c'est chouette. J'apprécie ce rapport au réalisateur. J'aimerais beaucoup tourner un autre film...

Distribution

Dans le rôle d'Amélie : Adèle Haenel. Elle obtient à 13 ans son premier rôle dans Les Diables de Christophe Ruggia (2002). Elle se fait particulièrement remarquer en 2007 avec Naissance des pieuvres de Céline Sciamma pour lequel elle est nommée aux César 2008. En 2011, elle est à l'affiche de trois films présentés au Festival de Cannes : En ville et Après le Sud, tous deux à la Quinzaine des Réalisateurs, et L'Apollonide.

Dans le rôle de Luigi : Ulysse Grosjean ; dans le rôle de Anne : Sylvie Lachat ; dans le rôle de Georges : Yves Ruellan. Réalisateur et scénariste : Jean-Jacques Jauffret.

Bande-annonce du film :

(voir le site)


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