Le magazine BRETONS est-il machiste ? Ou n'est-il que le reflet de la société bretonne qui serait machiste et sexiste ?
Sur 58 numéros du magazine, seules six femmes ont fait la couverture, sans compter l'une d'entre elles à l'effigie de Bécassine, et une autre avec une vieille Bigoudène en coiffe. Merci BRETONS pour la diffusion de ces stéréotypes féminins folkloriques, voire colonialistes. Les heureuses élues qui ont fait la couverture : Marylise Lebranchu, Louise Bourgoin, Nolwenn Leroy, Maïwenn Le Besco et la chanteuse briochine Yelle. Si on exclut Jane Birkin, qui a juste une résidence bretonne et qui est bien sûr anglaise, 5 sur 58 cela fait 8,6 % de Bretonnes en couvertures. La grande majorité des autres couvertures donne la part belle à des visages masculins de Bretons.
La dernière livraison de BRETONS, le numéro 58 d'octobre 2010, est entièrement consacré aux Bretons : Patrick Le Lay, Yoann Gourcuff, François Goulard, Gilles Dufeigneux, François Pinault, Claude Chabrol, Bernard Poignant, Paul Virilio, Yann Raoul, Corentin Flohen, François Simon, Armel Le Cleac'h, Matthieu Breton, Loïc Hénaff, Michel Salaün, Philippe Bessec, Hervé Jaouen, Joël Batteux et quelques autres.
Caroline Le Branchu-Hilliet est mentionnée dans un billet sur la Belle-Îloise et Madame Bettencourt, qui a une maison en Bretagne, a droit à un article. La seule photo d'une Bretonne est celle d'Anna Beyou, co-fondatrice de 727 Sailbags. Tous les numéros de BRETONS semblent construits sur ce modèle ségrégationniste.
BRETONS a donc bien mérité son nom. Il manque un magazine BRETONNES ! Les Bretonnes actives, qui font bouger les choses, foisonnent pourtant. N 'est-ce pas la responsabilité des médias y compris de BRETONS de les faire connaître au lieu de simplement reprendre les Bretons ou amis de la Bretagne que les médias parisiens ont déjà popularisés ?
Ceci étant dit, il est certain que règnent en Bretagne des idées fausses sur le rôle des femmes dans la société bretonne. Certes, la tradition des femmes de marins sur la côte, a aidé au développement de femmes bretonne fortes et autonomes, face aux tragédies en mer et à la disparition de nombreux marins pêcheurs, mais le concept d'un héritage breton de la femme celte est un mythe, même si tant de Bretonnes ont illustré l'histoire de Bretagne et en premier lieu Anne de Bretagne. Le moins qu'on puisse dire c'est que le duché de Bretagne pouvait revenir à une femme, pas le royaume de France. (À cet égard le duché portait en lui les germes de sa disparition par mariage, mais c'est une autre histoire).
La tradition de la femme celte égale de l'homme n'a pas survécu en Bretagne, car elle a été supplantée il y a 1700 ans par la culture catholique romaine dans laquelle la femme avait quasiment le statut d'esclave, le catholicisme ayant hérité à la fois des cultures romaines et orientales (judaïsme). Si le christianisme romain, dit catholicisme, a apporté en Bretagne des aspects positifs sur lesquels on ne reviendra pas ici, il est évident qu'il a apporté aussi une régression par rapport aux statuts des femmes que connaissaient les Celtes d'avant la conquête romaine.
De toute évidence la reconquête de ces acquis, disparus il y près de 20 siècles, n'est pas finie en Bretagne et ailleurs. Les médias y ont un rôle à jouer que BRETONS semble se refuser.
Philippe Argouarch
■Marie-pascale Boré , agence de ressourcement en pays celtes
On peut être croyant ou non, on peut aussi admettre qu’il existe des gens intelligents des deux côtés. Le sexe des anges ou de la Trinité (!!!...) est un fantasme qui ne va pas très loin, mais qui manifestement gêne la réflexion chez certaines personnes. Ne pas confondre représentations culturelles et considérations théologiques. Ou si l’on préfère, il importe, sans s’arrêter à des images parfois maladroites et discutables, d’apercevoir la profondeur de la réalité.
Il est vrai que la langue bretonne (ar brezhoneg) utilise la terminologie « an Aotrou Doue », pour désigner la divinité, et spécialement la personne-source dans la perspective trinitaire. Pour autant, le français n’est guère mieux loti. Pas d’autre échappatoire apparemment que de s’accommoder de langues parfois bien imparfaites, qui portent la trace du lent cheminement de nos prédécesseurs à travers siècles ou millénaires…
Sell’ta ! Vivement un rééquilibrage des couvertures du magazine « Bretons », pour mettre en lumière (même en noir et blanc ) un certain nombre de…Bretonnes !