Le Lycée Expérimental de Saint-Nazaire fête ses 30 ans

Reportage publié le 17/05/12 11:06 dans Société par Hubert Chémereau pour Hubert Chémereau
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Les 30 ans du Lycée expérimental de Saint-Nazaire. Photo Gwenn Chémereau.
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Le lycée expérimental de Saint-Nazaire rue René Coty a 30 ans en 2012.

Le week-end des 11 et 12 mai, élèves et enseignants du Lycée Expérimental de Sant-Nazer / Saint-Nazaire ont mis les petits plats dans les grands pour célébrer les 30 ans du Lycée XP, comme ils l'appellent. Au programme des débats, des tables rondes, concert, pièce de théâtre, présentation du travail de l'atelier artistique et un repas festif qui a réuni plus de 400 convives. Lors de ces journées a été évoquée la volonté de créer d'autres lycées de ce type à travers l'Hexagone et de fédérer les lycées partageant la même philosophie à travers l'Europe dont certains ont déjà des échanges avec le lycée breton comme ceux de Berlin ou Copenhague.

Le blog des 30 ans : (voir le site) et le site : (voir le site)

De la rencontre de deux jeunes professeurs en 1960 à la naissance du lycée en 1981

Dans la foulée de la victoire de la gauche en 1981, les initiateurs du projet (ils n'aiment pas le qualificatif de fondateurs), Jean-Gabriel Cohn-Bendit et André Daniel, profitèrent de cette « fenêtre de tir » pour lancer un lycée d'un esprit nouveau avec le soutien du ministre de l'Éducation nationale de l'époque Alain Savary. Le lycée ouvrait en février 1982. Leur projet venait de loin, comme le rappela André Daniel lors du discours d'ouverture du 30e anniversaire avec son propre vécu. Il avait été profondément marqué par son expérience au lycée de Guémené-sur-Scorff (1) durant la guerre puis lors de la Reconstruction, au lycée de Lorient. Il rappela que sa tante, résistante déportée, lui dit après guerre : « C'était ton camp de concentration en 1943 ».

Comme le thème de ces journées était la Résistance, André Daniel déclara : « La Résistance, j'ai baigné dedans quand j'étais petit… Je crois que c'est cet esprit qui m'a animé depuis mon entrée en sixième dans l'institution scolaire ; j'ai donc professé, et soutenu, comme élève puis comme professeur, le droit à l'insurrection contre l'insupportable, pas avec colère, mais avec le plus indécrottable optimisme ».

En 1960, la rencontre des deux jeunes professeurs, André et Gaby, au Lycée Aristide Briand de Saint-Nazaire allait être le départ d'une réflexion sur un lycée d'un nouveau type. La réflexion allait cheminer avec le réseau des enseignants Freinet (2). Les blocages de l'Éducation nationale qui vont suivre 1968 rendaient alors impossible toute évolution de l'institution lycée.

Les années 70, particulièrement fécondes en Bretagne avec ses « Années de Breizh » dont André Daniel était un des très nombreux acteurs avec les comités bretons anti-nucléaires ou son activité avec son ami Glenmor au sein du journal Combat Breton, seront le ferment qui allait participer à la naissance du lycée expérimental. Le groupe s'était aussi grandement élargi à travers la MJEP (Maison des Jeunes et de l'Éducation Permanente) de Saint-Nazaire où le projet allait vraiment se structurer. Avec la MJEP les jeunes d'alors faisaient l'expérience d'être les acteurs directs de leur propre devenir – voir : (voir le site)

Comme le rappela Gaby Cohn-Bendit, l'idée était que ce lycée devait être une alternative pour les enseignants ne supportant plus le système scolaire tel qu'il est et pour des élèves tout aussi allergiques à l'autorité de l'institution.

Trente ans plus tard, cette expérience qui devait faire long feu pour ses détracteurs de droite comme de gauche, mais aussi pour les syndicats d'enseignants, s'est ancrée dans le paysage nazairien et éducatif.

Quand le « centralisme » peut avoir du bon

Pour assurer le fonctionnement du lycée expérimental sans ingérences extérieures il a été également rappelé l'importance de continuer de dépendre directement du ministère de l'Éducation nationale et non du Rectorat. Cette situation originale a aussi permis d'éviter jusqu'ici que le lycée soit sous le contrôle des politiciens de la région administrative PDL (Pays de la Loire) comme le sont les lycées de Loire-Atlantique depuis la «régionalisation».

Le journal du lycée a un nom bien breton « Lise Arnodel » ce qui est bien éloigné de la politique de débretonnisation très active des services de la région PDL en direction des jeunes de Loire-Atlantique. Cela permet aussi d'accepter sans difficultés des élèves de tout l'Hexagone.

Le fait que ce lycée ai été créé en Bretagne, et de plus à Saint-Nazaire, n'est peut-être pas le fruit du hasard non plus... On ne sera pas étonné de découvrir que des “expérimentaliens” (nom que se sont donnés les lycéens) viennent de Diwan. Pour des raisons diverses, n'ayant pas pu continuer la filière Diwan en allant au lycée de Karaez / Carhaix, ils retrouvent de nombreux points communs avec le lycée XP comme la prise en charge de la vie du lycée et la grande place faite à l'autonomie personnelle. L'administration et la gestion du lycée ainsi que la restauration et l'entretien des locaux sont assurés par les élèves et les MEE (Membres de l'Équipe Éducative – nom donné aux professeurs).

En guise de conclusion

Redonnons la parole à André Daniel : « Le nom expérimental est un faux nez, il ne s'agissait en rien d'une expérience à généraliser dans sa forme, mais un tâtonnement expérimental permanent... Personne n'a trouvé la pierre Philosophale ! ».


Hubert Chémereau

(1) : dans un ouvrage collectif dont André Daniel a assuré la rédaction, les anciens du lycée de Lorient à Guémené témoignent : « La Pomme d'or – Le Lycée de Lorient à Guéméné 1943-1945 ». Les pions y sont présentés comme les occupants.

(2) Freinet : Voir [[Célestin Freinet]] et [[Pédagogie Freinet]].


– Lycée expérimental

17 boulevard René Coty, BP 272

44606 Saint-Nazaire cedex

Tél 02 40 66 78 52 et lycee.experimental@wanadoo.fr


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