La [[génétique humaine]] a fait d'énormes progrès ces dernières années, tout spécialement en Grande Bretagne et aux États-Unis, mais en France les recherches sont freinées par la loi de bioéthique de 2011 qui interdit de solliciter soi-même, sans la prescription d'un médecin, l'examen de ses caractéristiques génétiques. Toutefois des milliers de citoyens français ont fait appel discrètement à des services anglo-saxons. Il suffit d'envoyer par la poste un spécimen de sa salive et on reçoit 10 jours plus tard une charte de ses haplogroupes et donc de son hérédité. La construction de cette base de données française a ainsi pu être faite pour la France malgré tout, grâce à cette clientèle qui reste toutefois très peu nombreuse. Des caractéristiques sont apparues en Bretagne qui sont à prendre avec réserves, vu la taille assez réduite de l'échantillonnage actuel (seulement 200 échantillons pour la Bretagne pour la carte d'Eupedia qui accompagne cet article).
La génétique humaine, c'est quoi ? «La génétique humaine est une branche de la génétique s'occupant de l'espèce animale Homo sapiens, c’est-à-dire l'Homme, l'être humain.» nous dit wikipédia. Comme chacun sait, l'hérédité est transmise par les gènes rassemblés dans les chromosomes : l'acide désoxyribonucléique ou ADN. Ils forment des séquences de molécules définissant un code génétique ou génome. Elément moins connu, en plus du chromosome Y transmis par les mâles, les cellules humaines possèdent de l'ADN contenu dans les [[mitochondries]]. Ce code génétique mitochondrial, est transmis intact sauf mutations, de génération en génération, par les femmes et uniquement par les femmes. Les deux codes, l'ADN-Y et l'ADN mitochondrial peuvent être pistés donnant ainsi des informations complémentaires sur l'évolution de notre espèce d'une façon chronologique. Pour s'y retrouver, les généticiens ont donné des noms alphanumériques à chaque gène résultant d'une mutation.
On peut ainsi suivre les migrations des humains à travers le globe car les chercheurs sont capables de retrouver de l'ADN à partir de dents récupérées sur les squelettes. Très vite on a pu tracer des groupes d'humains basés sur la présence ou non de mutations identifiées. Ces groupes de mutants sont appelés [[haplogroupes]]. Les haplogroupes représentent les différentes tribus des Homo sapiens et indiquent l'origine et les migrations de nos ancêtres, confirmant le plus souvent ce que les historiens savaient déjà. On peut ainsi suivre les grandes migrations en Europe d'Est en Ouest en suivant l'apparition de tel ou tel haplogroupe et leur pourcentage dans une aire géographique donnée.
L'Europe a une concentration de l'haplogroupe [[[R1b]]] avec une forte concentration à l'Ouest, du Pays basque à l'Ecosse. Eupedia.com, donne 80% de la population de la Bretagne avec le Haplogroupe R1b, l'haplogroupe des proto-celtes, à égalité avec l'Irlande (81%) et que nous partageons avec les Basques (85%) (voir le site) . Les Européens descendent en majorité d'un mutant avec la mutation R1b. Les Celtes seraient arrivés du Caucase avec la mutation R1b-M269 et se seraient répandus sur toute l'Europe au début de l'âge du Bronze en 3000BC. Parmi ceux-ci les Celtes-Atlantiques auraient la mutation [[R1b-L21]].
La première conclusion d'après les résultats en Bretagne, c'est que la Bretagne fait partie de l'ensemble britannique-irlandais avec une forte concentration de l'haplogroupe R1b-L21 qui caractériserait les «Celtes Atlantiques» (voir la carte) . Les migrations des îles vers l'Armorique aux VIe et VIIe siècles semblent avoir été bien plus massives que ce que les historiens pensaient, à moins bien sûr, que l'Armorique ait été peuplée de Bretons et non de Gaulois dès l'antiquité comme le suggère certains chercheurs britanniques. Cependant l'arbre phylogénétique de eupédia dont nous publions une partie montre bien que le peuplement de l'Armorique par des «Celtes Atlantiques» est tardive, après les mutations dites S280 puis DF25.
L'autre remarque, c'est que le département du 44 a un plus faible pourcentage de haplogroupe R1b-L21 que le reste de la Bretagne. Ce département est au même niveau que le Cotentin et même de la basse Normandie, selon la même carte. Cette «Marche de Bretagne» comprend la Vendée, le Marais breton, la Brière, le Pays des Mauges, la Mayenne et une partie de la basse Normandie. Cette carte devra bien sûr être confirmée par d'autres études indépendantes.
Nous ne rentrerons pas dans des explications historiques détaillées en ce qui concerne la Loire-Atlantique, mais ce résultat est facilement expliqué par l'histoire des invasions et des migrations, voire de mouvements de populations assez récents, dans cette zone géographique. L'embouchure de la Loire semble avoir été bien plus un croisement de peuples et de cultures que l'Ille-et-Vilaine qui, clairement, se situe dans les zones du haplogroupe R1b-L21 à forte densité.
Modifié le 26/07/2019
■Maintenant, reste à savoir si cela démontre réellement une celtitude ou une l'appartenance des populations concernées à un même groupe?
Les celtes étant historiquement issu du sud de l'Allemagne, Autriche, suisse, Tchéquie et sud Slovaquie.... cela pose la question de savoir si les celtes d'aujourd'hui sont issus de ce bassin ou les derniers représentant d'une culture qui s'est élargie à toute l'Europe?
La carte semble plutôt aller dans le sens que les celtes d'aujourd'hui sont plutôt les représentants d'un peuple brittonique (lié aux îles) mais qui auraient conservés une culture disparu partout ailleurs en Europe.
En tout cas, il y a un point intéressant :
Les britanniques évoquent régulièrement l'appartenance de l'Armorique au bassin breton (briton) et non au bassin gaulois.... (avant la conquête romaine).
On sait que malgré les invasions, les populations ne varient que peu...
Or l'Armorique (décrite par les Romains) allait de l'embouchure de la Loire à l'embouchure de la Seine, ce que l'on retrouve globalement dans le schéma de la carte... Sachant que la pointe de cette Armorique recevra des populations insulaires renforçant la population d'origine.
Cette carte laisse dont à penser que les britanniques ont peut-être raison quand ils évoquent que l'Armorique était peuplé de Bretons et non de Gaulois....
Un sujet peu repris pas les médias bretons... peut être par peur du politiquement incorrect...
Car on peut noter que cette carte démontre le rayonnement du peuple breton (issu des iles) en Europe, et à l'inverse l'enfoncement de cette population dans la région de l'est de l'île qui correspond à l'avancée des populations Angles et Saxones qui donneront naissance à l'Angleterre.
A se poser la question, jusqu'à quand les Bretons continentaux refuseront les hypothèses développées en Bretagne insulaire...?
(hypothèses renforcées par ces observations génétiques....!)
Cela remet également en cause, le coté hexogène des migrations bretonnes du 6 et 7ème siècles en Armorique. Car un peuple qui se déplace sur son propre territoire ne peut pas être considéré comme une migration au sens ou certains aiment à l'affirmer de nos jours (souvent d'ailleurs avec un comparatif douteux avec des événements qui se passent de nos jours du coté de la Méditerranée).
Cette carte est intéressante à plus d'un titre, car elle semble remettre en cause nombre d'idées reçues sur fond d'idéologie...
Info complémentaires :
Voir le site
A lire : The Atlantic Celtic branch (L21):
«In France, R1b-L21 is mainly present in historical Brittany (including Mayenne and Vendée) and in Lower Normandy. This region was repopulated by massive immigration of insular Britons in the 5th century due to pressure from the invading Anglo-Saxons. However, it is possible that L21 was present in Armorica since the Bronze age or the Iron age given that the tribes of the Armorican Confederation of ancient Gaul already had a distinct identity from the other Gauls and had maintained close ties with the British Isles at least since the Atlantic Bronze Age.»
(Donc, les Armoricains étaient plus bretons que gaulois....)
Cette info devrait faire le buzz.... mais c'est tellement politiquement incorrect... qu'il n'en sera rien...!
J'ai pas vraiment compris votre explication.
Et je ne comprends pas non plus votre assurance dans votre affirmation.
Nos cousins britanniques n'évoquent pas cette hypothèse pour le plaisir de faire une blague et nous évoquons chacun un article d' «Eupedia» sur ce sujet.
Affirmer implicitement que nos cousins britanniques font fausse route et ne prendre qu'un aspect de ce qu'Eupedia nous informe est pour le moins audacieux, une présentation des 2 hypothèses et de leurs arguments respectifs serait plus prudent et plus scientifique...
Car sauf à ne pas comprendre l'anglais «given that the tribes of the Armorican Confederation of ancient Gaul already had a distinct identity from the other Gauls and had maintained close ties with the British Isles at least since the Atlantic Bronze Age» est pour le moins explicite.
En sachant que la définition de la Gaule est une vision romaine qui n'est pas nécessairement celle que partageait les habitants des territoires concernés... D'où avons nous l'information que les Armoricains se considéraient comme Gaulois???
Quoi qu'il en soit une chose est sûre : il est extrêmement désagréable de recevoir des informations intéressantes sur nos origines au-travers des Européens sans en avoir d'écho chez nous en Bretagne.
En histoire, comme en science, il n'y a jamais de certitude mais un progrès constant de la connaissance... (même l'origine africaine de l'humanité semble aujourd'hui battre de l'aile pour se déplacer vers l'Asie, tout comme le Néandertalien qui serait de moins en moins la brute épaisse et l'idiot de service qu'on aimait à décrire..)
@ Spered Dieu
chanoine Falc'hun : Sur wiki, il semble que le chanoine Falc'hun défend la gauloisité et non la bretonnité.
Je ne connais pas plus que ça les hypothèses qu'il avançait, si vous avez d'autres infos?
Quant à Falc'hun ça n'a pas grand chose à voir avec ce qui est présenté ici ; retournez au minimum à Léon Fleuriot, «Les Origines de la Bretagne»
Je suis désolé, cela reste très imprécis.
Visiblement, il existe suffisamment d'arguments pour que l'auteur de l'article d'Eupedia conclu différemment de ce que vous semblez faire...
En tout cas, jusqu'à ce jour, je n'ai jamais trouvé d'arguments historiques tangibles qui permettraient d'étayer le fait que les Armoricains se considéraient comme des Gaulois... or c'est pourtant cela que les livres d'histoire affirment....
Il n'y a que Jules César et encore, car sauf erreur c'est lui qui nomme ce territoire «Armorique» (en référence à la mer), ce qui semble indiquer l'importance de cette dernière, et non «Andouarique» (en référence à la terre)... du fait et ne serait-ce qu'avec les Vénètes, les Armoricains semblent bel et bien tourner le dos à la terre donc aux Gaulois pour regarder vers les îles... Ce qui est évoqué par nombre de légendes bretonnes christianisés (Tristan ou Arthur: à cheval entre l’Irlande, l'île de Bretagne et la Bretagne continentale) dont on reconnait qu'elle possède très certainement une certaine base culturelle bien plus ancienne et surtout plus ancienne que la période romaine...
Donc, mis à par Jules César et les livres d'histoire français qui voudraient que l'idée de la France existait déjà plus de 1500 ans avant sa création (roman national), rien ne permet d'affirmer que les Armoricains se considéraient plus comme Gaulois que comme Breton...
Visiblement, tant les Britanniques (dont beaucoup sont également des Bretons) que l'auteur de l'article d'Eupédia semblent justement être très faiblement réceptifs à cette prétendue gauloisité des Armoricains....
Le minimum pour nous Bretons (donc premiers concernés) seraient donc d'être ouvert à l'ensemble des hypothèses...
(vu que pour l'instant, nos propres scientifiques sont bien muets sur le sujet).
Un jour viendra on se rendra aussi compte des limites de l'explication des migrations par la méthode des haplogroupes .
Donc cela rejoint les affirmations de Jacques .Falc'hun minimisait l'apport insulaire en ce qui concerne la langue bretonne ,par contre prenant à témoin Germain d'Auxerre il disait que le gaulois était très proche à cette époque du brittonique insulaire .Sa thèse a été contestée ensuite partiellement par Fleuriot et à raison .Voici celle de Hervé Le Bihan encore plus récente .
Voir le site
Peut-on avoir plus de précisions sur ces sources britanniques ?
Confédération Armoricaine ?
Combien de division ? Entité distincte ?
Il n'y a pas de «nouvelle thèse» à mon sens, mais la continuation et l'affinement des travaux de Fleuriot, parti beaucoup trop tôt pour donner suite à «Les Origines de la Bretagne».
On peut pour une fois se référer à l'article Armorique de wikipedia qui n'est pas trop mal (bon, il y a en une carte abusive, mais c'est pas mal).
Oui, ce qui j'affirme n'est que ce que ce texte affirme (texte que j'avais mis en lien) et qui est le texte source de Philippe Argouarc'h mais c'est aussi ce que nous présentent différent reportages réalisés par la BBC et que l'on a pu voir depuis quelques temps sur ARTE ou RCM.
Mon dernier commentaire à Philippe en réponse à ses certitudes semble avoir été censuré, si c'est le cas, je le regrette...
Ma position personnelle (qui pourra évoluer avec l'avancée des découvertes) est que les Bretons et les Gaulois sont deux peuples très proches sur le plan culturelle et linguistique avec des échanges réguliers mais dont la principale différence était la culture maritime pour l'un et continentale pour l'autre. Dans le cas spécifique des Armoricains, pour moi ce peuple regardait plus vers les îles (Bretagne et Irlande) que vers le continent (ce qui veut pas dire qu'il n'avait pas de relations avec les Gaulois (vu que les insulaires en avaient également) et du fait ils étaient parti intégrante de cet environnement insulaire et maritime.
Hervé le Bihan même s'il présente l'Armorique dans le domaine de la langue gauloise affirme également que la langue utilisée en Armorique était proche du brittonique... il va donc dans le sens de mon idée actuelle.... sauf qu'il convient d'expliquer le pourquoi d'affirmer un gaulois britonnisé face à l'hypothèse d'un breton continental...
(on notera au passage que le problème de la séparation maritime pose moins de problème entre l'Irlande et l'écosse de cette période... qui étrangement n'est pas soumise à un mythe étatique des origines).
Affirmer que les Armoricains sont des Gaulois est probablement plus un parti pris de notre époque actuelle qui est visiblement remise en question par les chercher européen.
Quoi qu'il en soit, ils semblent se dégager un consensus sur le fait que les Armoricains, même si éventuellement Gaulois ce qui reste à prouver, ne pouvaient pas être des Gaulois semblablement aux autres vu la proximité de leur lien avec les Bretons.
D'ailleurs Hubert Chémereau a fait une remarque intéressante en notant que la carte présentée par Philippe ne montre en rien la présence bretonne le long de la Loire et la faiblesse de la région de Rennes... cela qui laisserait à penser que la vision est bien plus une résultante Armoricaine que post VII ème siècle.