Le garde des Sceaux qualifie les langues régionales de baragouinage

Chronique publié le 17/03/21 9:44 dans Langues de Bretagne par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Le Garde des sceaux
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Le garde des Sceaux a qualifié les langues régionales de baragouinage mais présente des excuses. Cela s’est passé le 11 mars dans l’enceinte de l’Assemblée nationale alors que le député Marc Le Fur rappelait que la [[Charte européenne des langues régionales ou minoritaires]] n’avait pas été ratifiée par la France.

La phrase méprisante et insultante du Garde des sceaux est « Monsieur le député, vous savez comme moi d’où vient le mot baragouiner, bara, le pain et gouiner »  (en fait gwin ndlr), « le vin, en breton. Alors moi, je n’ai pas le goût de l’effort inutile ». On a tous compris ce que le ministre avait dit indirectement en utilisant ce mot : apprendre une langue régionale c’est une perte de temps, et pire, ces langues sont des baragouins. Pour rappel, le Larousse définit baragouin comme « Langage incompréhensible par suite d'une mauvaise prononciation, d'un vocabulaire impropre, d'une syntaxe incorrecte. Langue étrangère qu'on ne comprend pas. » 

 Monsieur le député Marc Le Fur, vous savez comme moi d’où vient le mot baragouiner, bara, le pain et gouiner, le vin, en breton. Alors moi je n’ai pas le goût de l’effort inutile__Éric Dupond-Moretti, Ministre de la justice et Garde des Sceaux.

Les propos du Ministre sont tout simplement anti-constitutionnels puisque justement, en juillet 2008, grâce à une initiative du député Marc Le Fur, les langues régionales ont été introduites dans la Constitution française dans l'article 75-1 en tant que « patrimoine de la République », certainement pas des « baragouins ». Un comble pour un ministre de la justice, de plus avocat. Comme chacun sait, la constitution est la loi suprême de la république. Monsieur le garde des Sceaux, on sait que vous n’êtes pas un avocat constitutionnaliste, mais il n’est pas trop tard pour lire la Constitution !

A noter toutefois que, contrairement à ce qu’affirme notre député, la France n’est pas le seul état au sein de la Communauté Européenne et encore moins au sein des états membres du Conseil de l’Europe à ne pas avoir ratifié cette charte. Parmi les états de la CE, l’Italie ne l’a pas ratifiée non plus. La Belgique, la Bulgarie, le Portugal, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Grèce, Malte et l’Irlande ne l’ont ni signée, ni ratifiée. Voir les sources


Vos commentaires :
Gregor
Jeudi 21 novembre 2024
Pour information pour l'auteur: Marc Le fur s'est mélangé les pinceaux avec la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, signée par tous les pays d'Europe sauf la France et la Turquie (ainsi que l'Andorre et Monaco il me semble). Voir le site

Donc même les pays qui rechignent à signer la convention sur les langues minoritaires (pour diverses raisons selon les pays) reconnaissent leur diversité culturelle...


Yannig Baron
Jeudi 21 novembre 2024
C'est bien normal, n'est-il ps le garde des sots ! Yannig Baron

Naon-e-dad
Jeudi 21 novembre 2024
L'Irlande possède une chaine de télévision en gaélique: TG4 (Teilifís na Gaeilge 4).
Ur chadenn skinwell zo e bro Iwerzhon: TG4
.
Par ailleurs, le gaélique irlandais est:
. première langue officielle, avant même l'anglais en République
. langue régionale en Irlande du Nord
. statut de langue de travail officielle dans l'UE, depuis 2005
Source: www.guide-irlande.com/culture/gaelique-irlandais
.
Le ministre a certes un physique de boxer. On aurait pu espérer aussi qu'il eut un brin d'intelligence dans la tête, et un brin de délicatesse dans le coeur. Soupir, perplexité, et gros, très gros, point d'interrogation... Marc Le Fur a eu raison d'exiger et d'obtenir des EXCUSES, comme il l'a dit à Kemper, pour cet affront inqualifiable.

Au total, pas étonnant que dans ce pays de France plus personne n'arrive à se comprendre. Qui parle encore une même langue ? Je veux dire une langue dans laquelle les mots principaux aient au moins un sens communément admis. Si votre président perd l'élection, Monsieur le ministre, il le devra en partie au langage. Et vous en rajoutez!

E pep lec'h, ur yezh a zo mat evit lakaat an dud da gompren ar re all, ha n'eo ket ar c'hontrol. E forzh peseurt yezh e vefe!


Stéphane
Jeudi 21 novembre 2024
De gweloc'h en gweloc'h
Mais qu'est ce qu'on leur a fait pour mériter tant de mépris ??

Je sais qu'il n'y a plus rien à attendre des dirigeants centraux mais quand bien même, toujours balayer des arguments réfléchis par des réponses vide de sens, c'est affligeant.

Bref, on continue à faire sans eux, merci quand-même aux élus d'essayer de temps en temps d'en parler avec eux.


penn kaled
Jeudi 21 novembre 2024
Naon e dad ,il y avait un article du journal la Croix sur la situation du gaélique en Irlande .La situation est mitigée ,vu que l'anglais est une langue très dominante ,au point que le militantisme doit aussi revendiquer au gouvernement des mesures pour cette langue .Sur le plan scolaire les élèves ne sont en général pas intéressés par la matière gaélique , comme quoi le fait de rendre obligatoire une langue peut s'avérer contre productif , par contre c'est après leur scolarité qu'il y retrouve de l'intérêt .Il y a 74000 locuteurs .Autant la langue est visible dans l'espace public , autant au mieux elle stagne en nombre de locuteurs .Par contre le Royaume Uni a signé la charte européenne des langues minoritaires ,il se peut que le gallois est mieux soutenu que le gaélique en Irlande ,mais c'ets vrai que c'est la langue celtique qui a été la mieux préservée
Voir le site

Yannig Coraud
Jeudi 21 novembre 2024
Le garde des sots serait il le premier d’entre eux?
La république bananière n’a pas finie de nous faire rire Isn’t
Chañs vat evit ur Vreizh digabestr

Michel bernard
Jeudi 21 novembre 2024
Un ministre se deconsidere en traitant ainsi nos langues maternelles je me souviens encore des chansons et des contes de ma grand mere pour m endormir avec emotion vous m avez fait pleurer monsieur le ministre vous devriez avoir honte

Anne Merrien
Jeudi 21 novembre 2024
Au moins ce ministre s'est-il excusé... Michel Onfray aussi avait corrigé ses propos ou ses écrits nous assimilant aux dinosaures. En revanche, Christiane Taubira (que j'apprécie par ailleurs) a-t-elle jamais émis le moindre regret d'avoir signé la circulaire interdisant le tilde? L'ambassadrice de la francophonie Leïla Slimani est-elle revenue sur son affirmation comme quoi la France serait «le seul pays monolingue du monde francophone» ? (Elle ne fait que répéter ce qu'avait déjà dit Macron : «le seul pays qui ne se vit qu'en français», je cite de mémoire.) La liste n'est pas exhautive.

Lucien Le Mahre
Jeudi 21 novembre 2024
En prime du réflexe pavlovien d’un ignare en matière civilisationnelle, voici pour le même prix, une réaction de pure hégémonisme culturel qui ne risque pas, elle non plus, de grandir son auteur.

Qui en effet s’attendrait à trouver ce niveau de propos dans la bouche d’un ministre représentant un Etat figurant au rang des «grandes démocraties»? Et surtout pas celui ayant en garde le respect du Droit des citoyens et de la Constitution où les langues régionales figurent bel et bien au nom du patrimoine national.

J’ajouterai à la suffisance bouffie, le ridicule de celui qui, empiétant sur le domaine de sa collègue de la Culture et possédant deux ou trois mots de breton (et probablement pas plus dans les autres langues régionales ) se pense en mesure, par la grâce de sa position actuelle, d’être apte à juger ainsi de la non-pertinence d’une langue, devant l’un de ses locuteurs et défenseurs ?

Sans aucune connaissance du dossier, sans procès et sans preuves ? Bravo !

Demain, nommé ailleurs, ce non-élu peut aussi bien nous décréter que nos cathédrales dépeuplées ont fait leur temps et qu’il est urgent de les remplacer par des bâtiments plus rentables, tout est malheureusement possible !

Suite à cette belle algarade contre les droits humains fondamentaux que sont les langues, il a, parait-il, fait amende honorable. Dont acte. Mais son jugement d’esprit fort mérite tout de même d’être ajouté à la liste des âneries proférées depuis deux siècles par ses prédécesseurs, liste qui n’aurait d’ailleurs que des avantages à lui être directement adressée.


Naon-e-dad
Jeudi 21 novembre 2024
@penn kaled
D'accord avec vous .Il n'empêche, l'Irlande ne stigmatise pas sa langue historique. A savoir aussi, les territoires gaélisants (gaeltacht) sont très réduits et localisés dans l'W de l'Ile.

Da skouer, ledenez Dingle...Ken brav ha gouez an natur eno.


Burban xavier
Jeudi 21 novembre 2024
«Les Mariannik» : «ceux qui adorent Marianne» au point d'en faire un culte ! Voilà l'excès ce n'est pas tant la république en tant que régime , c'est plutôt les hommes ou les femmes qui veulent figer les peuples ...

Nous acceptons les excuses bien évidemment , mais il faudra corriger et donner à La Bretagne un statut législatif concernat le breton et le gallo dans les 5 départements !

C'est plus constructif pour l'avenir ...
Spian a reomp gwelloc'h evit hor yezhoù breman !


penn kaled
Jeudi 21 novembre 2024
J'ai de sérieux x doute sur la sincérité des excuses du garde des sceaux .Il n'était pas sans savoir que dans le cas contraire ,il aurait pu faire l'objet de poursuites ,et la publicité de cette affaire se serait retourné contre le pouvoir hégémonique francilien .

kris braz
Jeudi 21 novembre 2024
«La Belgique, la Bulgarie, le Portugal, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Grèce, Malte et l’Irlande ne l’ont ni signée, ni ratifiée.»
La Belgique a déjà trois langues officielles (F,N,D), Malte 2 (M,E) ; l'Irlande 2 (I,E) ; Les pays baltes, à la limite on peut comprendre, bouffés qu'ils sont par la russification ; attitude grecque tristement similaire à celle de la France ; Portugal lusophone à 95%, Mirandais langue co-officielle dans le NE ; Bulgarie 85%bulgarophone, pas de statut officiel des autres langues.

Gwilun
Jeudi 21 novembre 2024
«Les pays baltes, à la limite on peut comprendre, bouffés qu'ils sont par la russification»

Beaucoup de pays pourraient dire la même chose vis à vis de minorités, non ? En Finlande, le suédois est officiel par exemple.
Et en plus la Géographie fait que les pays Baltes sont bien enclavés dans l'immense monde russo-slave, encore plus que ne l'est la Bretagne par exemple par rapport au reste de la France.
Non seulement les droits linguistiques de la minorité russe sont inexistants, mais une bonne partie de cette minorité n'a même pas les droits basiques d'un citoyen de ces pays. Cette minorité est traitée comme des pestiférés, ou des migrants illégaux. Sauf qu'ils étaient là avant l'indépendance.
Je note que ces pays ont été intégrés (comme Chypre dans un autre contexte, île qui ne fait partie de l'Europe géographiquement) bien facilement et rapidement dans l'UE, et sans trop y regarder...pour d'autres, on pinaille sur telle alinéa de la constitution, telle loi sur la concurrence (notamment pour certains pays des Balkans). Ce n'est absolument pas anodin.
Si la Russie est revenue à un régime autocratique, il y a certainement des causes, une trame décénnale qui l'explique, un peu comme la Turquie dans un autre registre. Cette évolution n'était pas écrite d'avance quand Poutine et Erdogan ont été élus.


Alan-Erwan Coraud
Jeudi 21 novembre 2024
Comment s'étonner de ce mépris si nous-mêmes nous avons peur d'employer les vrais termes qui déterminent cet obscurantisme de la pensée ?
Dénonçons ce SUPRÉMACISME FRANÇAIS, plutôt que de se voiler la face et de manquer de courage en se cachant derrière une confortable dénonciation du «jacobinisme» .

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