Ouvert mardi dernier à 9 heures, le Congrès international arthurien se poursuit à l'Université de Rennes 2 Haute Bretagne dans une atmosphère studieuse et passionnée avec la participation de 300 spécialistes de 22 pays, dont des Japonais, des Russes, de nombreux Nord-Américains, des Colombiens, des Allemands, des Autrichiens, des Gallois, des Anglais et bien d'autes qui s'expriment majoritairement en langue anglaise. Ce qui frappe d'emblée, c'est la jeunesse de nombreux participants; certes on voit bien dans l'assistance des cheveux blancs et les crânes bien dégarnis de quelques vieux professeurs, mais on voit surtout beaucoup de jeunes gens ayant entre 25 et 35 ans, doctorants, assistants, maîtres de conférence, qui ne donnent pas l'impression d'être desséchés par leur étude de vieux grimoires, mais qui respirent la joie de vivre et qui parlent des personnages de la Matière de Bretagne avec une passion et une bonne humeur contagieuses.
Les travaux du congrès ne sont d'ailleurs pas concentrés sur la seule étude des textes médiévaux et une place très importante a été faite cette année aux nouvelles technologies et aux programmes et projets de numérisation de la matière arthurienne en cours dans divers pays.
Hier en fin de journée, les congressistes ont été reçus à l'hôtel de ville de Rennes et c'est Isabelle Pellerin, jeune conseillère municipale déléguée à la vie étudiante, qui les a accueillis au nom du maire de Rennes; elle a conclu son exposé, à la fois brillant et chaleureux, par quelques mots en breton, très appréciés de toute l'assistance. Dans sa réponse, Christine Ferlampin-Acher, médiéviste, professeure à l'Université de Rennes 2 Haute Bretagne et principale cheville ouvrière du congrès avec le professeur Denis Hüe, a résumé les travaux de ce congrès, souligné l'importance du mythe arthurien de Bretagne, évoqué la grande exposition (qui vient d'être inaugurée aux Champs Libres et que les congressistes ont évidement tous été visiter) et elle a annoncé diverses autres manifestations arthuriennes prévus pour les prochains mois.
(Ce que l'on doit regretter parce que c'est encore trop courant en France, c'est que ces discours aient été tous prononcés exclusivement en français, mis à part quelques mots de breton, alors que la langue de travail de 80% des congressistes était l'anglais. Dans le monde global qui est désormais le nôtre et dans l'Union Européenne qui est en quelque sorte notre nouvelle grande patrie, il conviendrait systématiquement dans les réceptions officielles de visiteurs étrangers de prévoir au moins un résumé dans d'autres langues : anglais, allemand et espagnol par exemple).
Demain matin samedi, la Société Internationale Arthurienne tiendra son assemblée générale de 9h30 à midi, puis les travaux reprendront à 14 heures par une conférence de Norris Lacy, de la Pennsylvania State University :«Arthurian Texts in their Historical and Cultural Context», puis les congressistes se répartiront entre trois tables rondes, dont une consacrée à Marie de France, animée par quatre universitaires américains :
«Marie de France dans la marche bretonne», par le professeur Rupert T. Pickens, de l'Université du Kentucky,
«Marie de France et la hoge bretonne», par Logant E. Whalen, de l'Université de l'Oklahoma,
«Marie de France et l'éthique de la matière de Bretagne», par Sarah-Jane Murray, de l'Université de Bangor
et «Marie de France et les chants populaires bretons» de Matthieu Boyd, de l'Université d'Harvard.
À 18 heures, les congressistes pourront voir un film américain de 1991 qui est la transposition dans notre époque d'un thème arthurien, celui du roi pêcheur, «King Fisher». Dans ce film de Terry Gilliam d'une durée de 2 heures 15 minutes, Jack Lucas est un présentateur de radio désabusé. Un jour, un psychopathe met en pratique les conseils qu'il donne dans son émission en faisant exploser un restaurant. Trois ans après ce tragique événement, alors que Jack est encore rongé par les remords, il est agressé dans la rue par une bande de loubards. Mais grâce à l'intervention d'un clochard illuminé, il échappe à la mort de justesse pour recommencer une nouvelle vie... Ce film témoigne à sa manière du caractère permanent et universel de nombreux épisodes des romans arthuriens.
La journée de dimanche sera consacrée à des excursions et les congressistes se partageront en trois groupes. Le premier ira visiter Fougères, puis le mont Saint-Michel, le second se rendra en Normandie, dans la Manche, voir d'abord le Scriptorial d'Avranches, puis la cathédrale de Coutances et l'abbatiale d'Hambye, le troisième groupe ira voir le château de Josselin et la forêt de Paimpont.
Il convient de signaler qu'à l’occasion de l’exposition « Le roi Arthur », un site Internet commun à la BNF, à la Médiathèque de Troyes et aux Champs Libres a été créé par la BNF : (voir le site)
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