La Bretagne a 2700 km de côtes et de plages magnifiques et seuls quelques kilomètres sont pollués par des algues vertes, qui d'ailleurs sont collectées régulièrement par les services des communes concernées. L'État a consacré 134 millions d'euros sur cinq ans à cet effet. Grâce à une campagne d'information auprès des agriculteurs, les taux de nitrates baissent dans les cours d'eau (voir les graphes avec les photos). Selon la Communauté de Communes du Pays de Châteaulin et du Porzay (CCPCP), les taux de nitrates des rivières alimentant le bassin de la Baie de Douarnenez ont baissé de 15 à 18% en 10 ans. D'autre part, le traitement des eaux des villes littorales s'est amélioré afin d'y faire baisser les taux de phosphates.
Alors que la Région Bretagne et les comités départementaux du tourisme en Bretagne s'efforcent de développer une image positive de la Bretagne à l'image de ce qu'a fait l'Irlande pour le tourisme, la FNE (France Nature et Environnement) vient contre-carrer des efforts certains même si ceux-ci ont trop tardé à venir. Et cela en lançant une campagne d'affichage dans le métro parisien montrant un gamin qui joue sur une plage recouverte d'algues vertes. Au total, ce sont six montages différents dont trois sur les algues vertes qui devaient être affichés dans le métro hier.
«Le CRT (Comité Régional du Tourisme) de la Région Bretagne a porté plainte» déclare son directeur Michael Dodds. Trois des affiches visant les algues vertes auraient été saisies aujourd'hui dans le cadre de cette procédure judiciaire.
Un photographe parisien, Philippe Aldag, écrivait avant-hier sur Facebook, dans un des débats sur l'affiche en question «Bon, en fait ce serait pas mal la Bretagne, si on enlevait les Bretons.» ! On croyait que seuls les Anglais avaient osé. C'était en Écosse au XVIIIe siècle avec ce que les Écossais appellent les [[Highland_Clearances]] . Une vaste opération d'expulsions qui a remplacé les Highlanders par des moutons et obligé les autochtones à s'exiler en Amérique.
Apparemment, un certain nombre de Français – principalement des écologistes, des propriétaires de résidences secondaires, des touristes et des retraités – aimeraient une Bretagne sans Bretons et sans ce qui fait vivre un tiers de la population : l'agro-business. Qu'ils nous vendent leur fermes ou qu'ils en fassent des maisons d'hôtes, qu'ils nous vendent leur terres, qu'on les retourne à la friche et aux landes d'antan... pensent-ils tout bas. C'est du moins ce que s'imaginent les agriculteurs bretons attaqués de toutes parts et confrontés à la hausse des matières premières, les obligeant à produire à perte tout en étant harassés par les écologistes. Pour eux, l'association environnementale «Eau et Rivières de Bretagne» signifie «Sans boul-eau et rivières de Bretagne».
Le mouvement nationaliste et autonomiste breton, qui semble reprendre du poil de la bête ces derniers temps, pense quant à lui que si la Bretagne était administrée par un gouvernement régional doté d'un pouvoir législatif et de moyens suffisants, au lieu d'être administrée par un préfet – genre gouverneur de colonie, courroie de transmission des ministères parisiens – on n'en serait pas là. Dangereusement, la Région se cristallise vers deux camps selon la priorité : ceux qui veulent sauver la Bretagne, et ceux qui veulent sauver les Bretons.
Philippe Argouarch
■Un Breton de Paris