Le "Club des 7" va investir plus d'un milliard d'euros à Saint-Nazaire

Compte rendu publié le 25/09/15 17:35 dans Economie par Hubert Chémereau pour Hubert Chémereau
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Devant une assistance fournie Patrick Denaud, président de Man Diesel & Turbo – Penhoet, présente son entreprise et ses projets

Mercredi 22 septembre, lors d'une grande soirée au « Théâtre », les 7 principaux industriels du bassin de Saint-Nazaire ont présenté leur entreprise et leurs projets devant plusieurs centaines d'entrepreneurs, salariés et élus. Ces capitaines d'industrie ont chiffré leurs investissements pour la période 2015-2020 à plus d'un milliard d'euros  : Total (400 millions d'euros), Airbus Saint-Nazaire (285 M¤), STX (100 M¤), Idéa group (50 M¤), Man diesel (45 M¤), Cargill (25 M¤).

Les acteurs publics locaux ont aussi pris des engagements  : Carene Communauté d'agglomération (280 M¤ d'investissement prévus) et Ville de Saint-Nazaire (114 M¤). C'est ainsi près d'1,3 milliard d'euros investis dans le tissu industriel pour la période 2015-2020.

Les acteurs industriels nazairiens ont tous salué l'esprit d'équipe et le sens du collaboratif qui fait avancer le bassin d'emploi de Saint-Nazaire qui a su prendre le virage de la mixité économique. Pour eux, cette synergie est rare dans l'Hexagone et mérite d'être saluée, d'autant que cela se fait dans la discrétion de ses acteurs. Cela nous rappelle l'esprit qui motive le réseau « Produit en Bretagne », lui, à l'échelle de toute la Bretagne. Saint-Nazaire a ainsi mis en forme un véritable écosystème donnant une confiance dans l'avenir avec un ancrage local qui s'exprime par des investissements très importants programmés pour les 5 années à venir. On retrouve cet esprit breton dans une économie territoriale très internationalisée avec un pôle d'expertise dans de nombreux domaines productifs et de recherche allant de l'aéronautique à la construction navale et de la logistique aux énergies marines. Ne jamais perdre de vue que depuis 1862, avec la naissance des premiers grands chantiers navals modernes de l'ingénieur écossais John Scott, Saint-Nazaire vit à l'heure de la mondialisation.

Depuis 150 ans, Saint-Nazaire/Sant-Nazer porte bien son surnom de « Petite Californie bretonne ». À Saint-Nazaire se construit l'industrie du futur avec l'un des premiers pôles européens de construction navale et le deuxième pôle aéronautique de l'Hexagone (l'aéronautique nazairienne est née de la navale il y a 90 ans). Avec Man diesel, installé près du Bassin de Penhoet, Saint-Nazaire est aussi un des derniers grands sites européens de production de moteurs destinés aux applications marines et un centre d'expertise technique de réputation internationale.

Airbus, de Saint-Nazaire à Mobile

Lors de cette soirée le patron du site d'Airbus, installé à Montoir-de-Bretagne, a rappelé que son site était l'intégrateur de fuselages avants et centraux des Airbus. Les acteurs portuaires ont bien noté que le nouveau site en Alabama (inauguré le 14 septembre 2015) effectuera l'assemblage final des grands sous-ensembles (ailes, tronçons de fuselage, cockpit) produits par les 12 usines européennes d'Airbus, puis convoyés par bateau. D'où le choix de la ville portuaire de [[Mobile (Alabama)]] située non loin de la Nouvelle-Orléans. Cette usine de montage pour les moyens-courriers A320 débutera ses livraisons à partir de 2016. Une opportunité pour le port de Montoir-de-Bretagne alors que les responsables du site breton d'Airbus ont pour ambition de faire de Saint-Nazaire un hub logistique international entre les États-Unis et l'Europe.

Le tableau serait parfait si...

Le tableau serait parfait si Saint-Nazaire n'avait pas deux points faibles déjà évoqués il y a trois ans : (voir notre article)

À savoir le déséquilibre en matière d'investissement public dans la recherche au profit de la Métropole nantaise comme avec l'implantation du centre de recherche IRT Jules Verne à Bouguenais et la très grande faiblesse du pôle universitaire nazairien. On remarque que chez certains politiques le bassin nazairien reste pour eux avant tout un réservoir de cols bleus alors que la concentration de cols blancs au niveau industriel y est de plus en plus importante à l'exemple de STX où ces derniers sont désormais plus nombreux que les métallos.

Cette ingérence politique se retrouve dans la partition administrative qui bride les énergies en mettant des freins au développement et aux coopérations entre la quatrième ville de Bretagne et les bassins d'emploi de Vannes, Lorient, Quimper et Brest. N'a-t-on pas vu récemment un chef d'entreprise brestois le dire vertement lors d'un salon professionnel sur le stand « Pays de Loire » aux représentants de Neopolia (1).

Ce réseau d'entrepreneurs nazairiens a été élargi sous la férule des responsables de la région Pays de Loire à l'ensemble des départements de cette région administrative avec exclusion des entreprises de la Région Bretagne. Ceci est d'autant plus absurde que les entreprises du Morbihan et du Finistère sont traditionnellement liées au bassin de Saint-Nazaire en raison de leur proximité géographique et de leur activité liée à l'économie maritime.

Lors de cette soirée, David Samzun, président de la Carene et maire de Saint-Nazaire, a souligné l'importance de notre géographie que l'on ne peut délocaliser. Il a mis en avant l'importance de la mer pour le développement économique du bassin nazairien tout en se satisfaisant à l'évidence du découpage administratif actuel qui est pourtant bien terrien et très éloigné de l'esprit maritime et d'ouverture des Nazairiens…

Hubert Chémereau

(1) (voir le site) de Neopolia.


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