Depuis peu, les factures de loyer du premier bailleur social de Vannes sont à régler directement auprès de la banque Crédit Agricole. C'est la surprise reçue par beaucoup de Vannetais et d'habitants de la communauté d'agglomération, au nom de la « modernisation ».
Auparavant, le montant était à régler au Trésor Public, ce qui permettait de conserver l'argent public pour le réinvestir dans l'agglomération de Vannes, dans l'intention de caresser au moins l'espoir de répondre aux besoins. Désormais, l'organisme de recouvrement s'appelle « Crédit Agricole ».
Ces dernières années, les financements de constructions de logements sociaux par le biais d'emprunts contractés auprès du Crédit Agricole se sont multipliés dans la communauté d'agglomération de Vannes. Nous assistons, comme dans plusieurs villes, à la privatisation d'un service au profit de la banque, avec l'appui des élus, opposition incluse.
Vannes 2014 estime que ce choix politique est à bannir.
- La politique du logement doit rester du ressort des collectivités publiques et doit entrer dans un schéma de développement et d'urbanisation sur le long terme.
- Vannes fait le choix de la spéculation immobilière contre une économie saine et diversifiée. Comme nous l'expliquons dans notre programme ( (voir le site) le défaut de politique urbaine et les aberrations dans l'aménagement du territoire génèrent chômage, exode des jeunes et par conséquent un désastre économique masqué par la fausse manne du tout tourisme. Cette politique antisociale amène inexorablement à la multiplication du logement palliatif et accroît plus encore une urbanisation aussi désordonnée qu'irresponsable. Parallèlement, on pousse le paradoxe en laissant le centre-ville se vider à côté de la construction de nouvelles résidences dont les volets sont désespérément fermés, étant habitées deux mois l'année.
La privatisation des services publics et municipaux annonce la perte de pouvoir des collectivités et menace ainsi la démocratie locale. Les réseaux de proximité sont par là même menacés. A titre d'exemples, imaginez que demain l'entreprise Vinci conteste la gratuité des places du parking des Capucins ? Les Vannetais continueront-ils à fréquenter autant le centre ? En outre, que deviendraient les circuits locaux entre producteurs et cantines scolaires privatisées ? Ce sont les derniers pans d'une économie responsable qui s'effondrent, entraînant avec elle la qualité des services.
Cette évolution présage également de la dégradation des conditions de travail dans ces administrations. Parmi ces dernières, celles des services municipaux qui feront l'objet d'une intervention prochaine de Vannes 2014. Des salariés s'inquiètent de la dégradation des conditions de travail, des injustices criantes dans l'évolution des salaires, des contrats, et ils placent en toile de fond la privatisation des services comme une épée de Damoclès menaçant chaque secteur.
En attendant de pouvoir mettre en place le changement, nous posons cette question : où vont les fonds collectés auprès des locataires et des intérêts d'emprunts ?
Alors même que le Crédit Agricole développe des agences par ses filiales, notamment à l'Est de l'Europe, la « Banque verte » enregistrait en 2012 une perte de 2,5 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de l'année. Pendant ce temps, les « caisses régionales » affichaient un résultat net positif de 2,2 milliards d'euros… Les médias spécialisés estimaient alors que le Crédit Agricole était grevé par la Grèce mais tiré par la banque de détail.
Tandis que nos impôts sont dépensés ailleurs qu'en Bretagne, les banques se chargent de dilapider les capitaux restants… Avec l'approbation ou la soumission de « nos élus ». Enfin, il est nécessaire une nouvelle fois de regarder loin pour analyser notre situation : de nouveaux pays s'émancipent à l'Ouest de l'Europe et compliquent ainsi la mondialisation tant critiquée dont a besoin la grande finance. En s'affranchissant ainsi, on assiste à la solidification du ciment d'une unité européenne plus humaine.
Pour Vannes 2014,
Bertrand Deléon.
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