Le Brexit n'aura pas lieu !

Chronique publié le 8/07/16 6:34 dans Politique par marc Patay Lejean pour marc Patay Lejean

L'Histoire a un sens, même si on ne le voit qu'après coup, malheureusement. La fin de l'Empire Romain, le terme du fait religieux dans les sociétés développées, la mondialisation, l'Europe, tout cela a un sens, tout cela résulte de processus logiques. L’Europe est une nécessité inscrite dans l'Histoire et je doute que nous revenions en arrière.

Aussi bien ne s'agit-il pas, à la suite du referendum anglais, de crier victoire, pour ceux du moins que le non anglais enthousiasme, je crois bien qu'ils seront promptement déçus.

Alors même que je commençais de méditer cet article, Boris Johnson tournait casaque, effrayé par les engagement insensés qu'il avait pris, il est devenu un clown triste. Peu de temps après, on apprend que Nigel Farage démissionne, la peur encore. Quant à David Cameron, il a joué depuis des années avec le feu, fait le matamore et fini par se tirer une balle dans le pied !

L’Europe est la première puissance économique mondiale, devant des mastodontes comme la Chine, l'Inde ou les États-Unis. Mais c'est un nain politique, d'accord, encore qu'il ne faille pas exagérer. Sur la scène mondiale, elle compte davantage que la Chine ou l'Inde. Il n'y a que les États-Unis qui lui fassent de l'ombre. En Afrique, l’Europe par la France est le pays le plus présent, devant même les États-Unis ; au Moyen-Orient l'Europe joue sa partition et s'affirme lentement mais sûrement. Que ferait chaque pays d’Europe isolement, sur la scène mondiale ? pas grand-chose, et je ne parle pas des Régions, sans l’Europe cela ne serait plus rien.

Il ne faut pas rêver, sans le couple franco-allemand, l’Europe n'existerait pas. Certes en 1940, Winston Churchill avait proposé une union « franco-britannique » à Paul Reynaud, mais c'était un projet irréaliste sorti tout droit de sa grande imagination. Dans l'esprit des fondateurs politiques, elle était une juxtaposition de Nations, mais comme tout pouvoir (Commission/Parlement) tend à s’accroître, des lois européennes s'imposent à la France aussi bien qu'aux autres Nations. De fait, cette Europe des Nations ne peut qu'évoluer vers une Europe fédérale, très lentement certes.

Alors quoi ? Maintenant que les démagogues ont vendu leur soupe, il leur faut bien y goûter ! Ne serait ce qu'un peu. Le moins possible en vérité.

Les Anglais ont donc le choix :

Sortir de l’Europe, scenario très improbable car démagogique, on ne sort pas de l’Europe comme on claque une porte, c'est un processus long qui peut prendre dix ans ! Et d'ici là, l'opinion aura changé. D'ailleurs, il semble bien qu'aucun leader politique actuel ne soit motivé pour appliquer ce choix.

Négocier des accords avantageux en prenant exemple sur la Norvège

Oublier cette désastreuse campagne référendaire lors de prochaines élections, par suite d'une dissolution de la Chambre des Communes, qui viendront infirmer le Brexit, ou enfin, par simple disparition de ce vœu populaire dans le marais de l’indécision et de l'oubli.

Une bonne nouvelle cependant, cette palinodie anglaise risque de plomber les ambitions de Marine Le Pen, dont le programme (sortie de l’Europe, sortie de l'Euro) n'est pas tant extrémiste ou néo-fasciste, comme la presse de Gauche s'est complue à nous le démontrer, mais irréaliste.

En fait je doute fort que les Anglais quittent L’Europe.

Notes :

1. D'après les Mémoires de guerre du général de Gaulle, « l'Union franco-britannique n'était pas un projet sérieux ... »


Vos commentaires :
spered dieub
Vendredi 15 novembre 2024
Le brexit n'aura pas lieu ,c'est une hypothèse qui peut se réaliser ,mais pas une certitude .La montée des nationalismes et des souverainismes ne concerne pas seulement le royaume uni .Poutine fera tout pour que l'union européenne explose pour essayé de devenir le maitre du jeu du grand continent eurasiatique

Luigi Barsagli
Vendredi 15 novembre 2024
La favorite a la succession de Cameron (Theresa May) a confirmé hier qu'il y aurait bien Brexit , bien sûr avec négociations pour obtenir un accès au marché unique (comme les Etats-Unis du reste) mais que le résultat du référendum serait respecté.

Il est difficile de comprendre en France et tout particulièrement en Bretagne, que les anglais (qui ont plein de défauts surement par ailleurs) sont démocrates. Une Démocratie bien plus ancienne et stable que dans les autres pays d'Europe. Et surtout ils ont les reins bien plus solides (et fierté ?) que les irlandais pour faire respecter leur référendum.

Autre point essentiel, ils ne sont pas catholiques et n'ont donc pas cette vision du monde pyramidal et hiérarchisé ou il y aurait un Tout dominé par une puissance supérieure en haut de la pyramide. Je crois que derrière la question de la construction européenne il y a des thématiques très anciennes et religieuses qui ressurgissent, avec des visions du monde très différentes. Je regrette d'ailleurs ce repli breton sous-jacent vers une vision catholicisante du monde...il est clair qu'avec cela nous ne pourrons jamais avancer vers plus d'émancipation et de défense de nos propres intérêts.

Les anglais ont dominé le monde sans St Empire Romain Germanique ou Empire Romain tout cours. Pour eux la construction européenne actuelle est une usine à gaz, pire une usine à gaz non-démocratique. Des Empire multi-culturels, il y en a eu beaucoup par le Passé, j'ai même envie de dire qu'il n'y a eu que ça avant l'émergence des Démocraties et des Etats-Nations. Par définition un Empire ne peut pas être démocratique, sauf à assimiler complétement les populations à une seule et même culture (Langue, Religion). Mais l'assimilation nécessite par définition un principe coercitif non-démocratique.

L'Europe dans le Monde n'a d'ailleurs jamais été aussi peu influente depuis le Haut-Moyen-Age. Sans armée et politique extérieure, l'Europe forcément n'existe pas. Je n'ai pas de boule de cristal, en revanche je suis persuadé que les britanniques font un choix judicieux, car quoiqu'il arrive et c'est une simple question de Géographie : ils seront toujours perdants, des seconds couteaux dans l'UE. Ils partagent au moins autant si ce n'est plus avec les USA, l'Australie et d'autres régions du globe qu'avec l'Italie ou l'Allemagne.

L'Allemagne a intérêt à un grand empire continental (mais pas trop à l'Est quand même car il y a la Russie), c'est géographique, c'est comme cela. Le Royaume-Uni n'y a pas intérêt.

Je m'interroge par contre sur le point de vue (finalement très surprenant à priori) breton dominant actuellement sur l'Europe en tant que construction politique et je vois 3 explications au positionnement pro-européen en Bretagne=

- La fuite en avant, souvent les colonisés sont les premiers colonisateurs ensuite. Je crois que les bretons aimeraient bien transformer l'Europe en sorte de grande France, une nouvelle Rome, pour justifier à posteriori leur propre assimilation/renoncements.

D'autres, autonomistes pensent que l'Europe va dissoudre la France, mais on se demande où est la Bretagne là-dedans, une ultra-périphérie, sous-sous-sous région ??? Cela ressemble finalement fortement au positionnement des autonomistes bretons (majorité en tous les cas) dans les années 30-40.

- Mais la principale raison de ce point de vue pro-européen est à mon avis purement culturel/conservateur : la religion catholique, le Vatican et une forte anglophobie bretonne (qui a déjà grandement expliquée la fin de l'indépendance bretonne au XVème siècle). Les bretons pensent comme tous les catholiques romains qu'il faut un chef et une très grande maison pour être plus fort et plus riche. L'Histoire n'a jamais prouvé ce théorême, mais il y a toujours cette conception universaliste et anesthésiante des masses dans la pensée catholique.

- Enfin il y a l'aspect conjoncturel. L'UE pour les bretons c'est des subventions. Mais tout cela s'étiole petit à petit avec les élargissements.

La Bretagne est ultra-périphérique dans l'Europe, mais pour des raisons culturelles et historiques (aucune attache particulière avec les Amérique en réalité), sont tournés vers l'Est uniquement.

Je pense les britanniques eux ont compris une chose depuis longtemps : ils sont une périphérie de l'UE.

L'armée, c'est l'OTAN, dominé par les USA. Avec TAFTA, on s'achemine in fine sur un bloc politique transatlantique. Pour eux, la Démocratie c'est leur île, et l'Economie c'est le Monde dans un bloc stratégique occidental. Ils ont au centre d'un bloc USA-UE (grande-Allemagne), alors que dans la seule UE, ils sont une périphérie.


boned ruz
Vendredi 15 novembre 2024
C'est fou quand même ce qui s'est passé en France lors du référendum où la France rejetait l'Europe. Est-ce à dire que l'idée Européenne était rejetée? Sûrement pas en revanche la lecture du projet permettait d'estimer la sale mentalité qui allait s'y épanouir... je me souviens avoir été choqué par l'idée d'un conseil économique et social ( copie conforme de ce que nous avions en France; belle référence ) puis sur l'incertitude relative à l'avenir des langues régionales... J'ai dit non à la moitié de la lecture du projet européen pour lequel les Français avaient à voter... Pendant toute la campagne , les politiques, les pseudos intellos et autres influents nous serinaient qu'il n'y avait pas de plan B (Ah bon? et pourquoi ! .... Taisez-vous , il n'y a pas de plan B, Ah bon! ) ...Quelques temps auparavant ou plus tard , je ne sais plus, le sieur Sarkozy tançait les Irlandais sur leurs «non» au projet Européen... Les faisant passer au passage pour des petites filles et des petits garçons mal élevés...
En réalité le plan B existe, il suffit juste de changer le mode de gouvernance Européen et d'en redéfinir le projet pour l'avènement démocratique et le respect des peuples / Le frisson Anglais est une très bonne chose pour stigmatiser la sale mentalité qui gère l'Europe à l'heure actuelle / Où l'Europe des peuples prend enfin un sens et où l'Europe des nations se fait oublier pour la bonne marche du monde entier...

spered dieub
Vendredi 15 novembre 2024
Il est possible que la tournure des évènements vous donne raison.

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