Le breton face à la concurrence de l'anglais

Communiqué de presse publié le 5/06/20 8:44 dans Langues de Bretagne par Paolig Kombot pour Paolig Kombot

POUR BRETAGNE MAJEURE

SE PLAINDRE N'EST PAS UNE RÉPONSE POLITIQUE

Des députés inquiets pour le breton «face à la concurrence de l'anglais»

Dans la presse du 1er juin 2020, une douzaine de députés de Bretagne s'inquiètent de la concurrence que l'anglais fait au breton dans le cadre scolaire, suite à la réforme Blanquer. Ils l'ont écrit au ministre. C'est tout à leur honneur de s'occuper de la question.

Le collectif Bretagne Majeure, quant à lui, depuis sa création début 2019, a attiré l'attention sur la question de l'enseignement des langues de Bretagne. La majorité des parents est favorable au bilinguisme, à la condition que ce soit avec l'anglais. Après avoir résisté à l'idée d'un envahissement de l'anglais (ajout, en 1992, à l'article 2 de la Constitution, de la phrase : «La langue de la République est le français», puis loi Toubon de 1994, souvent contournée et même détournée par le Conseil constitutionnel pour contrer le développement des langues régionales), l'État semble amorcer un virage.

L'État et l'anglais : une approche nouvelle ?

Dès la rentrée 2020, des écoles bilingues anglais-français verront le jour, au moins une par département, le double en 2022. Nul doute qu'elles n'auront pas de mal à recruter des élèves, vu l'anglophilie ambiante, à commencer par celle de notre président qui utilise, à l'heure du Brexit, la langue de Shakespeare dans les rencontres européennes. Mais l'anglophilie des médias n'est pas en reste, conférer les nombreux fake news, agribashing et autres black Friday. L'attente de l'anglais dans la population est immense, et ce bilinguisme anglais-français ne pourra que prendre de l'ampleur. Il serait vain de penser, en effet, que les parents, y compris ceux que le breton intéresse, vont abandonner l'anglais au profit du breton.

L'exemple basque

C'est ce qu'avaient compris les Basques du sud au début des années 1990, qui disaient déjà que le basque ne pouvait concurrencer l'espagnol ou l'anglais, considérés comme langues internationales, alors que le basque n'a de statut que régional. D'où leur conception nouvelle d'un apprentissage précoce d'une triade linguistique cohérente, à savoir le basque, langue de la région, l'espagnol, langue de l'État, et l'anglais, langue internationale d'aujourd'hui. Cela leur a permis, par les ikastolas (équivalents des écoles Diwan), de contribuer à l'augmentation considérable du nombre de jeunes locuteurs en vingt ans (+ 130 000).

Droit à l'expérimentation

Or, c'est ce système que l'association des parents d'élèves Dihun avait contribué à instituer dès 1996 dans l'enseignement catholique : 1500 élèves étaient concernés par cet enseignement en 2006. Or, bien que l'on invoque toujours le droit à l'expérimentation, cette expérimentation tangible a été réduite à néant dès l'intégration de l'Office de la langue bretonne comme EPCC intégré à la Région. Pour l'Office, l'anglais n'avait pas sa place dans les filières bilingues. Aujourd'hui, toutes les filières bilingues qui avaient adopté ce dispositif plurilingue (breton, français, anglais) ont dû revenir au bilinguisme simple breton-français. Cela ne réjouit pas les parents. Telle école du Morbihan, qui comptait 180 élèves dans sa filière plurilingue en 2006, a vu ses effectifs diminuer de moitié depuis.

Prendre les bonnes mesures

Les Basques du nord (c'est-à-dire les Basques de France) ont compris que, s'ils n'adoptaient pas une stratégie différente, l'anglais détrônerait le basque dans l'idée même du bilinguisme. S'inspirant de ce qui se faisait dans les ikastolas, ils ont donc opté vers 2010 pour un enseignement plurilingue qui fait la part belle au basque, au français et à l'anglais (l'anglais est enseigné à raison de deux heures par semaine, mais avec une méthode adaptée au cadre bilingue). Aujourd'hui, dans les Pyrénées-Atlantiques, 50% des enfants basques suivent cet enseignement. En Bretagne, ce ne sont que 3% des élèves qui sont en filière bilingue. Continuons ainsi et le breton va disparaître en quelques années.

Utiliser ce que permet la Constitution

La question, à l'heure actuelle, n'est pas d'être inquiet de ce que fait l'État français pour les langues régionales : rien de bien, rien d'efficace. La question est de savoir si les Bretons, députés et citoyens, ont envie de sauver leurs langues ou non. Et dans ce cas, de prendre le taureau par les cornes, et les mesures nécessaires. La Constitution française permet la décentralisation (art. 1) et la dévolution des compétences (art. 72). Mais qu'en font les citoyens et leurs élus ? Se plaindre n'est pas une attitude politique. La politique c'est prévoir et organiser la réponse au problème posé.

Bretagne majeure.

Evid ma vo Breizh mestr war he zraoù.

Pour qe la Bertègn mene son drao.

Pour Bretagne Majeure :

Jean-Claude Le Ruyet

jeanclaudeleruyet at gmail.com


Vos commentaires :
Jacques
Vendredi 15 novembre 2024
face à la ''concurrence''

Il me semble que l'approche de nos élus reflète tristement la volonté Républicaine de faire mourir les langues autres que le Français, au besoin en utilisant l’argument de la modernité que représenterait l'anglais (pudiquement présenté comme une ''menace''... quelle blague!).

Ils n'ont pas tord, car cette approche fonctionne auprès de nombre de citoyens bretons auto-déclarés ''modernes'' mais surtout elle fonctionne auprès des militants bretons qui pour beaucoup voit la langue bretonne comme une espèce à ''protéger''...

Cela fonctionne d'autant plus que l'histoire est de plus en plus mal enseigné et que l'histoire de Bretagne est carrément interdite dans les programmes (même si les enseignants on la liberté de le faire hors programme, mais bon on le sait que trop bien le militantisme sur ce point va plus à admirer la résistance des enseignants Catalans qu'à la démarche de procéder à la même manière...)

Actuellement dans le monde, TOUS les peuples ont une démarche active d'enseigner à leurs enfants la langue historique.... En Afrique, en Asie, mais aussi en Europe...

Et pourtant la chose n'est toujours pas évidente en Bretagne... preuve de notre écart grandissant avec le monde international.

En parallèle, TOUS les peuples du monde cherche à ce que leurs enfants apprennent une langue internationale... Souvent l'anglais qui s'est imposé au 20ème siècle (d'autres langues ont eu le même rôle par le passé : le français, le latin... mais pour eux la page est tournée...)

On il s'agit bien d'un parallèle : Identité forte dans un mode international...
Bon rien de nouveau, c'est la réalité depuis toujours.... mais on a déjà évoqué l'enseignement de l'histoire...

Qui peu croire que les marins bretons qui détenaient pratiquement 50% du commerce maritime d'Europe du nord n'étaient pas multilingues???? Et pourtant, ils parlaient tous breton...!

Actuellement, la meilleurs manière d'apprendre l'anglais est d'inscrire son enfant dans une école Diwan....!

L'enfant commencera à apprendre cette langue avec 2 ans de retard sur l'école publique, mais une fois arrivé en fin de CM² pour aller au collège, il aura pratiquement un usage courant de l'anglais très loin devant son petit camarade resté à l'école publique (j'ai le cas dans ma famille).

Qui plus est, l'enfant inscrit à l'école Diwan maîtrisera mieux la langue française que son camarade de l'école publique....

Pourquoi? Parce qu'il maîtrise parfaitement la langue bretonne... en plus du français...
Et pour mémoire, l'anglais est composé de mots saxon, français mais aussi breton.... (et oui! Je l'ai dis, l'histoire n'est pas enseigné..)

Mais vous me direz, le petit breton moderne aux parents républicains qui sera en école bilingue français-anglais aura un avantage.... car il n'aura pas une 3ème langue à apprendre....

Et ben non, il ne pourra jamais faire le poids linguistiquement face à un enfant ayant appris avec plaisir sa langue (le breton), la langue actuel d'usage (le français) et dont l'anglais n'est qu'une langue de plus dans le catalogue...

Et quand c'est 2 enfants bretons iront à l'international, l'un maîtrisera plus l'anglais que l'autre et en plus il aura la possibilité de présenter sa langue multi-millénaires à ces nouveaux amis... ce que ne pourra pas faire l'enfant de l'école publique...

A votre avis, lequel des 2 enfants s'intégrera plus vite aux autres cultures???

La plus part des parents sur cette planète on compris ce principe mais visiblement pas nos élus, ni les parents bretons auto-déclarés ''modernes''...

Moi en tout cas, dans ma famille élargie... Pas difficile de savoir quels sont les enfants qui ont de vrais capacités à l'internationale (à l'image de leurs ancêtres) et ceux qui vont ramer pour s'adapter...

Ceux qui ont le PLAISIR de pratiquer les langues... face à ceux pour lesquels il s'agit d'une contrainte imposée par une ''modernité'' à laquelle prétend leurs parents n'ayant rien compris au monde de demain!

Une seule chose est sûre, ce ne sera pas grave pour les enfants dont les parents auront fait le bon choix! Eux, ils seront comme des poissons dans l'eau dans le monde à venir!


Yannig Baron
Vendredi 15 novembre 2024
Pour moi les choses sont claires: Si Diwan avait accepté comme cela lui était proposé il y a 10 ans d'adopter la même politique que les Ikastolas du Pays Basque Sud, soit l'introduction de la troisième langue internationale dès la maternelle, il y aurait 2 ou 3 fois plus d'élèves dans ses écoles aujourd'hui et si l'Ofis et la Région n'avaient pas cassé la dynamique mise en place et l'enseignement catholique il en serait de même.
La question est la suivante: C'est pour quand un vraie politique linguistique en Bretagne prenant en compte, les deux langues de Bretagne plus celle de l'état et un langue internationale dès la maternelle comme le souhaitent les parents .Le tout géré au niveau des 5 départements bretons ? L'avenir est devant pas derrière!
Yannig Baron

pcosquer
Vendredi 15 novembre 2024
L'apprentissage d'une langue est d'abord une histoire d'amour et certainement pas d'enseignement... Ce n'est pas le fait d'être à Diwan à Dihun à Divyezh...qui importe mais bien plus le rapport constitué avec la langue...C'est tout le problème... celui que justement nos aînés nous ont laissé... pour répondre à la soit disante nécessité de progrès... cette affirmation a toujours été le dialogue insensé de nos dirigeants pour empêcher les Bretons de chercher la vérité...Le «mont war raok» n'est pas la vérité dans l'histoire de la langue bretonne c'est un prétexte! Le Breton sera sauvé par les Bretons et non pas par la politique parce que justement ces responsables politiques sont ceux qui utilisent ce fameux prétexte... Ou il faut changer de responsables politiques

Jacques
Vendredi 15 novembre 2024
@Yannig Baron

L'important est de savoir si les enfants parlent couramment ou pas l'anglais, et non de savoir si c'est à partir de la maternelle ou du primaire qu'il convient de débuter l'enseignement.
Apprendre dès le primaire ou la maternelle, s'il ne s'agit que d'un principe théorique, c'est simplement une illusion pour induire les parents en erreur. La seule chose qui compte c'est : est-ce que les enfants maîtrisent ou pas les langues en arrivant au collège?

Il existe plusieurs niveau d'anglais :
1) Le bilingue réel : être capable de participer des discutions/négociations quel que soit le niveau,
2) Le bilingue théorique : être capable de participer moyennant une certaine compréhension de ses interlocuteur,
3) Le courant : être capable de se débrouiller dans la vie courante et professionnelle, même si on parle comme un patachon.
4) le lu, parlé, écrit : il est possible de trouver son chemin quand on est en vacances et d'avoir un minimum d'échange au niveau professionnel.
5) le niveau scolaire : on sait formuler quelques phrases basiques, mais absolument pas créer un échange réel.


Or, c'est un fait : Un enfant Diwan qui rentre en 6ème est trilingue : breton, anglais, français

(En clair, un enfant scolarisé à Diwan qui rentre au collège sait s'exprimer avec un autre enfant de son âge dans chacune de ces langues sans avoir la moindre appréhension).

Sans compter que nombre d'enfants sont quadrilingues (il y a beaucoup d'enfants de couples européens à Diwan, ce qui apporte une approche linguistique supplémentaire aux autres élèves).

Sur la grille de niveau que je viens de proposer, je dirais que le niveau moyen de maîtrise des enfants arrivés en TERMINALE est le suivant:

- Diwan : niveau (2),
- les autres écoles : niveau (4) éventuellement (3) s'ils ont eu l'opportunité de faire un stage sérieux dans un pays anglophone. Les autres élèves qui ont été réorienté avant le lycée sont de niveau (5)

Pour moi, le niveau souhaitable en Bretagne devrait être le suivant :
Pour entrer à l'université/écoles de commerce/école d'ingénieur : niveau (2) actuellement (4)
Niveau moyen pour la population en Bretagne : niveau (3) actuellement (5)

Pour moi en Bretagne, il existe 2 problématiques :
1) Influencé par la société française, les parents ont une vision très théorique de l'apprentissage des langues (souvent, ils ne parlent que le français : ils savent à peine demander leur route en anglais. A l'inverse ils fantasment sur l'enseignement de l'anglais pour leurs enfants (même si souvent, ils se contentent de les inscrire en école monolingue où le niveau est plus que médiocre, j'ai largement l'exemple dans ma famille).
2) Diwan, et au delà de Diwan le mouvement breton, est très focalisé sur l'enseignement du breton et communique peu ou pas sur l'enseignement des autres langues. C'est une erreur stratégique, cela donne une image repliée sur soit (selon le discours étatique), une image TRES EN ECART avec la réalité. Sauf que les parents qui n'ont aucun contact avec le mouvement breton ou le mouvement écologiste (car c'est tristement la locomotive aujourd'hui) n'ont que très peu de possibilité d'avoir une vision réaliste étant donné que même le mouvement breton n'a aucune vision du niveau réel de l'enseignement des langues en Bretagne.

On devrait faire le test de niveau d'anglais en fin de CM2 en comparant les écoles de Bretagne:

1) écoles monolingue,
2) écoles bilingue (breton/français),
3) écoles bilingue (français/anglais) si cela existe???
4) écoles Diwan.

Il n'y a que comme ça qu'on peut argumenter dans le concret...
Mais à titre personnel, je sais déjà quels sont les enfants qui maîtrisent le mieux les 3 langues et qui maîtrisent le mieux séparément chacune de ces 3 langues.

Mais personne dans le mouvement breton ne souhaite faire ce test pour des raisons idéologiques, entre les militants bretons de gauche républicaine qui ne jurent que par Jules Ferry, les écoles catho qui ont oubliées que ce sont elles qui ont perpétuées la langue au 19ème siècle et qui maintenant sont à la remorque de l'école publique et le réseau Diwan qui à trop peur de braquer tous les autres...

Reste donc à savoir COMMENT on fait une évaluation afin d'arrêter de discuter dans le vide et COMMENT parvenir à ce que le mouvement breton se concerter pour définir le niveau de maîtrise souhaitable à atteindre pour les enfants de Bretagne.

Mais si le mouvement breton ne fait pas ce travail... Moi à titre personnel, je sais que Diwan est LA solution et tant pis pour les parents qui préfèrent la théorie à la réalité... (si leurs enfants leurs font des reprochent une fois devenus grands, ce sera justifié... à un moment, on ne peut pas prendre tout le monde par la main...).


Yannig Baron
Vendredi 15 novembre 2024
Jacques
Je n'ai pas l'intention de vous faire un long discours.
Les enfants des filières bilingues catholiques de Vannes qui bénéficiaient de l'anglais suivant la même méthode pédagogique d'enseignement intégré des langues qu'en Catalogne et que dans les ikastolas du pays basque sud ( qui ne sont spécialement nulles...) et que dans bien d'autres pays, arrivaient en 6e où ils n'avaient plus de cours d'anglais mais déjà l'enseignement d'une matière en anglais.
En plus leurs qualités dans les trois langues avaient été testé durant une semaine pas le plus grand linguiste vivant actuellement en France; Monsieur G.Dalgalian.
Ceux de CM2 avaient, eux, suivi les tests de Cambridge, ce qui se fait de mieux en ce domaine et la conclusion avait été qu'ils avaient le niveau des élèves monolingues....des classes de 3e...
Et surtout et du coup ils passaient presque tous ( à part ceux qui partaient habiter ailleurs...) du CM 2 en 6e. Comme cette classe recevaient plus de 20 élèves chaque année, ils avaient 10 heures d'enseignement de et en breton ce qui ne se fait nulle part en Bretagne dans l'enseignement catholique ou public bilingue.
Kenavo Yannig Baron

Ktys44
Vendredi 15 novembre 2024
Je pense que c'est un effet d'annonce , un «clientélisme» , de la com' en vue des prochaines présidentielles ! De la poudre aux yeux , comme d'hab' ! Ça ne sera pas pour les enfants de Soulvache !
Ceci dit , il ne faut pas le négliger . Il nous faut exiger de nos élus qu'ils s'engagent enfin sérieusement sur les moyens à mettre en place pour le respect et la continuité de nos les langues ancestrales et leurs cultures .
Si l'enseignement de l'anglais ne se fait pas en immersion , ce sera un raté supplémentaire !
C'est surtout l'apprentissage dune diversité de langues qui fait la souplesse intellectuelle pour leurs apprentissages futurs . C'est la méthode immersive qui donne de bons résultats , puisque c'est toujours la langue de l'environnement qui domine .
Une langue se parle d'abord et de la qualité de l'accent des enseignants dépendra la formation de l'oreille du jeune enfant .
De quelques mois à 3 ans , si le bébé a entendu une autre langue que celle de sa famille , parlée autour de lui par des gens de qui c'est la langue maternelle , il n'aura plus tard aucun accent . (Accent français dans notre cas ) Plus il avancera en âge pour le début de l'apprentissage et plus l'accent sera prégnant , jusqu'à devenir «à couper au couteau» .
Le souci dans le cas du breton , c'est que les enseignants de breton , ont tous été formés par notre système éducatif et n'ont pas conscience de l'importance capitale de «l'accent» dans l'enseignement , du respect des tournures propres à chaque langue , de la nécessité de s'immerger eux-mêmes parmi les locuteurs de qui c'est la langue maternelle .
Anecdote :
Dernièrement en Crête , à la suite d'une longue discussion avec une personne originaire de l'ex-RDA , j'ai eu du mal à convaincre cet interlocuteur que j'étais bien française ! Il m'avait demandé d'où je venais et à la suite de ma réponse , il s'était esclaffé : «Tu es française ? Mais tu parles anglais !»
Plus l'oreille aura entendu de sons et d'intonations différents , plus elle sera «formée». Et plus elle aura de facilité à acquérir de nouvelles langues ...
Une langue est une façon de penser , de comprendre , de «dire» son monde . Le monde .
À chaque fois qu'une langue disparaît , c'est l'Humanité entière qui perd un peu d'elle-même !
Business as usual , hélas !

Jacques
Vendredi 15 novembre 2024
@Yannig Baron

Merci pour ce retour.
Je veux bien comprend : vous évoquez que l'école de Vannes catholique bilingue a été testé et que le résultat en anglais pour les CM2 est au niveau de la 3ème d'une école monolingue.

Même si à mon époque le niveau 3ème était bien faible en anglais, néanmoins cela reste une belle performance pour des CM2. Sans bien connaître le fonctionnement des écoles Dihun, je me dis à vous lire qu'il faut généraliser cette pratique dans tout le réseau catholique.

Mais surtout, il faudrait faire le test ou une évaluation dans toutes les écoles de Bretagne, et au minimum les écoles bilingues et Diwan.

Avoir des informations est le seul moyen de progresser.
On manque cruellement d'information.

Mais pour l'instant, face au flou actuel, mon conseil pour tout parent voulant donner un niveau linguiste correspondant aux standards du monde actuel (connaissance de bon niveau de sa langue réelle/historique, pour nous le breton, et connaissance de bon niveau d' 1 minimum voir 2 langues internationales) c'est de scolariser à Diwan...

Mais il faut qu'on travaille tous pour ramener la Bretagne au niveau qui faisait de nous des gens capables de commercer (donc d'échanger en confiance) avec l'ensemble de la planète... une capacité de communication et de compréhension culturelle que nous n'avons plus dans la Bretagne d'aujourd'hui du moins plus à ce niveau.

A terme, peu importe les réseaux d'écoles car les différences ont leur intérêt, mais l'important c'est que tous apportent la même opportunité aux enfants de Bretagne. Car c'est bien la création du ''modèle scolaire breton'' qu'il faut mettre en place poussée par la demande avisée des parents.

Et je pense qu'on est très nombreux à partager ce projet.

Kenavo,
Jacques


Hervé
Vendredi 15 novembre 2024
Pour répondre à plusieurs interlocuteurs sur 2 points :
1- Il y a effectivement une erreur magistrale de communication chez les trois DI (Diwan, divyezh, Dihun) qui ont toutes communiqué sur le caractère principalement bilinguiste (breton-français) de leurs filières, alors même que leur vocation multilingue est évidente. La dénomination «école ou classe multilingue bretonne et euopéenne» permettrai de clarifier un état de fait et d'attirer encore beaucoup plus de familles. Et il est URGENTISSIME de communiquer en ce sens car spécifiquement en Bretagne le ministre Blanquer a pour objectif de créer une classe élémentaire bilingue publique français-anglais par circonscription et non par département ! Car pour ce ministre l'objectif de la convention Etat-Région de 20% de nouveaux maitres «bilingues» breton-français sorti des INSPEs est insupportable. Dans sa nature Blanquer se situe évidemment dans la tradition d'éducation nationaliste française, monolinguiste convaincu s'appuyant sur les travaux du linguiste Alain Bentolila prônant un bagage encyclopédique de 1400 mots de langue française acquis à la fin de la maternelle, il perpétue l'idéologie française du «pour bien apprendre une langue, en l'occurrence la langue française, il faut premièrement désapprendre toute autre langue, en particulier les langues d'origine». Ainsi la pseudo-ouverture de Blanquer vers le bilinguisme anglais n'est à mon avis qu'un tour de force pour contrecarrer la progression des langues régionales, car comme le pense tout bon nationaliste, un pays ne peut avoir fondamentalement qu'une seule identité exclusive de toute autre ! Dans sa vision, l'anglais version «commercial» est moins dangereux qu'une langue régionale...

2- Une fois actée l'urgence stratégique de communiquer sur la vocation multilingue et européenne des trois DI et la volonté d'aller rapidement dans ce sens pour ne pas se faire dévorer tout cru, il faut cependant se garder de ne pas mélanger idéal de stratégie de communication et pédagogie multilingue.
La méthode Dalgalian n'a à ma connaissance pas eu en Bretagne( à l'époque de son développement) des résultats aussi probants que ceux avancés par ce linguiste. Il faudrait pouvoir en analyser les raisons. OR il n'y a en Bretagne A NOTRE PLUS GRAND MALHEUR (après 43 ans de multilinguisme breton !) aucun centre de recherche universitaire sur la pédagogie par immersion et par semi-immersion !!! En Bretagne (comme en France) les INSPEs et les facs de linguistique ou bien de sciences de l'éducation regorgent de toutes sortes d'universitaires chercheurs spécialistes du monolinguisme, MAIS RIEN, absolument rien sur le plurilinguisme à partir de la langue bretonne. Mais QUI DONC aurait intérêt à étudier les trois DI, à leurs donner de la consistance et révéler au grand jour l'excellence de leurs résultats ?
Pourtant seul un centre de recherche dédié à ce sujet permettrait d'étudier, et d'évaluer les nombreuses pratiques pédagogiques des trois DI, de divulguer telle ou telle singularité pédagogue de tel ou tel enseignant puis à terme de définir une ou bien plusieurs stratégies multilingues pérennes.
Mais rien de tout cela, les trois DI avancent depuis bientôt un demi-siècle (pour le plus ancien) sans éclairage scientifique notoire, avec de mon point de vue une part d'idéologie tant dans la pédagogie immersive que dans la pédagogie semi-immersive sous leurs formes figées . Ce centre de recherche dédié au multilinguisme breton permettrait de sortir des injonctions politiques et militantes basées sur le YAQUA, des fantasmes pédagogiques les plus variés, et de l'importation telle quelle et hors-sol de méthodes qui ont fait leurs preuves ailleurs (Canada, Pays basque) mais qui demandent juste à être adaptées et réinventées à la mode bretonne.
Avec des éclairages scientifiques «locaux», ces filières multilingues bretonnes et européennes émergeraient sur de solides bases et pourraient du fait de leur appui scientifique contrecarrer avec plus de force nos adversaires, ces mêmes personnes qui osent nous traiter de communautaristes repliés sur nous mêmes (et autres gros mots...en istes) alors qu'elles ont une vision Exclusive de La Culture, nous refusant, du fait de ce fallacieux privilège d'exclusivité légitimé par une pseudo-universalité, l'ouverture vers notre propre altérité bretonne au fondement même de notre ouverture sur le monde et de notre dignité. Un être humain libre et tolérant n'est pas un être humain qui exclue les cultures les unes des autres en posant des hiérarchies, c'est bien plutôt un être complexe qui inclue toutes les cultures et les langues qu'il appréhende, avide et riche d'agglomérat culturel. Qu'il est bien triste de n'être que français, qu'il serait triste de n'être que breton !
-Pour revenir sur le terrain de la pédagogie, ma petite expérience singulière d'enseignant sur le terrain qui n'est malheureusement corroborée par aucune étude sérieuse (mais qui est en mesure d'argumenter) me dirait :
Cycle 1 Maternelle : Français 30%+ progressivement langue minorisée breton 75% + sensibilisation à l'anglais(ou LV2)
Cycle 2 : Français 35% + langue minorisée breton 65% + initiation anglais 5% (apprentissage lecture breton puis français puis en fin d'année un peu anglais)
Cycle 3 : Français 35% + Langue minorisée breton 65% + initiation anglais 5%, sauf en CM2 ou on passe à 35/60/10 avec léger démarrage d'anglais en semi-immersif (Discipline Non Linguistique). NIVEAU DCL LV1 B2, LV2 A2
6ème/5ème : Français + LV1 breton + LV2 anglais en DNL + LV3 initiation
4ème/3ème : Français + LV1 breton +LV2 anglais en DNL indifféremment ds toutes les matières +LV3(espagnol, gallo, allemand, italien...) initiation + LV4 initiation en 3ème
Lycée général : Français + LV1 breton +LV2 anglais + LV3 en DNL indifféremment ds toutes les matières + LV4 (Arabe,Mandarin...) initiation + LV5 initiation en 1ère

-Enfin dernier point, je dirai qu'il est également plus qu'urgent d'organiser médiatiquement la dénonciation de l'incurie volontaire et séculaire de l'état concernant le breton et le gallo(l'opinion publique bretonne est de + en + favorable à nos langues), et que sans des états généraux imminents ainsi qu'un plan MARCHALL pour la décénie à venir, ces langues sont condamnées. Un plan MARCHALL pour soutenir l'enseignement des langues de Bretagne, avec un volet culturel (notamment véritables médias bretons en langues bretonnes et françaises !) + inclusion progressive du fait breton, notamment des langues, dans la RES PUBLICA , la CHOSE PUBLIQUE. Il y a un moment de vérité où il faut dire les choses telles qu'elles sont : soit nous sommes inclus dans la République, la chose publique, soit nous sommes exclus. Si nous sommes exclus alors cela signifie que nous sommes des parias, des sous-hommes privés de droits culturels d'histoire et de dignité, des citoyens de seconde zone comme les indigènes, la mauvaise conscience et la face obscure de la république, l'égalité de droits culturels et la dignité de tous est alors bien une fiction au pays des droits de l'homme, il faut le dire haut et fort ! LE BUDJET CULTURE DE LA REGION BRETAGNE = 20% DU BUDGET DE L'OPERA DE PARIS ! TRAWALC'H ! C'est juste insupportable quand nous sommes dans une telle indigence culturelle bretonne ! Nous ne pouvons plus rester regarder les trains qui passent en gare et qui ne s'arrêtent jamais in Breizh. L 'inertie et l'identité négative est bien le cancer que nous a inoculé la 3ème République, mais nous sommes maintenant immunisés. Bien que privés des conditions suffisantes et nécessaires à notre propre transmission culturelle, les temps changent, nous sommes dans des temps historiques où tout est possible, tout s'accélère, pour le pire comme pour le meilleur. Saisissons notre chance !
A galon
Hervé


Yannig Baron
Vendredi 15 novembre 2024
Permettez-moi de vous dire que je ne défend aucun des trois modes d'enseignement bilingue en immersion ou en semi-immersion. J'ai été par deux fois membre du comité des sages de Diwan (qui ne servait à rien car ne se réunissait jamais après son élection...) J'ai été à la base de la création de l'école bilingue de Brec'h avec Jean Claude lLe Ruyet, puis c'est moi ai lancé le mouvement dans les écoles catholiques en commençant à Vannes. J'ai seulement participé à environ 150 réunions dans les écoles pour lancer 60 des, 72 filières dans l'enseignement catholique des 5 départements bretons. J'ai aussi été à la base de la création et président de KSDS qui pendant très longtemps réunissait régulièrement les trois DI et l'Union des Enseignants de Breton.
Par ailleurs j'ai fait tout ce qu'il fallait pour rentrer en contact et travailler avec le Catalan Artigal avant de poursuivre ce travail de multilinguisme avec les Ikastolas du Pays Basqsue sud durant 15 ans environ. Les linguistes comme Dalgalian, Elorza ou Garagorri sont venu en Bretagne pour la première fois à mon invitation et d'autres encore.
Si, nous voulons sauver les langues de Bretagne il est plus que temps de se reprendre. Nous ne sommes plus il y a 20, 42 ou 100 ans. Le :monolinguisme et le bilinguisme sont déjà le passé et il faut passer au multilinguisme basé sur nos langues de base, les bretonnes, si nous voulons les faire revivre... Kenavo Yannig Baron
Kenavo Yannjig Baron

Krys44
Vendredi 15 novembre 2024
Je ne dirais pas «les faire revivre» , mais plutôt «continuer de les faire vivre» J'ai aussi une expérience d'enseignante et d'anglais , je mélange pas le phénomène linguistique avec tout ce qui l'accompagne ...
Enseigner une langue , c'est d'abord la respecter et aussi respecter les apprenants .
Pour notre gouvernement parisien , nous n'existons pas , tout simplement ! C'est d'autant plus pitoyable quand il s'agit de nos propres élus !

Jacques
Vendredi 15 novembre 2024
Tout cela est très intéressant.

Je suis également convaincu que l'avenir est au multilinguisme, sauf qu'à la différence de beaucoup je ne vois pas cela comme un ''progrès'' mais comme ''un retour à une situation normale''.

Ça peu paraître anecdotique, je pense que cette différence de perception est importante.

En fait sur cette planète, le multilinguisme est une banalité sans nom, c'était vrai en Bretagne jadis puis nous avons été ''civilisé''...

Je ne vais pas rentrer sur le terme ''semi-immersif'' que je trouve étrange, déjà que j'ai du mal avec le terme ''immersif'' qui s'il détient une réalité tangible, son usage actuel est presque devenu un moyen de clore tout débat.

Par contre, je parlerai du terme ''pédagogie''...
Il existe un mythe sur la ''pédagogie Diwan''...
Sauf qu'à Diwan il n'existe aucune pédagogie et c'est cela qui fait sa force : Chaque enseignant est extrêmement impliqué à titre personnel et toujours en perpétuelle remise en question sur son travail, l'échange entre les enseignants est également très fort : c'est à dire que si chacun des enseignants dispose de sa propre méthode d'enseignement, souvent les autres connaissent la pratique de l'un et de l'autre tous échange sur les points positifs et ceux qui le sont moins.

En fait, à Diwan, on considère que les professeurs sont des professionnels et qu'il n'est pas besoin d'un ''flic'' pédagogique à la Républicaine pour les diriger..

D'une certainement manière, on s'approche de la méthode finlandaise : l'école qui en Europe donne le plus de liberté aux enseignants, le moins d'heures de cours aux enfants mais qui obtient le plus haut niveau de connaissance.

Pour en revenir aux langues :
Oui, il faut trouver un moyen pour évaluer la performance de l'enseignement... Pas pour ''fliquer'' mais pour servir d'outil au dialogue...

Mais à mon avis, la première étape avant toute chose est de changer les mentalités archaïques des Bretons qui sont totalement pollués par l'idéologie Républicaine...

Apprendre des langues, c'est facile... c'est d'autant plus facile qu'on le fait jeune... mais il existe un impératif de bien les maîtriser... et pour cela il faut que la démarche première, avant toute les autres, soit le PLAISIR d'apprendre... :

- Apprendre sa propre langue (le breton pour nous : 1) parce que c'est la notre 2) parce que l'on va passer pour des ploucs face aux millions/milliards de personnes de cette planète qui parlent leur propre langue... (''je suis breton mais je ne parle pas breton'' : soit le meilleur moyen pour passer pour un inculte auprès de son interlocuteur même s'il a la politesse de ne rien dire... C'est mon cas, je suis un inculte et pas très fier et je sais que cela est choquant pour la plupart des personnes que j'ai rencontré au cours de ma vie: j'ai un peu voyagé...!).
- Apprendre 1 mais plus sûrement 2 voir 3 autres langues car c'est simplement la norme universelle (dans les siècles passés, dans le temps présent, et dans les années à venir...)... Être multilingue, c'est simplement une normalité depuis les débuts de l'humanité..!

Quand les Bretons, militants ou pas, auront compris cette évidence (il paraît que nous sommes ouvert sur le monde, aussi j'ai du mal à comprendre pourquoi c'est si difficile pour nous actuellement de comprendre cette réalité) tout le reste ira de manière naturelle (République, Banquer... ou pas).

Donc changeons les mentalités... et ça, ce n'est pas simple pour des Bretons pour la plupart ignorant de leur histoire et ignorant de la réalité du monde (ce qui est notre triste réalité actuelle au niveau national breton)!

PS : c'est hors sujet. Mais pour Hervé, je pense que vous confondez ''étatisme'' et ''nationalisme''... Les nations sont un concept vieux comme le monde et propre à l'humanité, l'étatisme est la main mise administrative dirigée par une minorité oligarchique pour imposer une identité artificielle à des peuples/nations différentes (on dit aussi ''état-nation'... mais ce n'est en rien du nationalisme, c'est exactement l'inverse, la confusion du mot au quotidien n'est pas sans raison). Je ferme cette parenthèse, elle aussi importante.

A galon deoc'h,


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