Né à Hennebont en 1950, Bernard Le Léannec, en poste à Moscou depuis 17 ans, sera de retour au pays pour Noël. Il est certainement aujourd'hui un des meilleurs connaisseurs de l'Église orthodoxe russe au sein de laquelle il connaît de nombreuses responsables avec lesquels il entretient des relations fraternelles.
Bernard Le Léannec avait été nommé en 1991 curé de la paroisse catholique de Moscou, Saint-Louis-des-Français. C'est par un oukase de Catherine II que fut donnée en 1789 aux Français habitant Moscou l'autorisation de construire une église, mais il fallut du temps pour réunir les fonds nécessaires et sa consécration ne put avoir lieu qu'en 1835. Après la Révolution d'octobre, toutes les églises de Moscou furent fermées ou démolies, et Saint-Louis des Français, située au 12a rue de la Petite Lubianka, fut un des rares lieux de culte restés ouverts. La nomination de son curé ne pouvait cependant être faite jusqu'en 1989 qu'avec la “bénédiction” de son encombrant voisin, le Guépéou, devenu ensuite le KGB, dont le siège se trouve à proximité immédiate. De nombreux visiteurs illustres passèrent dans cette église, dont le général De Gaulle le 3 décembre 1944...
Prêtre assomptionniste, le père Bernard Le Léannec a lui-même raconté les circonstances de sa “vocation russe”:
“En mai 1989, je fus envoyé en Russie par le journal La Croix où je travaillais comme informateur religieux pour accompagner le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, qui effectuait son pèlerinage à l'occasion du Millénaire du baptême de la Russie. L'Union Soviétique était alors engagée dans le processus de la pérestroïka et ses effets se faisaient ressentir dans tout le bloc de l'Est... Les fêtes de Pâques russes 1989 à Léningrad sonnèrent pour moi l'heure d'un nouveau printemps tant pour l'Église que pour la société au sortir de l'ère soviétique.
Je m'ouvris alors au cardinal d'un rêve un peu fou de venir passer une année sabbatique au contact de l'Église othodoxe russe...”
Des démarches furent bientôt entreprises et, en octobre 1989, le père Le Léannec reçut une invitation officielle à se rendre à l'Académie ecclésiastique de Moscou, située dans l'enceinte du grand monastère de Zagorsk (Serguei Possad) à 70 km à l'est de la capitale russe. Il y fit l'apprentissage de la langue russe tout en s'immergeant intensément dans la spiritualité orthodoxe et la beauté de sa liturgie et cela, au moment où des événements importants se déroulaient dans le monde extérieur : au début du mois de septembre, le père Alexandre Men était assassiné (le père Le Léannec allait participer à ses obsèques), le 9 novembre 1989, le “mur” de Berlin tombait tandis que le “rideau de fer” disparaissait, et le 1er décembre 1989, secrétaire général du Parti communiste d'Union Soviétique, Mikhail Gorbatchev, rencontrait le pape Jean-Paul II... Le père Le Léannec revint ensuite en France, très marqué par cette année passée au cœur de l'orthodoxie russe.
Le 6 août 1991, sur instruction de Monseigneur Tauran, secrétaire d'État au Vatican, Monseigneur Thaddeus Kondrusiewicz, administateur apostolique en Russie, l'avait nomme curé de Saint-Louis-des-Français à Moscou. Cette paroisse, fréquentée par des catholiques de nombreuses nationalités, dont beaucoup de Polonais et de Lituaniens, est redevenue très vivante aujourd'hui.
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