Une autre voie existe pour répondre aux grands enjeux de notre temps et envisager l’avenir d’un monde commun en pleine transformation : la promotion d’une alternative de progrès, celle de la République européenne des citoyens et des régions. C’est à partir de cette vision de l’Europe inédite que le Breizh Civic Lab souhaite offrir de nouvelles clés de réflexion et d’action pour la Bretagne.
Aujourd’hui, les décisions de l’Union européenne sont encore trop largement déterminées par les intérêts des États-nations, au lieu de viser le « bien commun » de tous. Or, les grands enjeux contemporains – sécurité, solidarité, et climat – ne peuvent être pensés et traités sans une approche forte et globale à mener au niveau européen.
Le débat sur l’Europe entre pro et anti-européens a longtemps été illustré par une opposition entre fédéralistes, envisageant un transfert de la souveraineté au niveau européen, et souverainistes, souhaitant qu’elle reste – ou revienne – au niveau des États. Pourtant, une nouvelle voie commence à émerger, celle d’une vision républicaine de l’Europe, qui n’opposerait plus nécessairement ces deux aspirations, mais qui replacerait le citoyen au cœur du modèle européen, quand aujourd’hui il en reste encore trop souvent à l’écart.
«Une autre vision politique de l’Europe est possible : une République européenne unie, décentralisée, démocratique et centrée sur le citoyen»
Le Breizh Civic Lab souhaite promouvoir la République européenne dont les valeurs l’ont aussi inspiré en vue d’imaginer une voie civique et républicaine nouvelle pour la Bretagne. Ainsi, l’Assemblée de Bretagne, que nous appelons de nos vœux, peut pleinement s’envisager en se conciliant avec une République française décentralisée ouvrant le chemin à une nouvelle République européenne des citoyens et des régions.
En savoir plus : Vers une République européenne des citoyens et des régions
- L’Europe, l’échelle politique du XXIème siècle
- La République européenne des citoyens
- L’émancipation des régions est irréversible
- Appel à la mobilisation pour l’Europe
A lire : en ligne / en pdf (3 pages)
A lire également sur ABP
■Des mots-clés qui fleurent bon la nov'langue («citoyen», «républicaine et urbaine», «pratique collective», «construction de l'intérêt général (sic)».
Quelle misère !
Voici un début de lettre que j'ai fait parvenir à Mme Guerot suivi de la réponse d'un de ses collaborateurs du moment.
merci de lire attentivement le paragraphe 5 = « Toute la difficulté...etc». Personnellement j'y devine le risque de donner la par belle à la citoyenneté européenne sans garde fou véritable pour protéger les peuples à l'intérieur de l'Europe.
Aussi, je pense que l'équilibre entre l' «universalisme de l'être humain» d'une part et la sauvegarde des «identités multiples» ne me semble pas du tout défini dans ce projet. La capacité à manier le «concept d'identité» amène à la logique naturelle de constater les différences culturelles de chaque peuple ce qui est considérée comme une sorte de racisme par les tenants de «Universalisme» et prétexte pour certains à vouloir à l'heure actuelle renforcer l'Europe des Nations et non pas considérer la notion de «Peuple» d'où cette dimension de «Régions» qui reste floue... La notion de «Peuple» doit autant être considérée que celui de «Citoyen» si non il y a risque d'une forme européenne de Jacobinisme. ( c'est bien le piège français que nous vivons depuis plus de 200 ans il me semble ). Considérer les différences n'est pas du racisme, c'est la hiérarchisation des différences qui est du racisme... Les scientifiques français du 19 eme l'on fait et, eux, étaient racistes... Le projet de Ulrike Guerot doit dépasser la notion de démocratie trop insuffisant pour assurer à mon sens la projection des relations citoyens européens et « régions» où « régions historiques ( ce qui est mieux mais encore timide) » vers un idéal qui devrait guider l'avenir de l'Europe : celui de la dignité humaine...d'un point de vue individuelle ET du point de vue des peuples. L'aspect juridique évoqué dans la réponse peut évoluer dans le bon sens mais aussi devenir un obstacle à la protection des cultures... Tout dépend des influences et aujourd'hui la position des peuples et toujours difficile...
Voici donc ma question à Mme Guerot
Quand je vous ai demandé, lors de votre conférence à Nantes, si vous aviez été à la rencontre des indépendantistes, votre réponse à été « je ne suis pas séparatiste ».
En disant cela d'une part et en citant le jacobinisme comme une réalité positive, vous vous éloignez considérablement du problème que vous soulevez pourtant, celui des relations entre les « régions périphériques » et les états-nations.
J'imagine que pour convaincre vous évitez de heurter les sensibilités dominantes.
Ce faisant vous construisez votre projet sur le point de vue interne à l'Europe ; celui qui nous gouverne depuis sa naissance et qui nous conduit à l'impasse; ce que vous expliquez, d'ailleurs, très bien. Cependant, vous ne recherchez pas le point de vue externe à l'Europe, précisément celui des nations périphériques qui n'ont jamais eu le droit à la parole parlementaire européenne. Cette situation fait que justement ces régions ont un point de vue externe à l'Europe puisqu'elles sont exclues des décisions. Elles n'en demeurent pas moins actives sur la conception d'une nouvelle Europe. Aujourd'hui les « régions périphériques » sont capables d'apporter un point de vue nouveau sur l'Europe... etc
Réponse de son collaborateur
Monsieur,
Je me permets de répondre à votre e-mail – dont je vous remercie – en lieu et place de Mme Guérot qui, ayant certes fondé le European Democracy Lab, ne peut plus y participer activement en raison de ses obligations professionnelles.
Vous énoncez dans votre long message beaucoup de choses fort justes et il n’est pas de mon propos de vous contredire quant aux méfaits du jacobinisme français et aux injustices qui en ont résulté pour les Bretons au cours des siècles derniers. Bien qu’ayant personnellement étudié en Bretagne, à Rennes, je dois avouer que je connais trop mal l’histoire bretonne pour me permettre ici un jugement définitif.
Ceci étant, je souhaiterais rappeler l’idée directrice qui sous-tend le projet de République européenne ainsi que son rapport avec la question des minorités et des cultures régionales dans l’Europe d’aujourd’hui.
Comme vous l’aurez compris, la République européenne telle qu’esquissée par Mme Guérot est, parmi les projets de réforme de l’Union européenne actuellement en discussion, celui qui est le plus critique à l’égard des États-nations et le plus favorable à l’idée d’autonomie régionale ; à la condition toutefois que cette autonomie ne se décline pas sous la forme d’un « séparatisme » au sens strict du terme – c’est-à-dire d’une revendication d’indépendance et de souveraineté reproduisant simplement la logique étatique et nationale au niveau régional – mais qu’elle se conjugue à un engagement clair en faveur de l’unification européenne.
Toute la difficulté de ce projet réside dans l’articulation d’une République européenne fondée sur la communauté juridique de l’ensemble des citoyens européens, d’une part, et de régions européennes aux identités multiples formant autant de communautés culturelles, d’autre part. Les États-nations se trouveraient ainsi « dépassés », si j’ose dire, par le haut aussi bien que par le bas.
Ce principe vaut du reste pour toutes les régions d’Europe, quelles soient « périphériques » (ce qui d’ailleurs ne signifie aucunement « externes » à l’Europe) ou « centrales », dotées d’une forte identité historique ou non, etc. Aussi notre point de vue est-il résolument européen et ne se limite ni à la question des revendications d’autonomie régionale en général, ni aux conséquences du jacobinisme français en particulier. Pour la même raison, il nous importe plus d’assurer l’avenir de l’Europe, qui est aujourd’hui sérieusement menacé, que de réparer les injustices passées.
Nous sommes tout à fait conscients de la difficulté de notre entreprise et nous voyons dans (toutes) les régions Europe autant d’alliés potentiels à notre cause. Aussi pouvez-vous être assuré de notre sympathie pour une Bretagne plus autonome dans une Europe plus unie.
Meilleures salutations.
Julien Deroin