LBDH : Yvan Colonna doit bénéficier d'un procès équitable

Communiqué de presse publié le 12/02/09 5:54 dans Justice et injustices par Michel Herjean pour Michel Herjean

Le procès en appel d'Yvan Colonna devant la cour d'assises spécialement composée de Paris s'est ouvert le lundi 9 février. Il faudra cinq semaines pour avoir une décision. En effet, Yvan Colonna avait été condamné fin 2007 à la prison à vie avant de faire appel. On l'accuse d'avoir assassiné le Préfet de Corse, Claude Erignac, le 6 février 1998 à Ajaccio.

En 1997, une gendarmerie en Corse-du-Sud à Pietrosella est attaquée. Les braqueurs y subtilisent une arme. Yvan Colonna est interpellé dans le cadre d'une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Le Préfet de Corse, Claude Erignac, est assassiné le 6 février 1998 à 21 h 05 à Ajaccio. Il est mort abattu de trois balles dans la nuque à bout portant. Le Beretta subtilisé à Pietrosella, est trouvé sur les lieux du crime.

Le 22 mai 1999 Didier Maranelli, Pierre Alessandri, Marcel Istria et Alain Ferrandi sont arrêtés. Didier Maranelli va livrer des noms dont celui d'Yvan Colonna, en fuite, comme étant le tueur du Préfet Erignac. Une version qui arrange toutes les parties même si elles ont des intérêts différents. Un militant interpellé a tout intérêt à accuser un autre militant en fuite ne serais ce que pour se protéger des fortes pressions effectuées sur lui pendant la garde à vue même si à posteriori ce n'est pas très moral. La DNAT de son coté a tout intérêt à entériner cette version surtout si le militant mis en cause a une grande influence dans le mouvement nationaliste corse. Et puis pour la police anti terroriste il faut bien trouver un coupable peu importe si c'est le bon, c'est le résultat qui compte.

Yvan Colonna va être arrêté près d'Olmeto le 4 juillet 2003, ce qui sera l'occasion pour le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy de déclarer à la presse : « L'assassin du préfet Erignac est arrêté », dépassant ainsi ses fonctions et passant outre la présomption d'innocence.

La cour d'assises spécialement composée de Paris condamne Yvan Colonna le 13 décembre 2007 à la réclusion criminelle à perpétuité. Son avocat évoque alors l'erreur judiciaire en affirmant que le dossier est vide de toutes preuves. Il fait appel de cette décision.

«Un réquisitoire des parties civiles avant l'heure par média interposés.»

Selon la loi, Yvan Colonna est toujours innocent. Il a le droit à un procès équitable. Malgré cela dès l'ouverture du procès les parties civiles s'épanchent dans les média en l'accusant ouvertement d'être l'assassin du préfet de Corse. Il faut faire pleurer dans les chaumières et faire grimper l'audimat. Interviewé dans les colonnes du Parisien et par diverses chaines de télévision, madame Erignac, la veuve du préfet assassiné, s'est dite confiante en la justice. « Une nouvelle fois, on recommence tout et jamais rien n'est acquis. J'attends de M. Colonna qu'il dise la vérité, qu'il reconnaisse sa culpabilité qui, pour moi ne fait aucun doute .Personnellement, je ne suis animée d'aucun sentiment de vengeance envers quiconque. La seule chose que j'attends, c'est la justice. » Son avocat est plus habile dans ses propos mais ses conclusions sous-entendues sont semblables.

«Le procès doit être équitable.»

La Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme qui veut s'assurer du droit à un procès équitable a envoyé des observateurs pour suivre le procès. C'est ce qu'elle avait déjà fait lors de la première instance du12 novembre au 14 décembre 2007. Au mois de mai 2008 elle publiait ses conclusions dans un rapport. C'est une condamnation sans réserve du fonctionnement édifiant de la justice exceptionnelle à la française.

Nous rappellerons simplement qu'un autre militant corse a avoué avoir abattu le préfet Erignac. Il a déjà été condamné à la perpétuité pour cela. C'était dans un autre procès sur l'assassinat du préfet.

Pour la L B D H , Michel Herjean


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