La Ligue Bretonne de Droits de l'Homme apporte son soutien au peuple tibétain, comme elle soutient tous les peuples qui souffrent de l'hégémonie des grandes puissances.
Nous nous posons cependant la question de savoir si toutes les voix qui s'élèvent aujourd'hui sur ce problème d'actualité à cause de l'ouverture des JO à Pekin, sont si sincères que cela, si désintéressées politiquement.
Ceux qui prétendent qu'il faut maintenir les JO afin d'aller « constater » de visu les problèmes qui se posent en Chine ne sont pas désintéressés. Leurs motivations sont sans aucun doute très éloignées de la défense des Droits de l'Homme. C'est le cas du Gouvernement de l'État français. En novembre dernier, «quand Nicolas Sarkozy s'est déplacé en Chine, le problème des Droits de l'Homme se posait déjà et la situation n'était pas différente.»
L'objectif de la visite en était bien éloigné. Nicolas Sarkozy était accompagné d'Anne Lauvergeon, présidente d'Areva. Elle a signé un contrat faramineux : la vente de deux réacteurs de deuxième génération EPR à la Chine, contrat considéré comme le plus important de l'histoire du nucléaire civil. «Il eût été indécent de parler des Droits de l'Homme à cette occasion ?»
La France, les États-Unis et la Russie, comme membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, ont besoin de la Chine dans cette enceinte sur plusieurs sujets. «Tous ces pays membres du conseil permanent ont tous leur droit de veto mais ils ont tous aussi leur Tibet.»
Pour la France, c'est le Darfour dont l'équipe Sarkozy s'est faite la championne et qui ne peut pas entreprendre grand-chose sur le sujet sans le soutien et la caution de Pékin. C'est aussi le Liban, «protectorat» français, où la Chine a accepté, à la demande de Paris, d'envoyer quelques casques bleus. C'est l'Iran, contre lequel «la France et les États-Unis ont réussi, il y a quelques semaines, à faire voter une nouvelle vague de sanctions avec l'appui de Pékin» et qui ne veulent absolument pas que ce fragile consensus se disloque.
Le Tibet de la Russie s'appelle la Tchétchénie. Mais là encore la France est mal placée pour faire des remarques, Nicolas Sarkozy étant l'un des rares dirigeants occidentaux à se féliciter de la manière dont les élections se déroulent en Russie, alors qu'Angela Merkel a, par exemple, un tout autre regard sur la question. Mais il est vrai que la Russie a du gaz à vendre.
Pour les États-Unis on a le choix. À ce jour c'est près d'un million de civils et 4 000 G I qui ont été tués depuis l'intervention américaine en Irak, au nom de Dieu et pour la paix. Une paix qui dans cette région a un arrière goût de pétrole et pas grand-chose à voir avec la défense des Droits de l'Homme. «Le monde sportif ne peut ignorer l'ensemble de ces faits, ou doit du moins prendre conscience que son comportement sera déterminant pendant ces jeux, puisqu'il semble bien qu'ils auront lieu. La flamme olympique est partie d'Athènes. S'ils ignorent la géopolitique, ils n'ignorent pas l'utilisation de leur image à des fins parfois très variables. Par eux aussi, l'image des jeux de Pékin peut être valorisée ou ... ternie.»
Pour la LBDH M. Herjean
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