LBDH : la santé de Denis Riou, prisonnier politique breton gravement malade du cœur, se détérior

Communiqué de presse publié le 15/07/08 2:49 dans Justice et injustices par Michel Herjean pour Michel Herjean

Monsieur Denis Riou doit être libéré. Aujourd'hui il se trouve en position légale de pouvoir bénéficier d'une libération conditionnelle.

Arrêté au mois de septembre 1999, il était libéré après 15 mois de détention provisoire dans la région parisienne, en attente d'un procès. Condamné fin juin 2005 à 7 ans d'emprisonnement il était réincarcéré le dix avril 2006 pour purger sa peine. Aujourd'hui il a donc effectué plus de la moitié de sa peine et cela même sans tenir compte des remises de peine dont il bénéficie.

Selon le Code de procédure pénale :« Sous réserve des dispositions de l'article 132-23 du code pénal, la libération conditionnelle peut être accordée lorsque la durée de la peine accomplie par le condamné est au moins égale à la durée de la peine lui restant à subir.»

Toujours selon le code de procédure pénal «La libération conditionnelle tend à la réinsertion des condamnés et à la prévention de la récidive. Les condamnés ayant à subir une ou plusieurs peines privatives de liberté peuvent bénéficier d'une libération conditionnelle s'ils manifestent des efforts sérieux de réadaptation sociale, notamment lorsqu'ils justifient soit de l'exercice d'une activité professionnelle, soit de l'assiduité à un enseignement ou à une formation professionnelle ou encore d'un stage ou d'un emploi temporaire en vue de leur insertion sociale, soit de leur participation essentielle à la vie de famille, soit de la nécessité de subir un traitement, soit de leurs efforts en vue d'indemniser leurs victimes.»

« Monsieur Denis Riou remplit ces conditions. »

Afin de l'aider à indemniser les parties civiles et améliorer son ordinaire il avait obtenu un emploi à l'atelier RJEP usinage à l'intérieur du centre de détention. Victime de multiples malaises cardiaques et faute de soins adéquates, il perd son emploi.

Suite à l'aggravation de son état de santé, il finit par obtenir une consultation en cardiologie au mois d'avril 2008. À l'issue d'un test d'effort à l'hôpital Bodelio de Lorient il est victime d'un malaise cardiaque (ischémie du myocarde) plus conséquent qui nécessite «son admission d'urgence en soins intensifs.»

Ses malaises sont provoqués par des spasmes coronariens, une maladie qui entraîne des risques élevés d'infarctus du myocarde, c'est ce dont il a été victime. Par chance, il se trouvait en milieu hospitalier et cet infarctus a pu être limité. Sa maladie ne se guérit pas mais nécessite un traitement et un suivi médical journalier adapté difficile à appliquer en détention.

En janvier 2008, Denis Riou avait demandé à bénéficier d'un placement en chantier extérieur en vue de préparer sa libération. L'administration pénitentiaire et le service de probation avaient émis des avis favorables à cette demande. Mais à la suite de son hospitalisation une expertise médicale était ordonnée. L'expert concluait : « son état de santé ne permet pas l'exécution de travail de force nécessitant une activité physique... Il reste apte à un travail sans ou avec peu d'efforts physiques, privilégiant ses capacités physiques et intellectuelles ». Le service de probation (SPIP) l'avait alors proposé pour un autre chantier qui n'impliquait pas de travail de force.

Le juge d'application des peines du lieu d'écrou émettait un avis très réservé sur cette demande de placement malgré l'avis favorable des autres parties appelées à se prononcer. La demande de placement en vue d'aider à la réinsertion est donc refusée. Contrairement aux autres détenus, le sort de Denis Riou en matière d'application de la peine dépend de deux juges. Un avis du juge d'application des peines du lieu d'écrou avant que la décision soit prise par le juge d'application des peines anti-terroriste.

« La LBDH demande la libération immédiate de Denis Riou. Son maintien en détention ne peut qu'aggraver son état de santé, le suivi de son traitement médical est difficilement effectué en milieu carcéral, le stress dû à l'enfermement et le manque d'activité sont des éléments majeurs aggravants dans l'évolution de sa maladie. Le risque d'une récidive d'un d'infarctus du myocarde est toujours réel. »

Nous mettons en garde les autorités compétentes sur l'issue fatale que peut occasionner son maintien en détention, d'autant plus qu'aujourd'hui il remplit les conditions légales pour obtenir une libération conditionnelle. Nous rappelons aussi l'intention de la garde des Sceaux de faire appliquer l'usage beaucoup plus large des aménagements de peine pour désengorger les prisons. C'était une des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy censée mettre la France en conformité avec la réglementation européenne.

Pour la LBDH M. Herjean


Vos commentaires :

Anti-spam : Combien font 5 multiplié par 7 ?