Voilà un titre bien provoquant en somme, en ces temps si sombres où chacun est affecté par les tragiques événements de la semaine dernière. Pourtant, ce roman d'Agnès Martin-Lugand résonne étrangement comme un cri d'espoir, comme s'il venait , presque à point nommé, nous livrer un message universel et touchant, faisant écho à nos attentes, nos doutes, nos limites aussi. Mais un espoir, certes.
Cet ouvrage empreint d'une grande humanité met en scène une parisienne, Diane, l'héroïne du livre, dans sa quête de reconstruction après la mort effroyable, brutale et prématurée de son époux et de sa fille.
La narratrice étant la protagoniste du livre, l'auteur utilise la première personne du singulier, créant ainsi avec le lecteur une sorte d'intimité, une relation propice à la confidence, à la compréhension, à l'identification.
L'espoir transparaît, mais il n'arrive vraiment qu'au terme du parcours complet, de ce long parcours de deuil auquel beaucoup d'entre nous sont confrontés en ces moments difficiles.
Le parcours est effectivement long, semé d'embûches, d'interrogations, de douleur aussi. Oh bien sûr Diane aurait pu se laisser aller à la dépression, mais elle montre un certain courage qui l'amène vers une transformation radicale. Une transformation salvatrice.
Et cette transformation radicale est amenée par un celte !
Un ténébreux Irlandais lui apportera une sorte de renaissance dans tous les sens du terme. La réparation émane aussi d'un lieu, l'Irlande où notre héroïne découvre le « Wild Atlantic Way- route longeant toute la côte ouest Irlandaise » comme le précise Agnès Martin-Lugand.
Le décor est planté et la manière dont le livre est rédigé fait penser à un scénario de film, un film dont les scènes se déroulent l'une après l'autre. Cette écriture cinématographique est propice à l'évocation d'une succession d'images, de situations, de personnalités. La fougue, la chaleur la qualité humaine des celtes constitue l'un des fils rouges de ce livre.
Enfin la citation que nous offre l'auteur en page 9 du livre peut être mentionnée ici (citation de Monique Bydlowski dans « Je rêve un enfant ») : « L'aboutissement d'un deuil normal n'est en aucune façon l'oubli du disparu, mais l'aptitude à le situer à sa juste place dans une histoire achevée, l'aptitude à réinvestir pleinement les activités vivantes, les projets et les désirs qui donnent de la valeur à l'existence ».
Ce livre pourrait bien être un roman dont nous avons besoin maintenant.
Sylvie Le Moël
(Article dédié à Géraldine ma cousine qui a perdu un ami, Gilles, au Bataclan le 13 Novembre 2015)
« La vie est facile ne t'inquiète pas »
Agnès Martin-Lugand
Edition Michel Lafon
ISBN : 978-2-7499-2386-4
Prix : 16, 95 Euros
318 pages
www.michel-lafon.com
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