La Russie post-soviétique : où en sont l'Ukraine, le Kazahkstan, les pays baltes ?

Communiqué de presse publié le 12/02/16 22:47 dans Politique par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin
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André Liebich, Ermine crbc

Le professeur André Liebich était venu de Suisse pour le séminaire Ermine CRBC.Il a brillamment illustré son propos de cartes et de faits très contemporains qui permettent de mieux appréhender une situation complexe et souvent paradoxale.

Il est issu d'une famille polonaise, né en Angleterre, a vécu au Canada et est enseignant depuis vingt ans en Suisse. Il se passionne pour la situation des minorités russes dans l'espace post-soviétique.

Même si le russe reste la «lingua franca» des anciens pays russes, la situation de ce grand pays (le plus grand État du monde), grande puissance nucléaire, qui compte aujourd'hui 140 millions d'habitants, dont 20 millions de musulmans, (l'Ukraine en compte 50 millions) est comparable, selon le conférencier, à la chute de l'Empire ottoman au XVIIe siècle, ou, plus récemment, à la chute de la Hongrie.

Du jour au lendemain, la Russie se réveille diminuée avec des minorités qui deviennent indépendantes. Comment peut-elle réagir ? Autant la neutralité de l'Ukraine proclamée en 1991 ne la dérangeait pas trop, autant sa volonté de rentrer dans l'Europe en 2013 a déclenché sa colère et le début des hostilités.

La Russie est le deuxième pays d'immigration au monde après les Etats-Unis. C'est un pays plus «prospère» que ses voisins. Les migrations internes sont fréquentes aussi, et c'est souvent la baisse du niveau de vie et les problèmes d'éducation pour les enfants et leurs perspectives d'avenir, qui poussent les habitants à changer de pays.

L'estonien est devenu la langue majoritaire dans l'enseignement en Estonie, la minorité russophone est passée d'un tiers à un dixième en quelques années. La double citoyenneté y est interdite, ce qui oblige les Estoniens français ou américains à choisir entre les deux.

La langue russe et l'ukrainien sont proches. Poutine parle de l'ukrainien comme d'un «dialecte». Les héros de l'indépendance resurgissent avec le conflit russe : Stefan Bandero est à la fois un héros de l'indépendance mais aussi un anti-héros (pro nazi, et responsable de l'extermination d'un grand nombre de Juifs), le génocide Holodomor (1930) est également invoqué comme provoqué par les Russes (Ukrainiens mourant de faim).

Les paradoxes sont cependant nombreux : les livres russes ne se sont jamais autant vendus alors que la capitale, Kiev, s'est «ukréanisée», avec une école presque exclusivement en ukrainien. On parle alors en français d'indigénisation de l'éducation (le mot en russe signifie «enracinement», jugez de la traduction...).

Une des explications du comportement de la Russie selon André Liebich, serait qu'elle est un ancien Empire et qu'elle se considère comme tel : la figure impériale persévère, son rêve, c'était l'unité à la française, avec une seule langue.

Même si Staline, Géorgien d'origine disait ne parler qu'une seule langue étrangère : le russe...


Vos commentaires :
Christophe David
Vendredi 22 novembre 2024
L'Ukrainien (la langue) est plus proche du Polonais que du Russe (je tiens ça d'ukrainiens qui parlent les deux langues)

A propos de la statue colossale de Kiev qui brandit un glaive et un bouclier, cette statue aurait fait scandale à Moscou lors de sa construction parce qu'elle est tournée de manière hostile (et armée) vers Moscou. Déjà à cette époque Kiev (et pas seulement l'est du pays) savait montrer sa différence.


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