La protection des lanceurs d'alerte existe-t-elle ? Le cas Houbé, témoin-clé de Kerviel

Appel publié le 20/03/17 11:58 dans Justice et injustices par La rédaction pour La rédaction

Philippe Houbé a été un témoin-clé de la défense de Jérôme Kerviel. Il a été entendu plusieurs fois par la Cour d'appel de Paris. Il a notamment affirmé que la Société générale a «chargé au maximum» le compte du trader en alourdissant la perte record de 4,9 milliards d'euros qui lui était reprochée en 2008.

Il avait déclaré avoir vu des comptes transférer des positions sur celui de Kerviel afin de «détériorer son résultat».

«Ils ont regroupé toutes les opérations perdantes du desk et l'ont chargé au maximum», affirma-t-il, chiffrant selon Libération à un milliard l'alourdissement des pertes imputées à Jérôme Kerviel. «Selon moi, la banque connaissait l'ampleur des engagements de Kerviel dès l'année 2007», ajoute le témoin. «A la fin 2007, [...] tout le monde était au courant que la Société générale avait pris des positions massives vendeuses. Et on se disait que cela venait en couverture d'autres positions devenues liquides à cause de la crise des subprimes». En juin 2016, nouveau témoignage décisif. Philippe Houbé contribue à réduire considérablement les dommages et intérêts réclamés à Jérôme Kerviel.

Depuis son premier témoignage, la vie de Philippe Houbé est devenue un enfer. Il aurait été licencié en représailles de sa courageuse déposition en janvier 2013. Philippe Houbé n’a jamais retrouvé un emploi. Comme beaucoup de lanceurs d’alertes, il prétend être blacklisté. La loi Sapin 2 qui protège les lanceurs d'alerte a été adoptée en novembre 2016 mais encore faudrait-il qu'il soit reconnu comme un lanceur d'alerte et non pas comme un simple témoin !

Sa mise au chômage aurait déclenché une cascade de conséquences graves : effondrement de sa vie privée ; dépression ; situation matérielle précaire : habitant un studio de 15 m2, Philippe Houbé vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté ; il touche les minima sociaux, sous la forme d’une maigre allocation, attribuée aux personnes ayant épuisé leurs droits au chômage. En plus il est tombé gravement malade.

«Bien que conscient du risque qu’il prenait, Philippe n’imaginait sans doute pas que sa vie allait ce jour-là basculer vers une implacable descente aux enfers. En effet, à partir de cette date, Philippe a perdu, au fil du temps, tout ce qui permet à quiconque de mener une vie personnelle et sociale décente y compris sa santé», écrit Reun Koupa, qui vient de créer un comité de soutien à Philippe Houbé (pour rappel, Reun Koupa, avait lancé le premier comité de soutien à Jérôme Kerviel, un enfant du Pays Bigouden).

Reun Coupa nous signale qu'une cagnotte a été créée sur le site Leetchi : (voir le site) .

«Au final, victime de son honnêteté, de son courage et de sa générosité, Philippe est le grand brûlé de l’affaire Kerviel. Il est en danger. Il a besoin d’aide. Et c’est urgent» écrit Reun Koupa.


Vos commentaires :
Monique Guelin
Vendredi 15 novembre 2024
Merci à Philippe Argouarch pour cet excellent article, qui résume bien la situation dramatique de Philippe Houbé.

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