Monsieur le Directeur,
Une fois encore, je reçois une enveloppe comportant une mention au stylo : le mot “straed”, “rue” en breton (“Street” en anglais ; “Straße” en allemand...), est entouré et un point d'interrogation a été apposé nerveusement en regard.
Je ne compte plus ce genre de mentions, de retards volontaires de courriers et de retours de vos services.
Or, à l'heure où :
- les employés de la Poste devraient massivement défendre les services publics que l’État suppriment au profit de l'Île-de-France (ceci est particulièrement flagrant dans la répartition des budgets publics et dans le développement des structures comme La Poste, les hôpitaux...) ;
- que les conditions de travail à la Poste devraient être une priorité à traiter (je pense particulièrement aux employés qui mettent fin à leurs jours à cause des conditions de travail) ;
- que votre grand patron touche l'indécent salaire annuel de 609.000 €.
Certains salariés de la Poste et directeurs préfèrent souligner leur appui à la politique de génocide culturel pratiquée par la France depuis plusieurs siècles. Cette même politique de concentration des moyens, des crédits à l'aménagement du territoire, des impôts, des actifs est liée à la cause bretonne en général. Défendre la langue bretonne participe du même combat que celui de la défense de services publics : c'est un combat pour vivre et travailler au pays.
Nous sommes en Bretagne, si vraiment il advint que certains salariés ne conçoivent pas que des Breton-ne-s souhaitent vivre debout chez eux, je vous invite à leur signifier que la terre est grande et qu'il existe sûrement d'autres horizons où ils se trouveront en osmose avec leurs principes.
En outre, je vous invite à mettre en place une véritable politique linguistique bretonne dans vos agences. L'apposition d'une signalisation bilingue (breton–français) et l'emploi de fonctionnaires brittophones étant des réalisations à mener prioritairement en ce domaine. L'impossibilité de mettre une telle politique en place, révélée par des responsables de La Poste, ne semblent pas tenir puisque la mise en place d'une signalétique français – arabe en Bretagne (Nantes), l'embauche de personnels arabophones, et le bilinguisme total des PTT dans les années 40 (français – allemand) n'ont rencontré aucun obstacle dans vos rangs.
Veuillez croire, M. Le Directeur, en l'expression de mes sentiments bretons les meilleurs.
Bertrand Deléon.
Franchement, ce n'est pas avec ces remarques «idio...» que l'on va vous prendre au sérieux. L'occupation nazie ne laissait pas vraiment le choix aux PTT.
Depuis le temps que la poste française est installée en Bretagne, elle aurait eu tout le loisir de prendre le breton au sérieux.
Pourquoi ne le fait-elle pas ?
Je pense que cela intéresserait plus d'un nantais...
Ma vez kinniget skritelloù en arabeg e tier-post zo, neuze e c'heller kinnig skritelloù e brezhoneg ivez, war un dro. Anat eo. Lec'h ma z'eus plas evit daou ez eus plas betek tri...Pez zo gwelet e bro Israël, da skouer, war panneloù-hent: hebraeg, arabeg, english.
Si une signalétique bilingue arabe-français est proposée dans certains bureaux de poste, l'on peut proposer une signalétique en breton aussi. C'est évident. Là où il y a de la place pour deux, il y en a pour trois... C'est ce que l'on peut observer par exemple sur les panneaux routiers, dans un pays comme Israël: hébreu, arabe, anglais.
Je viens d'entendre il y a quelques jours un discours commémoratif tenu par une responsable des Associations d'anciens combattants du Finistère.
Elle citait devant un public, attentif et expérimenté, des chiffres trop peu connus, relatifs à la Bretagne (5 départements; cela va de soi). La période du Débarquement de Normandie (printemps/été 1944), vit s’affronter dans la péninsule :
100.000 soldats Allemands
20.000 Résistants bretons
Les divisions allemandes jusqu'alors stationnées (mur de l'Atlantique) cherchaient à rejoindre le front de Normandie.
Le rôle des Résistants bretons fut bien sûr de freiner voire d'empêcher les mouvements adverses.
Malgré des moyens disproportionnés face à ceux de l'occupant, ils réussirent à être efficace. De sorte que les Allemands, très nerveux, ne se sentaient plus en sécurité dans la péninsule. Il en résultat, on s’en doute, un certain nombre d’atrocités dont la trace est profonde et encore vive dans les mémoires.
Les généraux américains reconnurent par la suite tout ce qu'ils devaient à la Résistance bretonne dans la libération de la Bretagne et, consécutivement, l'allègement notable (6 divisions en moins)de la pression allemande sur le front de Normandie.
Dans tous ces résistants, vous n'imaginez tout de même pas que la langue bretonne était absente! Elle octroyait même un avantage certain lorsque ce fut nécessaire.
Donc M.Yves A., évitez d'utiliser un vocabulaire erroné du type «mauvais goût», «insulte», et «langue des libérateurs». Votre fantasme est assez curieux, mais il trouve un démenti sur un article de l'ABP indiquant - avec force précision - que l'appel du 18 juin 1940 fut diffusé en breton à plusieurs reprises. Et ce n'est là qu'un témoignage particulièrement illustre...
Yes, the breton language was used during WWII either during General De Gaulle call from London or by the breton « Resistants » during their activities against the german army, occupying Brittany.
Ya, evel just, implijet eo bet hon yezh ma vefe pe dre Jeneral De Gaulle galv eus Londrez, peg ant ar Resistanted oc’h ober o labour a-enep al lu alamaneg, pa veze Breizh mouget dindan pouez ar soudarded-se.
Au contraire, la poste a fait le choix de ne pas prendre en compte le breton. Encore que nombres de lettre en breton arrivent à destination comme le dit Ronan Badouel.
En tout cas ce n'est pas ce genre de courrier aux arguments douteux qui risquent de faire bouger les choses. Aïta est plus démonstratif pour éveiller les esprit que M. Deléon.
A propos de Charrues, et même «Vieilles Charrues» (an Erer kozh), le premier festival en Europe par la fréquentation, un certain Bob Dylan s'y produit cette année 2012. Jamais entendu parler de Dylan, Springsteen et autres...?
Venez donc à Karaez (transcrit en Carhaix - on ne prononce pas le x, ni le h, pour votre information). Vous pourrez vous y aérer la tête. Aveliñ ho penn.
Et si vous avez une idée pour résoudre la crise, surtout n'hésitez pas. Ca peut intéresser 300 millions d'européens. Sans rire!
@JM Beck: Les résultats de mes recherches scientifiques, je les publie en anglais. Et ca paraitrait aussi incongru aux éditeurs de les recevoir en français qu’en breton. Alors vos leçons de modernité,JM Beck ce serait sympa de nous les dispenser en anglais. Si vous voulez le faire en français, ce serait plus cohérent d’utiliser votre vieux Minitel poussiéreux que les facilités de l’INTERnational NETwork (INTERNET).
Pour ma part, c’est plutôt le monolinguisme et l’intolérance linguistique de certains francophones (y compris à ce que je lis ici, celui de certains salariés de la Poste) que je trouve hors du temps.
Et c'est pour cela que vous nous demandez d'écrire en anglais?
Le breton est une langue quasi morte, c'est un fait. Pourquoi la sauver alors qu'il vaudrait mieux apprendre l'anglais, l'espagnol ou le chinois, langues d'avenir comme le français qui est une des rares langues où le nombre de locuteurs augmente rapidement.
« l'anglais, l'espagnol ou le chinois » et aussi « le français », mais d’extrême justesse, font partie disons des 10 langues qui servent à la communication au-delà de leur entité politique d’origine.
Cela dit, si l’on tient votre raisonnement, c’est-à-dire celui de l’efficacité économique, alors il faut d’urgence arrêter de parler français, et passer à l’anglais ou à l’espagnol. Mieux encore, il faut convier les pays devenus francophones par colonisation (Afrique, le français est déjà quasiment chassé du Viet-Nam), à faire de même. Cela au nom de l’efficacité économique et de la capacité la plus large possible à communiquer avec les différents continents. L’inverse serait mentir ou se voiler la face.
En réalité, dans votre remarque il y a autre chose, il y a l’absence de place pour la diversité et la différence. Il est vrai que la culture française n’y prépare guère. C’est justement pour cela que la culture bretonne est précieuse. Par sa simple existence – y compris et d’abord linguistique – elle amène à ne pas se laisser enfermer dans une construction idéologique politique, relayée par l’appareil scolaire. Aujourd’hui, personne en conteste la place du français dans l’hexagone (peut-être eût-il mieux valu que la Bretagne parlât anglais ou espagnol, ce qui eût été possible historiquement parlant. Mais il est plus facile de transporter une armée et d’envahir un pays par voie de terre plutôt que par voie maritime…). Aujourd’hui encore, même les plus rétifs commencent sinon à comprendre, du moins à admettre, qu’une langue celtique (donc bien différente dans son organisation expressive d’une langue latine) est une chance. Une chance technique ou intellectuelle, une chance affective, une chance audacieuse…
Demandez-vous pourquoi les petits pays européens (nouveaux pays de l’Est par exemple) tiennent tant à leur langue, quand ils en ont une…Vous les voyez-en retard, je les vois annonciateurs d’avenir.
Prenons les choses sous un autre angle, pour comprendre que la diversité, quel que soit son domaine, à un avenir.
La bio-diversité (naturelle)…Rien à démonter tellement cette évidence est acquise, au moins par les scientifiques.
Mais la diversité s’est imposée aussi là où l’on ne l’attendait pas.
Dans le domaine informatique, par exemple. Ce n’est pas l’homme qui est rentré dans un moule unique, mais – à l’inverse de ce que l’on aurait pu craindre dans les années 70’s ou 80’s – c’est la technologie qui s’est évertuée à s’ouvrir à la variété et à la diversité des cultures humaines…Et ce n’est pas fini ! La machine est faite pour l’homme, pas l’inverse. C’est ce qu’avait très bien compris Steve Jobs, considéré – à juste titre – comme un entrepreneur emblématique.
Dans le domaine automobile. Si un Henry Ford a pu dire aux débuts de l’ère de production en grande série: « les clients ont droit de choisir la couleur de leur voiture, pourvu qu’elle soit noire ! », les temps ont bien changé. Aujourd’hui , une voiture est construite APRES avoir été commandée. Et elle répond à des spécifications fines qui la rendent singulière, puisque le choix des options possibles fait que l’on peut même s’y perdre…
La diversité est une loi de l’univers. D’ailleurs la Bible (ancien testament) nous a déjà averti là-dessus. Ne pas le voir ou le refuse, c’est avoir vingt-cinq ou trente siècles de retard sur l’auteur biblique. Pas terrible…
Alors oui, le breton a tout son intérêt et toute sa place. Dans les maitresse-villes de la péninsule, dans les bourgs, sur l’internet et dans les médias. Vous verrez, les langues tardent à mourir parce qu’elles sont porteuses de vie ! Les langues sont plus tenaces que les préjugés. Ma ne z’a ket ar yezhoù da get, ez eo dre m’emaint o tougen ar vuhez…
La langue bretonne a pour elle la beauté de la phonologie, la magie de la construction syntaxique, le polissage des siècles…Sa renaissance passera par la restauration de la communication inter-individuelle (dans les familles qui en auront fait le choix, un choix qui n’est pas forcément exclusif) et par la visibilité sociale (médias, signalétique, etc…)
Bevet ar brezhoneg ! Ma vezo hir ha brav dazont hon yezh !
Ha trugarez d’ar vrezhonegerien ampart ha sioul a zo ret dezho gouzañv fazioù, lec’h pe lec’h, diganin. An aliesañ, en ur adlenn ar pezh zo bet embannet dija, e kavan traouigoù pe – gwashoc’h c’hoazh – traoù spontus. N’eo ket ken aes lenn ouzh ar skramm e pep mare (skuizder, hag all) mes dav eo din anavezout e c’heller gwelout levezon ur yezh all (galleg pe saoneg) a-wechoù, ivez….