La pétition en faveur de Leyla Zana déclenche des commentaires haineux... La campagne de signature

Communiqué de presse publié le 10/02/09 1:54 dans Politique par André Métayer pour André Métayer
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Leyla Zana "Prix pour la liberté de l'esprit" décerné par le Parlement européen
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Me Eren Keskin "Prix de la Paix" d'Aix-la-Chapelle pour son combat en faveur des droits humains
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"Notre Kadir " (photo G&J Bouthier)

«Teröre, terörizme ve vatan hainlerine lanet olsun. 30.000 vatandaşımızı öldüren bu gözü dönmüş insanlık düşmanı, uyuşturucu satıcısı katilleri savunduğunuz içinde siz de tarih önünde hesap vereceksiniz». (Que la terreur, le terrorisme et les traîtres à la patrie soient maudits. Et vous, vous aurez à rendre des comptes face à l'histoire, parce que vous défendez ces ennemis de l'Humanité, ces assassins sanguinaires et ces vendeurs de drogue qui ont tué 30000 de nos citoyens).

Cet «honorable correspondant» qui nous a envoyé ce «poulet» ne manque pas d'air au moment où le procès du réseau ultranationaliste turc «Ergenekon», qui secoue la Turquie tout entière, révèle des crimes épouvantables comme ceux de ses escadrons de la mort, accusés d'avoir fait disparaître nombre de militants kurdes, à Silopi, dans les cuves d'acide d'une compagnie pétrolière turque, la BOTAS, membre du consortium européen gazoduc Nabucco. Combien ? Nul ne le sait encore, mais c'est près de 10 000 personnes qui, depuis 1990, sont portées disparues, dont 5000 au cours de garde à vue.

Oui, à l'heure des comptes, nous serons fiers de pouvoir dire que nous avons apporté notre soutien aux «mères d'Istanbul», ces femmes de disparus qui, depuis 1995, occupaient, non sans risques, chaque samedi, la place Galatasaray, pour clamer leur douleur et réclamer justice.
Nous avions filmé, en mai 1997, cet impressionnant rassemblement au milieu duquel apparaît l'avocate Eren Keskin que Rennes et Douarnenez vont accueillir, en mars, dans le cadre des manifestations organisées à l'occasion de la Journée Internationale de la Femme.

Oui, à l'heure du bilan, nous serons fiers de pouvoir dire que, dès 1995, nous nous sommes rendus à Ankara pour protester contre l'incarcération de Leyla Zana condamnée à 15 ans de prison pour délit d'opinion.

Oui, nous serons fiers de pouvoir dire que nous avons pris la défense de «sans grade», de kurdes ordinaires comme Kadir, ce Kurde qui fut amené à quitter la Bretagne, faute d'un titre de séjour, et qui croupit au fond de sa prison d'Izmir dans l'attente d'une lourde condamnation pour des crimes qui n'en sont pas et qu'il n'a pas commis.


La Turquie a mal à sa démocratie et sa justice est l'expression de ce grand corps malade : il est tout à fait incompréhensible que la justice d'un pays candidat à entrer dans l'union européenne puisse requérir des peines de 10, 30, 50 ans et plus au seul motif que le justiciable est soupçonné de sympathie envers «une organisation séparatiste». C'est Suleyman Demirel, lui-même, alors président de la République qui admit, en 1999, que cette justice-là n'était ni impartiale, ni indépendante, et une étude récente de la Fondation des Études économiques et Sociales de Turquie (TESEV) relève que «plus de 60 % des juges estiment que leur rôle est de défendre l'État, bien avant celui de faire appliquer la loi ou de défendre les droits de l'homme.»

Ce ne sont pas les réformes «cosmétiques» du code pénal qui modifieront sensiblement la situation, à l'instar de la réforme de l'article 301 du code pénal, par exemple, qui consiste à remplacer «insulte à la turcité» par «insulte à la nation turque», à réduire les peines encourues et à requérir l'autorisation du ministre de la justice avant l'engagement de toute procédure judiciaire (!). Il ne faut donc pas s'étonner que Bekir Kaya, candidat DTP à la mairie de Wan (Van), soit poursuivi pour avoir utilisé, dans sa profession de foi, la lettre interdite W, que Aysel Tugluk, députée DPT de Diyarbakir, ait été condamnée, ces derniers jours, à un an et demi de prison pour «propagande» de la rébellion kurde, que Leyla Zana puisse, après l'audience du 31 mars, retourner en prison pour de longues années et que Kadir puisse écoper, le 19 mars prochain, d'une peine de 10 à 30 ans de détention.

Les«tribunaux de sûreté de l'État» (DGM) ont été théoriquement supprimés mais certains tribunaux, comme la Xe Chambre du Tribunal d'Izmir qui va juger Kadir, sont des tribunaux à «compétences spéciales» qui ont gardé les mêmes locaux, les mêmes méthodes de travail, le même personnel et les mêmes prérogatives que feu les DGM.

La démocratie doit avancer dans les textes, mais aussi dans les têtes.

André Métayer

• Pour prendre contact avec le comité de soutien à Kadir Dilsiz : 02 99 72 20 62.

• Pour signer la pétition en faveur de Leyla Zana, (voir le site)


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