Procès Kerviel /Société Générale
Après les plaidoiries de la Société Générale le 27 juin, suivent les plaidoiries de la défense le 28.
Or, que lit-on hier, dans Le Télégramme par exemple (source l'AFP, elle-même ayant source du service Com. de la Banque)
Procès Kerviel. « 5 ans ferme requis contre le trader » avec un sous-titre : « Pervers et manipulateur ».
Et ce matin, alors que la défense a plaidé, on s'attendrait à voir un titre du style :
Procès Kerviel « La défense demande la relaxe » avec un sous-titre : « Me Koubbi déclare que Kerviel est tellement gentil et correct qu'il s'en est fait un ami ».
Aujourd'hui rien, pas un mot sur le procès ; voilà l'info qu'on vous donne dans les journaux, c'est le retour de La Pravda ! Me Koubbi s'est d'ailleurs adressé à la presse en pleine audience à ce sujet.
Le comité de soutien y avait plusieurs représentants dont un groupe de Bretons. Un article suivra sur ABP avant le 2 juillet pour disséquer les arguments de la défense dans leur totalité.
On s'aperçoit d'ores et déjà que la presse retire les propos favorables à J. Kerviel : pas un mot sur les paroles de Me Koubbi concernant le fait que 35 fois la défense et J.K. ont demandé (arguments à l'appui) que la justice cherche les infos compromettantes pour la Banque dans les ordinateurs de la Banque = 35 refus.
Deux témoins, anciens de la SG, ont fait la même requête pour que la justice vérifie leurs affirmations concernant la machination anti-Kerviel de la Société Générale : aucune réaction.
Et enfin, on ne parle plus de la contre-expertise de la bande sonore trafiquée, enregistrée à l'insu de J.K., dont 40 % ont été effacés, enregistrement présenté par la SG comme des aveux de J. Kerviel.
Même un détail qui a son importance : à un moment, l'audience a été suspendue suite à un malaise de JK, dû selon la presse à la chaleur, alors que c'est l'émotion, l'écoeurement qui l'ont conduit à vomir...
Non, il faudrait garder de Kerviel cette image que la presse nationale a inventée pour justifier la sanction ? Un homme froid et cynique incapable de la moindre émotion ! Alors qu'il venait de dire tout le mal que ce procès lui avait fait et surtout à sa mère qui, depuis, est très malade.
■L’enjeu de cette affaire, c’est d’abord le mépris affiché (Bouton et sa société de confiance) par un établissement financier qui a une influence politique, économique et sociale immense , et le rôle scandaleux (2 mds seulement de pertes de subprimes et 4.7 mds pour J Kerviel en 2008) joué par cet acteur majeur au cours d’un tsunami mondial sans précédent ! Ensuite, il est hors de question d’accepter le mensonge d’incompétence de la direction générale ainsi que du management de la Société Générale qui, tonitruants, affirment n’avoir rien vu et rien su des lignes d’écritures colossales, plusieurs milliards d’euros en négatif puis en positif inondant les systèmes informatiques en quelques semaines au cours de l’année 2007 ! C’est cela que Maitre Koubbi a pourtant souligné dans sa plaidoirie.
Maitre Koubbi a démontré les délais anormaux pendant lesquels les opérations de J. Kerviel sont restées en base tampon, sans demande de contreparties associées. Maitre Koubbi s’est battu sur les chefs d’accusation : l’abus de confiance, les faux et usage de faux. Humaniste et courageux, il a su ouvrir la boite de Pandore en divulguant publiquement une information que les média taisent : l’existence de dossiers de réseaux.
Mais en pleine tourmente financière, comme dans l’antiquité grecque, cet établissement de premier plan jette son esclave dans la fosse aux lions, l’arène se gausse et en demande encore, et les média en tirent profit.
Il faudrait penser à l’avenir et enfin permettre à n’importe quel salarié de refuser l’injonction paradoxale : on autorise la fraude quand il y a du profit ; on accuse de fraude quand il y a des pertes ! Alors, on autorise ou pas ? De même pour l’exemple de la clé USB d’un commentateur plus haut, alors on autorise son utilisation ou non ? De même, un DRH a un contrôle Urssaf et signe la charte du cotisant contrôlé, il divulgue les factures ou pas ? Je ne serais pas exhaustive dans tous les détails de cette injonction, mais je rappelle que Jérôme Kerviel avait une position fortement créditrice fin 2007. Tous les autres traders ne respectaient pas la charte signée à l’entrée à la Société Générale avec la limite des 125 millions par jour qui était largement bafouée. Cela peut se vérifier. De nombreux traders utilisaient le système des opérations fictives, cela aussi peut se vérifier. Ce n’était pas nouveau puisqu’un seul trader avait été licencié pour cette raison quelques 20 années auparavant ! Mais contre la puissante banque forte de ses trois avocats, l’instruction laissant d’énormes points d’ombre, maitre Koubbi se défend seul. La partie salariée et anciens collègues de J. Kerviel est quasiment inexistante et la défense manque de témoins et de preuves.
La logique et le bon sens devenant la règle dans cette affaire, maitre Koubbi est obligé de s’en servir.