La mère du grand romancier périgourdin Eugène Le Roy était native de Nantes

Dépêche publié le 20/03/09 3:10 dans Cultures par Bernard Le Nail pour Bernard Le Nail

Il y a deux ans, les habitants du Périgord ont fêté le centenaire du romancier populaire Eugène Le Roy, mort à Montignac le 6 mai 1907. L'Agence Bretagne Presse a alors rappelé, dans une dépêche diffusée le 26 janvier 2007, que ce fameux romancier, auteur du roman «Jacquou le Croquant» (1900), dont une nouvelle version filmée venait alors de sortir dans les salles de cinéma, était d'origine bretonne.

On se souvient que c'est la télévision qui a permis à l'œuvre de cet auteur oublié de connaître à partir de 1970 une nouvelle grande célébrité. En 1970 en effet, la télévision française avait diffusé en plusieurs épisodes une adaptation de son roman «Jacquou le Croquant» par Stello Lorenzi qui avait connu une immense audience, mais personne n'avait alors évoqué un quelconque lien entre Eugène Le Roy et la Bretagne.

Grâce à Guy Penaud, ancien commissaire de police, auteur de nombreux livres sur la Résistance et l'occupation dans le Périgord et spécialiste de la vie et de l'œuvre d'Eugène Le Roy, on sait maintenant que le père d'Eugène Le Roy, Jean-Pierre Le Roy, était bien lui-même le fils d'un Breton, mais était né en Normandie, à Andrieux (Calvados) le 16 janvier 1808. La mère d'Eugène Le Roy, Modeste-Louise Desbois, elle, était née le 16 août 1805 à Nantes (Loire-Atlantique).

Partis à Paris pour y gagner leur vie comme domestiques, Jean-Pierre Le Roy et Modeste-Louise Desbois s'étaient retrouvés l'un et l'autre au service du comte de Damas (1785-1862), ancien ministre de la Guerre (1823), puis des Affaires étrangères (1824), parti en exil en 1830 et revenu en France en 1833. Jean-Pierre Le Roy avait épousé Modeste-Louise Desbois, à Paris, le 26 juin 1832.

À la belle saison, le comte de Damas quittait Paris pour aller habiter le magnifique château des ancêtres de son épouse, Hautefort, dans le Périgord. Il emmenait alors avec lui ses domestiques. Appréciant particulièrement ce couple breton, il en vint à leur confier la garde du château l'hiver, quand il regagnait lui-même la capitale. Le père du futur romancier, devenu régisseur du domaine, habitait alors avec sa femme dans le château et c'est ainsi que le petit Eugène-Gabriel-Victor Le Roy naquit le 29 novembre 1836 au château de Hautefort. Par la suite, le baron rappela ses parents à son service à Paris et l'enfant fut confié en nourrice à une paysanne du voisinage et il apprit à lire et à écrire à l'école du village d'Hautefort, à une époque où la grande majorité des enfants du peuple demeurait analphabète. Eugène Le Roy qui apprit le parler occitan du Périgord, semble n'avoir guère eu de contact avec le reste de sa famille demeuré en Bretagne et son œuvre a été fortement marquée par les souvenirs d'une enfance totalement périgourdine.

À l'adolescence, il rompit avec sa famille et partit à son tour en 1851 pour Paris, où il devint commis-épicier, il d'engagea dans l'armée en 1854, participa aux campagnes d'Algérie et d'Italie, comme Jean-Marie Déguignet (1834-1905) avec la vie duquel la sienne présente un certain parallélisme, en particulier dans son évolution vers un anticléricalisme de plus en plus radical. Il quitta l'armée, entra dans les contributions directes et devint aide-percepteur à Périgueux, puis percepteur à Montignac-sur-Vézère en 1871, consacrant une part croissante de son temps à l'écriture. Il fit paraître un premier roman en 1891. De 1892 à 1901, il fut percepteur à Hautefort et il s'installa ensuite pour sa retraite à Montignac où il mourut le 6 mai 1907. Lorsque fut créée la société félibréenne «Lou Bournat doù Périgord» à la fin de 1901, il en devint le parrain et c'est lui qui créa l'emblème de la société, mais il en démissionna en 1903 à la suite d'une manifestation religieuse ayant marqué la première félibrée


Vos commentaires :
Jean Claude Dugros
Vendredi 15 novembre 2024
Bonjour,

J'ai bien aimé votre article. Il est exact qu'Eugène Le Roy a été élevé chez une nourrice dont la famille et l'entourage parlait uniquement l'occitan. C'est la raison pour laquelle on retrouve dans l'œuvre d'Eugène Le Roy, les mots et expressions savoureux de ce parler qu'il maîtrisait parfaitement. J'ai eu le plaisir de traduire en occitan, en 2007, «Le Moulin du Frau», paru d'abord en feuilleton dans un journal périgourdin «L'Avenir de la Dordogne», d'avril à août 1891, puis publié en livre pour un public plus large. Le texte initial a été remanié avec des coupures et des ajouts. Ma traduction comprend l'intégralité du feuilleton et des ajouts ultérieurs.

Le terme écrivain «régionaliste» ne doit pas s'appliquer à Eugène Le Roy, car la profondeur de ses écrits vont largement au-delà de sa région d'adoption qu'il décrit magnifiquement, notamment dans «Le Moulin du Frau», «l'Ennemi de la Mort», Jacquou le Croquant", et dans d'autres ouvrages.

Amitiés occitanes du Périgord.


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