Le projet de loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification) en cours de discussion n’est qu’un ajustement technique de l’aveu même de ses promoteurs et ne contient rien de décisif pour étendre les libertés locales. Pire encore, un amendement au projet de loi implique l’obligation de l’adressage dans toutes les communes françaises, alors que cette obligation ne concernait que les communes de plus de 2000 habitants. Dans tous nos hameaux, souvent désignés par une dénomination en langue bretonne, il faudra désormais un numéro et un nom de rue. La technocratie avance toujours, elle et son irrépressible besoin de contrôle. La poste est à la manœuvre. Et bien sûr, ces nouveaux noms répondront d’autant plus à la commande du Pouvoir qu’ils seront en langue française, exalteront les plus grands français ou la diversité venue d’ailleurs. La menace pour notre toponymie bretonne est d’autant plus forte que l’on sait bien qu’une fois les noms de rue en langue française mis en place, la dénomination du lieu-dit en langue bretonne tombera peu à peu en désuétude. Comme souvent, c’est au nom des plus grands principes – décentralisation, différenciation- que les coups les plus rudes sont portés à notre identité bretonne. Le diable avance masqué. Le Pouvoir en place, d’essence technocratique, ne considère pas la protection de l’identité locale comme un objectif à poursuivre. Il s’agirait plutôt d’un obstacle à la mondialisation comme à la mobilité.
Pour nous Bretons, la menace est forte. Que nous reste-t-il si ce n’est notre toponymie pour nous rappeler que nous sommes différents, que nous formons un peuple ? Déjà, on n’entend plus parler nos langues sur la place publique. L’objectif poursuivi par la République visant à tuer nos langues est presque achevé. Et l’avenir ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. On n’enseigne si peu nos langues à nos enfants qu’elles semblent condamnées à une mort certaine, en l’absence de sursaut qui ne vient toujours pas. L’histoire de la Bretagne sur un siècle ressemble fort à une longue descente suicidaire vers les enfers.
Demain, en l’absence de réaction forte des Bretons et de leurs élus, nos maires procéderont à de nouvelles désignations de rue, sans trop d’égard pour notre toponymie, parce qu’il est plus facile de descendre la pente que de la remonter. Ils procèderont ainsi à l’image de l’ancien maire de Telgruc-sur-mer qui ne voyait absolument pas le problème. La région Bretagne a les moyens d’être proactive sur le sujet. Dans le « plan Marshall pour nos langues » avancé par la liste « Bretagne ma vie » figure l’établissement de la carte de l’ensemble de la toponymie historique de Bretagne, afin de la préserver et d’en développer son usage. Bien sûr qu’il est possible de résister et d’aller de l’avant. Le Conseil régional de Bretagne doit aujourd’hui négocier avec l’association des maires de Bretagne un code de bonne conduite en matière de nouvelle désignation de rue, afin d’employer avant tout nos noms de lieux, et dans nos langues. Aucun peuple n’est condamné à disparaître. Même pas le nôtre. Aux élus d’agir.
Yvon Ollivier
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■Malgré que depuis le début des années 70, soit cinquante ans, un certain nombre d’élus ont été élus dans différents conseils locaux, puis qu'à l’assemblée nationale un seul député se réclamant d’un « combat » breton enfin, siège depuis quatre années ! Au bout de ces cinq décennies nous avons pu, nous pouvons avoir une idée, observer, analyser, constater l’impact que tous ces élus ont eu sur le sort de la BRETAGNE; et peut-être, objectivement en tirer « déjà » quelques conclusions. Les plus fines je suis obligé de les laisser aux esprits les plus vifs, et aux intelligences et compétences les plus laborieuses !
Pour moi, tous ces élus qui se considèrent comme au service de la « BRETAGNE Bretonne » cautionnent de fait ces pratiques républicaines à la parisienne qui nous sont si néfastes! Les plus naïfs et sincères militants, ont persévéré dans leurs illusions, inutilement durant des années, puis pour une raison ou une autre se sont évanouis ou vivotent en divers endroits sans plus de résultats significatifs que durant les décennies écoulées.
Léna Louarn a tiré sa révérence dans l’ignorance générale des Bretons !
Les élus de service breton, entretiennent chez les Bretons l’illusion que par le biais de cette « participation » ils pourront infléchir, qu’ils disaient, ou croyaient, la politique régionale, nationale, départementale et communale en faveur du développement en de nombreux domaines en BRETAGNE.
Qu’en est-il donc aujourd’hui en basculant dans un autre demi-siècle ?
Quelle réponse donnez-vous au CELIB, à Michel Phlipponneau et son livre Debout Bretagne. 1970 ?
@ Killian Treguer, la nature a horreur du vide !!!
Que les Bretons se bougent dites-vous ? Les élus dont je parle plus haut n’ont jamais établi de lien réel, consistant avec les Bretons, avec le peuple breton ! Ils ne communiquent, ne répondent pas au peuple breton, et ce peuple ne leur demande plus rien, ne croit pas en eux ! Pour le « socialisme » en Bretagne ils ont… pardon ils avaient le PS-PC et Laguiller autrement plus prometteurs pour le social-confort et les allocs de toutes sortes, et pour le combat proprement breton, ils avaient les chants de Stivell, Servat, Le Fur, Glenmor et Grall etc ! Stimulant mais peu productif !
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux !
Les élus de BRETAGNE ne servent pas la BRETAGNE ils la gèrent sans résoudre ses problèmes, sans pouvoir la développer, sans rendre fiers les Bretons de leur pays à la vieille Histoire ! Ils bossent ces élus fantômes, pour leur casse-croûte, pour cette république et ses maîtres, mauvais serviteurs eux-mêmes de la France qu’ils conduisent dans le mur, au pas « décadencé » !!!
Les BRETONS n’ont pas d’élus, n’ont jamais eu d’élus, n’avaient pas besoin d’élus voués à l’impuissance par le « système » ! ! Ils avaient besoin pour seulement recommencer, d’un projet réaliste pour la BRETAGNE à imposer et pour lequel se battre ; et avec des meneurs qui leur en donne l’envie, non qui les vendent lors des élections! Ils savent, ces BRETONS qu’ils que ces élus n’auront jamais le nombre et le poids nécessaire, dans aucune des assemblées, pour faire évoluer leur pays comme ils le voudraient !
Il ne faut pas se tromper de combat. Il ne faut pas confondre une organisation «technique» et les entraves que l'on nous met à cause de l'article 2 de la Constitution. Et il ne faut pas non plus confondre adressage et dénomination des voies (y compris les lieux-dits).
L'article 52 du projet de loi 3DS est une avancée pour la souveraineté des communes en matière de source unique des informations voies-adresses. Car, justement, actuellement ce sont trop souvent des entités non légitimes (La Poste, Google, Here, Tom-Tom) qui dispersent leurs données dans les outils numériques. Avec cet article c'est la commune qui reprend la main, donc les élus. Ces futures dispositions ne sont que techniques et neutres. Et le multilinguisme est permis : nous y avons veillé. De plus, vous pointez les nouvelles dénominations (c'est important) mais le sujet est déjà le traitement du stock / de l'existant. Sur le stock l'existence de KerOfis (pour la zone bretonnante) est un atout extraordinaire.
Le besoin d'un adressage fiable a été mis en exergue récemment par le fibrage FFtH mais les manques étaient déjà là bien avant (1995 pour le plus ancien rapport parlementaire). Loin d'une volonté techno-structurelle c'est vraiment dans un souci de faire bénéficier aux habitants de services publics fiables que ces dispositions ont été conçues (ok : il reste l'étape décret d'application…). Disposer de bases adresses fiables pour les secours est également important. De plus en plus de maires sont interpellés directement dès qu'il y a un problème touchant à de l'adressage.
Ce que vous pointez ne concerne pas, je pense, l'adressage mais tout ce qui touche à la dénomination des voies et des lieux-dits. En la matière les élus ont tout pouvoir pour bien faire ou mal faire. On l'a déjà vu, notamment à Telgruc. Il existe cependant de nombreux guides et ressources documentaires ou gens de terrain pour faire en sorte de pérenniser et faire vivre notre patrimoine toponymique. Je suis donc en total accord avec la fin de ta tribune et, comme au Pays Basque, il serait opportun qu'un «programme» se mette en place. Travailler de concert avec les AMF départementales est une bonne idée. Et comme cela a fait l'objet d'un accord programmatique comme vous le rappelez : il semblerait qu'il «suffise» de lancer l'affaire.
A galon,
Maël REBOUX
Quelques ressources :
* Voir le site
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* la couche de microtoponymie des parcelles cadastrales : Voir le site