La Littérature en langue bretonne des origines à nos jours

Agenda publié le 25/05/24 15:59 dans Littérature par Pascal Rannou pour Pascal Rannou
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La littérature en langue bretonne, montage de noms d'écrivain(e)s par Jil Daniel

Les éditions des Montagnes Noires viennent de publier un ouvrage de 365 pages (22€), illustré, consacré à « La Littérature en langue bretonne des origines à nos jours ». Co-dirigé par trois universitaires rennais : Cédric Choplin, Myriam Guillevic, Tristan Loarer et par l’écrivain Pascal Rannou, ce livre imposant comble un manque. Aucune anthologie, aucun manuel de littérature en breton ne part des origines jusqu’à l’année 2024. Des auteurs et autrices très jeunes voient ainsi leurs travaux salués. D’éminents spécialistes de leurs domaines ont participé à cette somme : Hervé Le Bihan, Paolig Combot, Gwendal Denez, Glen Gouthe, Philippe Jouët, Mikaela Kerdraon, Goulc’han Kervella, François Labbé, Ronan Le Coadic et Fañch Postic.

Pendant plusieurs siècles, la langue bretonne a véhiculé une littérature chrétienne édifiante, composés de Vies ou de Miracles souvent prolixes mais qui se caractérisaient par une versification originale. Il faut attendre le XIXe siècle et l’irruption du «Barzaz Breiz» pour donner de l’éclat à une langue aussi méprisée que ses locuteurs par l’élite française. Après La Villemarqué, d’autres collecteurs comme Luzel rassembleront la matière d’une riche littérature orale. « Religion et foi étant sœurs en Bretagne », le clergé va lancer une série de revues comme «Feiz ha Breiz» ou «Kroaz ar Vretoned». Mais la presse édifiante s’avère un tremplin pour des auteurs qui ne se contenteront pas d’exprimer leur foi dans leurs œuvres : Calloc’h, ainsi, dont la voix est une des premières à toucher l’universel en breton.

Le XXe siècle voit ainsi l’émergence de revues («Spered ar Vro», «Brittia», «Dihunamb») et de talents individuels (Taldir, Herrieu, Malmanche) qui font naître un état d’esprit favorable à l’expression d’une littérature savante. Il culmine avec «Gwalarn», nom d’une revue et d’un mouvement qui va donner au breton les écrivains qui lui manquaient : Roparz Hemon, Youenn Drezen, Jakez Riou et bien d’autres. Après guerre, la source ne tarit pas, même si hélas les conséquences du linguicide perpétré en Bretagne par l’Etat français diminuent tragiquement le nombre des bretonnants.

Les revues fleurissent après-guerre : «Al Liamm», «Brud», engendrent de nouveaux talents, malgré les dissensions idéologiques. Le théâtre breton, qui a perduré contre les interdits, s’épanouit dans les années 80 avec quantité de troupes qui exploitent des problématiques contemporaines.

L’édition en langue bretonne persévère malgré la faiblesse d’un lectorat militant et la difficulté de concilier une langue cantonnée par volonté politique au monde rural avec les réalités du monde moderne, qu’elle exprime pourtant sans complexe.

Ce volume brosse le tableau d’une littérature ancienne et qui a encore de belles années devant elle, malgré le danger que représente la diminution des locuteurs.

Les meilleurs spécialistes des littératures celtiques et bretonnes se sont réunis ici pour célébrer une « matière de Bretagne » ancienne et moderne qui réserve bien des pépites à qui sait la solliciter.

La table des matières donnera, on l’espère, une vue du contenu et l’envie de le lire :

Avant-propos

Chronologie sommaire de la littérature bretonne (C. Choplin)

Première partie : La littérature bretonne au Moyen Âge

Du vieux breton (Ve-XIIe) au moyen breton (XIIe-XVIIe) (C. Choplin)

La période du vieux breton et des débuts du moyen breton (Herve Le Bihan) :

Les lais bretons, une littérature perdue entre traces anciennes et traditions tardives

De la littérature en moyen breton : littérature et société –

Entre tradition multiséculaire et contacts (Ivonet Omnes, F. Moeam)

Deuxième partie : Entre religion et divertissement (XVIIe-XVIIIe) (C. Choplin)

La littérature des prêtres (Maunoir, Le Briz, Marigo, Laurent Le Richou, la Bible)

La littérature de divertissement (Le Lae, Kerenveyer, Pierre Le Bruno)

Yann Gonan, Jean Conan (1765-1834) : simple copiste ou écrivain breton ? (Paolig Combot)

Le théâtre breton populaire : XVIIe-XIXe siècles (Goulc’han Kervella)

Troisième partie : Dans le sillage du Barzaz Breiz (XIXe) (Gwendal Denez)

De la littérature orale au patrimoine oral (Fañch Postic)

L’oralité littéraire et le collectage (Aymar de Blois, Mme de Saint-Prix, Penguern, La Villemarqué, Luzel, Le Huérou, Gab Milin, Narcisse Quellien, Anatole Le Braz)

Le théâtre du XIXe siècle (G. Kervella)

Littérature sur feuilles volantes : Yann ar Gwenn, Yann ar Minous, Ledan, Pennarun, Ch. Rolland, les imprimeurs) (Myriam Guillevic)

Bardisme rénové et « néo-druidisme » (Philippe Jouët)

Prosper Proux, le barde populaire (François Labbé)

Le bretonisme (Cédric Choplin)

Les revues et les écrivains des XIXe et XXe siècles (G. Denez) : «Revue de Bretagne et de Vendée», «L’Hermine» et le Parnasse Breton, «Feiz ha Breiz» (C. Choplin), les écrivains (Guillôme, Le Joubioux, Le Scour, Le Jean, Morvan, Inisan, Fañch Al Lae, Malmanche, Calloc’h)

Quatrième partie : Le temps du renouveau (Tristan Loarer) :

La langue et ses ruptures

La littérature et ses continuités : les revues, les genres littéraires

Du prisme temporel de l’ Emsav à une meilleure appréhension de la littérature : de l’Emzao aux Emsav.

Le théâtre du XXe siècle (G. Kervella)

Tanguy Malmanche, étranger dans la vie et quêteur d’absolu (Mikaela Kerdraon)

La seconde période de la renaissance littéraire bretonne (G. Denez) : Ernault, Vallée, Mordiern ; le renouveau bardique (Erwan Berthou, Taldir Jaffrennou), Herrieu, E. ar Moal, Filomena Cadoret (M. Guillevic)

La littérature vannetaise, reflet d’une société rurale et religieuse (XVIIe-XXe : lexicographes, traducteurs, auteurs, thèmes, genres littéraires) (Myriam Guillevic)

Gwalarn [1925-1944], premier souffle d’une littérature nationale (T. Loarer), Roparz Hemon (G. Denez et P. Rannou), Fañch Elies (G. Denez), Youenn Drezen (G. Denez et P. Rannou), Jakez Riou, Jakez Kerrien (P. Rannou), Kerverzioù, Meavenn, Fransez Kervella (G. Denez), Xavier de Langlais : le pinceau, la plume et la langue (Glenn Gouthe)

La seconde moitié du XXe siècle (G. Denez sauf indications entre parenthèses) : Glanndour, Kidna, Per Denez (T. Loarer), Ronan Huon, Youenn Olier, Abanna, Jarl Priel, Yeun ar Gow, R. ar Mason, P.-J. Hélias (P. Rannou), Youenn Gwernig (P. Rannou), Yann-Ber Pirioù (T. Loarer), R. ar C’halan, Naig Rozmor, Keineg (P. Rannou), Yann Gerven, Anig Renault, Kouliz Kedez, Mich Beyer, Bernez Tangi, Kristian Braz (Rannou), Mikael Madeg (P. Rannou), G. Kervella, Tudu Huon, Alan Botrel, Paol ar Meur (Rannou)

Une histoire de « Kleiz ha Breizh » : nommer pour dénoncer (T. Loarer) : Erwan Evenou, Y.-B. Pirioù, Y. Olier, Keineg, A. Duval, Abana, Klerg Llydaw, Marcelle Stephan, R. Hemon, Reun ar C’halan,

Anjela Duval aujourd’hui (Ronan Le Coadic)

Cinquième partie : La littérature bretonne aujourd’hui : revues, éditeurs, traductions et créations, genres littéraires)

L’édition littéraire en langue bretonne au début du XXIe siècle (C. Choplin) : revues, éditeurs, traducteurs (K. Braz, Anna Mouradova, Herve ar Beg, Mark Kerrain, Alan Botrel…), poésie (Youenn Kervalan, Youenn Brusk, Fañch Peru, Yulia Borisova, Louis-Jacques Suignard, Denez, Nolwenn Korbell…), théâtre (Ar Vro Bagan, Y.-F. Dupuy), bios (Hélias, Jorj Kadoudal, Hervé Burel, Dupuy), nouvelles et romans (Y. Gerven, G. Kervella, Yann Bijer, Lannuzel, Piarden, Erwan Hupel, Loeiza an Duigou, Mich Beyer…), contes (Daniel Kerjean)…

Le renouveau des troupes théâtrales en langue bretonne [1970-2024] (G. Kervella)

La littérature vannetaise d’aujourd’hui : entre rire et grincements de dents (David Ar Gall, Dominique Allain, Patrick Drean, Herri Ar Borgn, Yann-Charlez Kaodal, Yannig Audran) (M. Guillevic)

Les paysages dans la littérature jeunesse en breton : une littérature de jeunesse pour connaître le monde (C. Choplin et M. Guillevic) : Serj Richard, Maguy Kerisit, G. Kervella, Yann-Fañch Jacq, Jakez-Erwan Mouton, Armel Le Sec’h, Laurence Lavrand, Paskal Hervio, Mich Beyer, Kristian Braz.

Photos, Crédits photos, Index, Contributeurs


Vos commentaires :
Tourmen
Lundi 17 juin 2024
Merci de pour ce partage de Pascal Rannou, je ne manquerai pas d’acheter cet ouvrage (je vais consulter mes libraires normands)

Anne Merrien
Lundi 17 juin 2024
Je suis interloquée par le refrain de la chanson de la dernière Redadeg : «Redek a ran». J'ai le sentiment que les chanteurs se mettent en situation de courir et donc que «O redek emaon» conviendrait mieux (au progressif). «Redek a ran» s'emploie plutôt pour expliquer qu'on participe à la Redadeg tous les deux ans, c'est plus abstrait. J'aimerais me tromper, mais je crains qu'il s'agisse d'un gallicisme, la distinction entre le progressif et le duratif n'étant pas le fort de la langue française, à la différence de l'anglais.

Tourmen
Lundi 17 juin 2024
Merci de pour ce partage de Pascal Rannou, je ne manquerai pas d’acheter cet ouvrage (je vais consulter mes libraires normands)

Gerry
Lundi 17 juin 2024
Les deux sont corrects, mais la forme «Emaon o redek» (ou «O redek emaon») ne peut s'employer que si l'action est effectivemenent en cours au moment où je parle (je suis en train de courir), il faut donc savoir si c'est le cas en l'occurrence. «Redek a ran» insiste plutôt sur le fait que c'est «courir que je fais» et pas autre chose, après c'est le reste de la phrase qui donne les éléments de contexte.

Naon-e-dad
Lundi 17 juin 2024
L'ouvrage est en français .
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L'article ne dit pas si les citations ou extraits des auteurs cités sont en breton ou présentés dans les deux langues (breton avec traduction en français).
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Or, cette information est importante pour un ouvrage de ce type.
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Daoust hag e brezhoneg emañ ar frazennoù kinniget evit pep skrivagner(ez) ?

Pascal Rannou
Lundi 17 juin 2024
Demat Naonedad,
Alies eo lakaet e bzg hag e galleg frazennoù ar skrivagnerien/skrivagnerezd : evit A. Duval, R. Hemon, PJ Hélias, Y. Gwernig, toud ar chabistr diwar levrioù evit ar yaouankiz... A-wechoù n'eo ket: hervez an oberourien eo. Aes eo deoc'h welet barzh ul levrdi. Skrivet eo bet al levr-se e galleg evit an dud a ne oar ket ar bzg, pe un tamm bihan nemedken, med hag a zo dedennet memestra gant lennegezh e brezhoneg.
Bonjour Naonedad,
Les extraits des auteurs/autrices sont souvent écrits en breton et traduits: A. Duval, Hemon, Hélias, Gwernig, et tou(te)s les auteurs/autrices jeunesse du dernier chapitre. Parfois, seule la traduction est donnée: cela dépend des contributeurs. C'est facile à vérifier dans une librairie. Cet ouvrage est destiné aux gens qu i ne parlent pas breton, ou peu, mais sont néanmoins intéressés par la littérature en breton.
Trugarez, agalon, PR

Pascal Rannou
Lundi 17 juin 2024
Bonjour Naonedad,
Les extraits des auteurs/autrices sont souvent écrits en breton et traduits: A. Duval, Hemon, Hélias, Gwernig, et tou(te)s les auteurs/autrices jeunesse du dernier chapitre. Parfois, seule la traduction est donnée: cela dépend des contributeurs. C'est facile à vérifier dans une librairie. Cet ouvrage est destiné aux gens qu i ne parlent pas breton, ou peu, mais sont néanmoins intéressés par la littérature en breton.
Trugarez, agalon, PR

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