La liste « Bretagne ma vie » se prononce pour un recensement général de nos noms de lieux en Bre

Communiqué de presse publié le 26/03/21 2:37 dans Patrimoine par Daniel Cueff pour Daniel Cueff
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Comme en témoigne l’article du Télégramme daté du 4 février dernier – « ces lieux-dits obligés de changer de nom » – la pression ne ralentit pas lorsqu’il s’agit de débretonniser. Et pourquoi la pression ralentirait-elle ? Nous avons contre nos langues, le droit. Nos langues ne sont pas génératrices de droits mais ne constituent qu’un patrimoine, lequel peut fort bien disparaître si l’on n’y prend garde.

Mais la survie de nos langues affronte encore trop souvent l’indifférence. Il est des choses tellement plus importantes… Avant que l’affaire des noms de lieux de Telgruc-sur-Mer n’éclate au cours de l’année 2019, l’association EOST avait saisi le Président en exercice de la Région Bretagne, Loig Chesnais-Girard qui l’avait éconduite en lui rappelant que l’affaire des noms de lieux ne relevait que de la compétence communale. Ce n’est qu’après, voyant la pression médiatique grandissante, que ledit président de Région évoquera la question.

De même, le maire de Telgruc de l’époque n’a jamais vraiment compris où se situait le problème. Fort heureusement, le nouveau Conseil municipal de la même commune s’est inscrit dans le respect de notre toponymie bretonne montrant ainsi que Telgruc-sur-Mer se situe bien en Bretagne et non pas dans une banlieue éloignée de Paris. La Bretagne a tout à gagner au respect de sa singularité.

Mais surtout, comprenons que le temps joue contre nos langues, car nous subissons encore cette pression de la modernité, ce « haut-modernisme » évoqué par l’auteur James C. Scott *. Cet auteur nous démontre que l’Etat avance toujours par le droit. Et le droit, la norme n’ont d’autre objet que de nommer, de contrôler et de détruire toute forme de diversité, car du divers, naît la résistance. Cette philosophie « haut-moderniste » a sévi au 19e siècle. Nous lui devons cette joyeuseté que fut le colonialisme et la croyance en la culture et la langue supérieure. Mais elle n’est pas morte, cette idéologie. C’est elle qui ressurgit avec cette volonté de pouvoir apporter des colis au plus vite, à pouvoir tout repérer sur le GPS et sans la moindre entrave. Selon la loi de modernisation de l’économie de 2008, seuls les foyers disposant d’un numéro et d’un nom de voie pourront être raccordés à la fibre optique.

Rien n’a changé. Le progrès et la destruction de la différence marchent toujours main dans la main. Et de nous dire que la vie d’un homme ne tient parfois qu’à une toponymie bretonne, source d’erreur de localisation GPS ! Nous n’avons pas encore été assez culpabilisés dans l’histoire d’être ce que nous sommes ?

Il est choquant de voir des administrations imposer des changements de noms aux communes au nom d’une pseudo-modernité. Le rouleau compresseur avance, et il nous faut faire preuve de volonté pour opposer une résistance au « progrès ». Nous ne devons jamais reculer sur la moindre appellation traditionnelle. Nos maires sont en première ligne. C’est leur devoir impérieux de résister au nom de la préservation du patrimoine de l’humanité avec la même exigence que celle incarnée par la biodiversité. La diversité culturelle et la biodiversité subissent les mêmes outrages au nom d’une pseudo modernité. De leur protection dépend la survie de l’humanité !

Il est d’autant plus dommageable de céder qu’avec un peu de jugeote on s’aperçoit que le progrès se concilie aisément avec nos noms de lieux. Les machines ont des ressources qui permettent de se repérer dans toutes les langues. Et si tel n’est pas le cas et bien, c’est que ce n’est pas un progrès humain, et qu’il nous faut le rejeter.

Il n’est pas facile de résister au torrent, à la force des administrations et autres autorités revêtues de prestige. Certains d’entre nous baissent les bras, car on ne peut décemment toujours être sur la brèche, partout. Toujours, nous sommes en position défensive.

Et bien ne soyons plus sur la défensive ! La liste « Bretagne ma vie » par la voix de Daniel Cueff vient d’annoncer ce jeudi 4 mars, à Ouessant, la mise en œuvre d’une opération de recensement général et de mise en valeur de l’ensemble de la toponymie de Bretagne, dès la victoire aux élections régionales. Nous avons les vieux cadastres et la mémoire de nos anciens. Comme beaucoup, je sais encore le nom des champs de mon grand-père, sur lesquels s’entraîne aujourd’hui le Stade Brestois à Penhelen.

Il est temps d’aller de l’avant pour recenser, renommer, nous réapproprier enfin notre territoire de Bretagne, de soutenir nos langues bretonne et gallèse. C’est à la Région de s’impliquer et de mener cette opération en relation étroite avec les mairies. Rien ne nous empêche de créer cette base de données, la plus complète possible, en orthographe adaptée, et d’indiquer ces appellations à l’endroit même où elles étaient usitées par nos anciens.

C’est par le nom que tout commence non ?

*James C. Scott : « L’œil de l’Etat - Moderniser, uniformiser, détruire » - éd la découverte 2021.

Yvon OLLIVIER


Vos commentaires :
Anne Merrien
Vendredi 22 novembre 2024
Il me semble que ce recensement a déjà été effectué par de nombreux érudits.
N'attendons pas, finançons les panneaux.

Krys44
Vendredi 22 novembre 2024
Je ne pense pas , Anne , hélas ! Et on peut voir ici et là une «re-bretonnisation» sur les panneaux routiers , très louable mais qui montre que le nom de lieu authentique s'est perdu dans les méandres de la francisation des noms !
Comme aussi pour les patronymes !
Le Goal issu de Keroual . Quelle gymnastique !

Anne Merrien
Vendredi 22 novembre 2024
A St-Martin-des-Champs, des panneaux «bilingues» (bi-orthographiques pour la plupart) sont mis en place. Je pensais voir réapparaître l'ancien nom du château de Bagatelle (Carman), mais le panneau indique Bagatelle/Ar Bagatell. Je ne sais pas quels principes ont prévalu pour ces nouveaux panneaux.
Certes, les micro-toponymes ne sont pas tous recensés. Là où je vis, il y avait autrefois un verger. Comment retrouver son nom ?

Krys 44
Vendredi 22 novembre 2024
C'est EXACTEMENT ça le souci ! Quand re-bretonnisation n'est en fait qu'ajouter un «ar» devant le mot français . C'est seulement une ignorance de ce qu'il s'est passé avant ...
Pour retrouver les noms d'origines , vous pouvez prendre contact avec Yann-Ber Kemener d'ar falz-skol vreizh Tél: 02 98 62 17 20 . Ils pourront t'indiquer la manière de rechercher sur les anciens registres ...
A galon

penn kaled
Vendredi 22 novembre 2024
La signalisation bilingue est un problème ,car elle ne fait que palier à une francisation du nom breton et non traduire par exemple un lieu dit écrit en français en breton ce qui dans ce cas serait opportun .Par exemple Quimper ne devrait pas exister il suffirait de mettre Kemper donc dans ce cas le panneau monolingue suffit .Par contre pour an Oriant le panneau bilingue est justifié également pour villes de haute Bretagne .Il y a pire en particulier avec les noms de villages ,les ker , quand une seule lettre diffère ,en plus cela fait passer les défenseurs de la langue bretonne pour des pinailleurs ,alors que je pense qu'aujourd'hui il est plus urgent de sauver l'essentiel plutôt que des détails .En ce qui concerne les noms d'origine je suis tout à fait de votre avis .Ce serait un comble d'avoir les panneaux bilingues et de ne plus avoir de locuteurs .La langue bretonne aurait du rester celle des chantiers ,bureaux ,fermes ,et autres au lieu de s'enfermer dans un élitisme dont l'issue est incertaine .

Anne Merrien
Vendredi 22 novembre 2024
En l'occurence, l'ancien nom est connu, même s'il semble obscur : le «car» de Carman est-il un «kêr» ?Tandis qu'à la sortie de Brest, on trouve une direction L'Hermitage/Ar Peniti, à St-Martin-des-champs, le panneau «bilingue» d'un lieu-dit indique L'Ermitage/An Ermitaj. Tout cela n'est pas très cohérent.
Merci pour le contact.

Krys 44
Vendredi 22 novembre 2024
«Ker» est le lieu habité .
Il peut donc s'agir de concepts différents en langue française . Le problème réside dans le fait qu'on re- bretonnise à partir d'une traduction française souvent erronée du mot breton d'origine !
D'où le caractère indispensable de retrouver ces noms venus de la nuit des temps ...

Boned ruz
Vendredi 22 novembre 2024
Penn Kaled vous écrivez: «La langue bretonne aurait du rester celle des chantiers ,bureaux ,fermes ,et autres au lieu de s'enfermer dans un élitisme dont l'issue est incertaine ...» Personnellement je trouve plus intéressant et bien moins dévastateur de dire que ces deux pôles doivent être rapprocher pour fonder une réalité moderne à la langue bretonne: Il y a des raisons à cela. Cependant vous mettez en avant dans vos propos le fond du problème qui est un problème de personnes des deux côtés... Ce problème de personne est avant tout basé sur un choix politique qui apparaît en Bretagne avant la première guerre mondiale...

AFB-EKB
Vendredi 22 novembre 2024
Ya, ar washan tra a vefe da gaout anvioú-lec'h skrevet rik en Brezhoneg hag en Galleg ha «er memes koulz» kaout den'ebet gouest da gomz ha da gompren ar pezh 'vez laret en Brezhoneg.

Kostez Roazhon (Rahon) ez eus ur vandennig «integristed» hag a fell dezho trein «rik» , kuit da implij trefoedaj.
Diw skwerenn:
-war an hent trezek Pondi , us da Wened.
Trein «Le Poteau» gt. «Ar Poto» , lec'h gave gwechal « Lann gwenn».
-'tal kichen Trebeurden ( Bro Dreger) gaver «Le Corsaire» deuet diwar anv ur c'hafe troet «Ar c'horser» , lec'h an anv lec'hiadenn a oa Kroaz golo .

Ha sotoni sorse gaver meur a hini amañ hag ahont er Vro-ni.

Tiern e peb Amzer


AFB-EKB
Vendredi 22 novembre 2024
Ya , ar wirionez a zo gant «Penn kaled»:
ar washan a vefe kaout panelloú divyezhek kenahe...ha den 'bet da gompren ha lenn are re en Brezhoneg !
Tu a zo da lavarout ivez ez eus tud integristed, kostez Rahon ( Roazhon) hag fell dezho trein an anvioú-lec'h en un doare pitoyapl, gwech ha gwech all. Menegomp div skouerenn:
-kostez Gwened Le Poteau a zo bet troet en Ar Poto lec'h gave araog LANN GWENN.
-Kostez Trebeurden (Bro dreger) memes mod: ur c'hroaz-hent anvet KROAZ GOLO, deuet da vezañ Le Corsaire (anv un ostaliri 'tal kichen)a zo bet «troet» en Brezhoneg gant «Ar c'horser» !
Ha sotoni sorse gaver meur a hini aman hag ahont er Vro ni.

Tiern e peb Amzer


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