La leucémie bretonne.

Communiqué de presse publié le 5/08/13 14:01 dans Cultures par Simon Alain pour Simon Alain
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En 1972, Gilles Servat interprétait « An Alarc'h » en y parlant de « leucémie bretonne ». Cancer du sang ou de la conscience ? Dans notre précédent article, nous rappelons que le philosophe Descartes aurait affirmé à ses médecins suédois, au moment de sa mort en 1650, « qu'il leur fallait épargner (et non : préserver) le sang français ». Argument qui a permis aux intellectuels parisiens au 19e siècle de faire de Descartes « un Français comme eux ».

Notons cependant l'intelligence du philosophe. D'une part, ainsi que nous le mettons en évidence dans notre «Descartes et la Bretagne» (2011), Descartes aurait vite compris qu'il venait d'être empoisonné. D'autre part, il aurait vite déduit que ce n'était pas l'entourage protestant de Catherine de Suède qui était à mettre en cause, et plutôt le prêtre catholique de l'Ambassade de France : François Viogué.

Et si Descartes s'était adressé à ce dernier ? Au sens de : « je suis Français comme vous » (je parle la langue française), mais « pas comme vous » (je respecte nos différences). Et si le message avait été au final : « évitez d'éliminer ce que nous avons en commun : l'esprit (et, en fait, la vie) » ?

Car les lettres de François Viogué (publiées en 2010 par l'universitaire allemand Theodor Ebert) se passent de tout commentaire : « j'ai voulu envoyer Descartes en Enfer ». Et, au passage, l'empêcher de revenir en Bretagne ?

L'idéologie française (véritable « cancer de la conscience ») a toujours considéré que les Français devaient tous être « les mêmes » selon « un seul et unique modèle ». Quand la réalité (et, en fait, le bon sens) veut que, par leur histoire et leur culture, tous ceux qui parlent la langue française ne sont pas nécessairement « les mêmes ».

Le « détournement de conscience » (de même que « la confiscation de 1789 ») a fini par vicier le sang en Bretagne (ainsi que le dénonçait à propos Gilles Servat en 1972). Il s'agit, plus que jamais, de reprendre conscience.

Simon Alain.

P.S. : concernant notre précédent article, «Le Figaro Magazine» a présenté ses excuses. La philosophie est chose trop importante pour y être approximatif. Surtout quand il s'agit d'un philosophe «national», décédé «dans des circonstances troubles» il y a de cela «près de cinq siècles» :

- Cher Monsieur, je tiens à vous préciser que la citation sur la liberté de l'homme n'est pas le fait de M. Carraud, mais que j'en suis (malheureusement ) le seul responsable. La maquette de notre entretien exigeant deux accroches, dont l'une doit être très courte, je suis allé la chercher sur les sites internet. Manifestement il s'agit d'un contre sens. Sitôt après lecture, M. Carraud m'en a fait le courtois et ferme reproche. Merci, donc, de l'exonérer de cette faute. Bien cordialement à vous. Patrice de Méritens


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