Je ne raisonne pas en termes de chance, mais plutôt en termes de constat. La mondialisation, nous y sommes ! C'est un fait car les économies sont intégrées. La mondialisation est le produit d'un ordre juridique international qui repose avant tout sur les Etats-nations. Ce sont eux qui en sont à l'origine, par volonté ou par faiblesse devant les forces de l'économie et de la finance. Qu'on le déplore ou non, il nous faut donc nous débattre. Il y a des territoires qui s'en sortent bien lorsque d'autres périclitent.
La mondialisation, c'est le mur contre lequel s'écrase le système juridico-politique français. Le système français était redoutable à l'ère des Etats-nations. Aujourd'hui, c'est un poids dont la France paie le prix fort. Je ne pense pas qu'il y ait grand avenir pour les sociétés tournées contre leur diversité, leurs territoires et donc contre les hommes dans la mondialisation et la concurrence qu'elle génère. La France souffre d'une sphère publique hypertrophiée que nourrit le besoin de protection et de grandeur. Elle ne parvient qu'à se réformer en surface, jamais en profondeur, lorsque les autres Etats nations le font. Elle ne peut résoudre ses contradictions que par une pression fiscale accrue et l'endettement, car elle manque cruellement d'unité.
Quant à la Bretagne, comment pourrait-elle réussir lorsque son territoire demeure coupé en deux, que la fracture entre l'est et l'ouest est appelée à s'intensifier avec la métropolisation ? La Bretagne en tant qu'institution est un nain politique et juridique qui ne dispose pas des leviers du développement. Dans ce système centralisé, la Bretagne n'est qu'une variable d'ajustement au service d'autres intérêts. Et pourtant, elle a des atouts inestimables avec sa géographie, ses ressources maritimes et l'esprit d'initiative et de solidarité de sa population. Vu de l'étranger, on se demande pourquoi la France est incapable d'oser la Bretagne…
J'essaie d'être lucide. Les Etats ont renoncé au contrôle politique de la finance internationale. Une fois passée la crise financière, les habitudes spéculatives ont repris comme avant. L'Etat protège de moins en moins. Le système de protection social français se délite sous nos yeux. Je pense que la seule manière de réguler la mondialisation de l'économie et d'obtenir une protection sociale décente se situe désormais au niveau supranational, ce qui suppose d'importants transferts de souveraineté. Il faut reconstruire un ordre juridique international, plus multilatéral et démocratique et mettre fin au concert des nations qui entrave toute avancée protectrice. C'est la même chose au niveau européen. C'est par plus d'Europe que nous pourrons restaurer une concurrence loyale et mettre en place un socle social protecteur commun.
Il y a en France un fort besoin d'unité car elle en manque. La nation construite historiquement contre sa propre diversité, sous l'égide des plus hautes valeurs -l'égalité, l'universel- aboutit logiquement à l'inverse du résultat recherché avec la formation progressive d'une élite - une sorte d'aristocratie républicaine- coupée du peuple comme vient de l'illustrer encore l'échec de la réforme territoriale.. Dit autrement, la République a perdu ses vertus émancipatrices mais fonctionne sur le mode de l'incantation pour mieux préserver des rentes de situation sociale, économique, culturelle et aussi politique.
Or la seule manière de réunir les hommes en France, ce n'est pas sous l'égide de l'unicité ou de l'éradication de tout ce qui dépasse, mais par la vertu émancipatrice des grandes valeurs à retrouver. C'est tout l'enjeu de l'intégration. On n'intègre jamais que lorsque l'on ne doute pas de soi, de ses propres valeurs. La France, nation politique ne peut être que du côté des valeurs.
Or aujourd'hui, nous avons la France de la crainte et de l'unicité, en laquelle la diversité humaine ne peut se retrouver. Cette France unicité déshumanise à petit feu et ne créée pas d'unité, juste une forme de totalité qui nourrit la haine. Pour moi, la République doit libérer, émanciper, au risque de bousculer les rentes de situation. Elle doit avoir confiance dans les hommes et les territoires. Il ne sert à rien d'avoir une République qui marche au pas lorsque son école est en échec total sur le terrain de l'égalité des chances. Il n'y aura pas plus d'unité, bien au contraire.
Je me considère avant tout comme un militant du genre humain. Car la domination culturelle, économique, territoriale et sociale que nous subissons en Bretagne est de celle que l'on n'aborde pas facilement. C'est un peu la face cachée des choses, l'impensée ou l'impensable. Et je reste persuadé que l'humanité, si elle veut se donner quelques chances de paix voire de survie, doit penser l'impensable. Dit autrement, il revient à chaque nation de penser sa face sombre, car elles en ont toutes une. Il leur revient de penser toutes les formes de domination surtout lorsqu'elles s'inscrivent dans les fondations du droit. En fait, je me demande comment peut-on ne pas être militant breton lorsque l'on est soucieux du lien entre les hommes et de démocratie comprise comme empathie ou respect des droits fondamentaux.
Pas du tout. Il n'y a aucune référence à chercher de ce côté-là. Les travaux anti-bretons de Françoise Morvan ne m'intéressent pas, hormis la virulence et la haine qu'elle voue à son identité bretonne. Car là on touche à quelque chose d'important. La haine qu'elle voue à son identité bretonne et donc à elle-même, trahit un rapport d'aliénation singulier, et toute la violence psychologique qu'a subie notre peuple et qui se traduit par un processus de retournement contre soi dont nous n'avons pas encore pris toute la mesure.
Nous avons fait l'apprentissage de la démocratie avec la France, sur le mode de l'indivisibilité de la souveraineté nationale, mais le moment est venu pour nous d'aller plus loin car la démocratie désormais tourne à vide. Elle nous est pour ainsi dire confisquée, comme vient de l'illustrer cruellement la réforme territoriale. Nos élus se bornent à soutenir les décisions de la centralité au lieu de faire remonter les aspirations du peuple. Le principe démocratique repose sur la séparation que procurent des formes de reconnaissance statutaire, qui doivent permettre à chacun de prendre les décisions qui ne concernent que lui. Je rêve d'une Bretagne dotée des compétences lui permettant de développer son territoire, de sauvegarder ses langues et culture, bref de faire entendre sa voix singulière.
En Bretagne, nous avons conscience des enjeux liés à la sauvegarde de notre culture et au développement de notre territoire, mais nous n'avons pas les moyens légaux de réagir. Au niveau planétaire, les hommes ont conscience des dangers qui menacent la survie de l'humanité, mais ils n'ont pas les moyens légaux pour prendre les décisions appropriées. Dans les deux cas, c'est l'indivisibilité de la souveraineté qui est en cause. Seul le partage de la souveraineté, en permettant aux hommes de prendre les décisions qui les concernent, au niveau adapté, permettra de changer la donne.
Je crois que l'avenir de l'humanité est au partage. Au partage des ressources, des connaissances, comme au partage de la souveraineté. Il n'est rien de pire que les notions d'absolu, d'indivisibilité, ou d'unicité. Avec ces concepts-là, nous sommes sur le versant de la totalité, et non sur celui de l'unité.
■Il est important que ce discours fasse écho et résonnance en Bretagne!
Juste un point :
«La haine qu'elle voue à son identité bretonne et donc à elle-même, trahit un rapport d'aliénation singulier, et toute la violence psychologique qu'a subie notre peuple et qui se traduit par un processus de retournement contre soi dont nous n'avons pas encore pris toute la mesure.»
Je crois savoir que F.Morvan hait la Bretagne mais l'aime également... Ce qui à des degrés diverses est représentatif des Bretons aujourd'hui!
La France et sa République à contrario est devenu un sujet d'amour obligé, probablement pour ne pas trop haïr cette France qui pour sa grandeur soumet la Bretagne à l'inacceptable d'une non existence!
Alors, comment mettre fin à cette aliénation singulière?
Puis comment guérir d'une telle violence psychologique, une fois la mesure prise...?
(Car il nécessaire que la volonté de reprendre notre place en Europe soit notre médicament mais dans le respect de nos partenaires comme de nous-même!)
Le drame des emzaverien face à Françoise Morvan, c'est qu'ils ne maîtrisent plus les fondements idéologiques de leur propre mouvement. Ils ne comprennent plus que le nationalisme breton ne tient que si l'on a une conception ethniste de la nation. Ils sont attaché aux conceptions françaises qui voient la nation comme une création artificielle de l'État. Comme ils réécrivent leur passé à leur image, ils sont scandalisés quand on leur rappelle la vérité historique : que de Yann Sohier à Loeiz Herrieu, tous nos prédécesseurs exaltaient la race.
Le plus comique, c'est que Françoise Morvan non plus ne comprend pas les fondements de son idéologie. Toutes l'½uvre de la Révolution a été une ½uvre libérale. Le libéralisme qu'elle combat est venu accomplir le rêve des bourgeois exaltés de 89. Seul l'ethnisme peut arrêter la mondialisation.
Ce qui est un problème... pour eux.
Ces gens vivent avec l'aide de l'Etat français, ce qu'ils protègent, ou croient protéger, c'est leurs subventions et leurs allocations. On ne crache pas dans la main de qui vous nourrit. Ce sont au fond des fonctionnaires de la culture.
Et ces gens trouvent normal que l'Etat français veuille éradiquer le breton et quelques autres langues ? Que le breton soit quasiment exclu de l'école, comme l'est l'histoire de la Bretagne ?
Françoise Morvan fait tout ce qu'elle peut pour empêcher la ratification de la Charte des langues minoritaires, qui ne concerne pas que le breton et le gallo, mais beaucoup d'autres langues.
Je serais d'ailleurs curieux de savoir qui sont ces «acteurs culturels», ces «artistes», qui se retouvent dans Françoise Morvan.
Je connais plutôt des artistes et des gens en général qui soit la connaisse peu ou mal soit ne s'y retrouvent évidemment pas dans ses «écrits» !
Bien sûr que M. Treguer a le même thème. Mais la psychanalyse aussi bien avant.
Françoise Morvan est une artiste de valeur typiquement bretonne. Les artistes sont tous sensibles, elle règle des comptes avec son enfance. Elle et son oeuvre restent dans le monde des enfants.
Je vois que [Pôtr ar skluj] touche aux tabous. DENI DE SOI MEME et bien sûr contradictions.
F. Morvan est une personne qui oscille en l'adulte et l'enfant. L'amour haine. Elle n'a pas la maturité pour analyser le cynisme du pouvoir dans le monde. Ses articles sur l'histoire ou la politique n'ont pas de valeur pour moi. C'est vrai que le médias ne donnent la parole qu'aux artistes.
L'historien scientifique actuel doit se cacher dans les universités. On interdit Brian Sykes d'Oxford en français.
Quand on est fort on doit être capable de tout entendre sans hystérie. La France est très faible, je ne vois plus de différence entre Hollande et le Pape, l'Elysée me fait penser au Vatican. Je ne tiens pas 5s à écouter les politiques français, je coupe immédiatement.
---
Plus concret. Quand j'étais étudiant. La tendance naturelle était de se regrouper entre breton à Paris.
De mémoire les opinions politiques du groupe étaient les suivantes :
- un catholique fervent de droite.
- un communiste assumé.
- un FN bretonnant.
- quelques sympatisants UMP
- quelques sympatisants socialistes.
Les affinités n'avaient absolument rien à voir avec les opinions politiques ou plutôt par opposition. Mon père socialiste convaincu pour la vie s'ennuit avec un socialiste, j'ai même remarqué que ses meilleurs amis votent FN. C'est ainsi qu'on forme une nation.
Ce n'est plus possible en France. Tout le monde se cache. Je vais changer de nationalité.
Les Bretons qui achetaient du vins aux Français pour le vendre aux Anglais,
les Bretons qui achetaient des graines de lins en Lituanie pour en faire des toiles et les revendre aux Amériques,
les Bretons qui péchaient aux Amériques (avant qu'elle ne soit découverte) puis vendraient leurs poissons en Afrique du Nord pour acheter des épices qu'ils revendraient en Europe du Nord pour acheter des graines de lin (ce qui est l'origine véritable du commerce triangulaire inventé par les Bretons)...
Ces Bretons là, ils ne disaient pas qu'ils étaient «contre» la Mondialisation, ils «étaient» la mondialisation!
Que d'eau a coulé sous les ponts depuis...!
Heureusement qu'ils nous restent Ubisoft (premier groupe mondial breton) et que les cockpits d'Airbus construit pas les Bretons et qui volent autant en Chine qu'en Amérique!
La mondialisation, c'est la possibilité de se déplacer, de commercer avec le plus grand nombre, c'est une chance aussi pour certains pays de sortir de leur condition. De ce point de vue, oui, la Bretagne a des choses à y gagner : tant sur le plan économique pour vendre ses productions, que sur le plan culturel.
Mais la mondialisation, c'est aussi la spéculation, la possibilité d'éviter les taxes et impôts avec une fraude fiscale qui remet en cause les modèles sociaux évolués, c'est la main mise sur des pans entiers de l'économie par des entreprises qui n'ont de cesse d'unifier les identités et les cultures pour faire du monde un marché de consommateurs achetant les mêmes produits, écoutant les mêmes musiques, regardant les mêmes films... et de ce point de vue, l'identité et la culture bretonne, même si elle résiste plutôt bien, est à terme condamnée à disparaitre. Sans relancer le débat sur Françoise Morvan qui n'est effectivement pas le sujet, ce qui m'étonne le plus dans son discours depuis quelques temps, c'est la démonstration qu'elle tente de faire que les régions, et notamment la Bretagne, en refusant d'abandonner leurs particularités au profit d'un Etat nation présenté comme un rempart contre la mondialisation, seraient justement les chantres, les fers de lance de la dérèglementation, d'une attaque contre les protections sociales. Ainsi, pour elle, les entreprises bretonnes regroupées sous le label Produits en Bretagne pilotés par l'Institut de Locarn en serait le plus bel exemple. Outre le fait que nous pouvons constater chaque jour que l'Etat nation ne nous protège plus depuis bien longtemps, j'ai du mal à comprendre comment des entreprises qui revendiquent justement une appartenance et une accroche régionale puisse être considérées comme des bulldozers de la mondialisation. Ca doit bien faire rigoler les patrons de Google, Mac Do, Mac et autres géants. Bon, en même temps, on peut avoir des doutes sur le fait qu'ils lisent les ouvrages de cette personne ;-)