La fin de l'illusion socialiste

Point de vue publié le 6/04/14 22:57 dans Politique par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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La fessée que le PS a reçue lors des élections municipales n'est que le début de la fin pour un parti qui croyait qu'on pouvait continuer de partager le gâteau sans se soucier de la disparition des pâtissiers... du moins sans vouloir réaliser que les fabricants de gâteaux avaient délocalisé en masse ou avaient fait faillite. La France perd 1000 emplois industriels pas jour.

Remaniement ? Le Drian a eu sa chance et a refusé. On peut aimer ou pas l'homme politique mais tout le monde s'accordera sur le fait que Jean-Yves Le Drian sait dire non. Il avait dit non à Sarkozy en 2007 quand celui-ci lui avait proposé le poste de Ministre de la Défense et il aurait dit non cette semaine à Francois Hollande quand celui-ci lui a proposé le poste de Premier ministre. A 67 ans, le Drian fait preuve de sagesse. La tâche est surhumaine et de plus récompensée par un suicide politique, ambitions présidentielles ou pas.

On est tenté de conclure que l'ancien président du Conseil régional de Bretagne considère sa carrière politique personnelle plus importante que la Bretagne malgré toutes les déclarations d'amour qu'il a pu faire et dernièrement dans le numéro d'avril du magazine BRETONS. Ou alors il savait que sans Hollande dans sa poche, la tâche aurait été impossible... Le Drian voudrait, il paraît, revenir à la tête de la région Bretagne...En 2017, il aura 70 ans quand même. Place aux jeunes non ?

Ils ne feront pas ce qu'ils ont promis

C'est bien sûr dommage pour les partisans de la régionalisation et de la réunification car Le Drian Premier ministre, aurait pu assurer les réformes nécessaires sur la régionalisation et peut-être la réunification . Rien n'est sûr avec Valls Premier ministre qui reste un inconnu. Le Drian est suffisamment intelligent pour comprendre que rien ne peut se passer avec un président, jacobin pur beurre et que même s'il avait accepté le poste de Premier ministre il aurait rien pu faire sans l'accord du président qui, tactiquement, aurait refusé de se mettre à dos les élus socialistes.

Cette 3eme phase de la régionalisation, une des promesses non tenues de Francois Hollande, est un enfumage depuis le début. Il y a encore bien trop de socialistes qui dirigent des régions ou des conseils généraux pour qu'un ministre socialiste ose en mettre quelques-uns à la porte ! La réforme territoriale est un suicide politique pour le socialiste qui la ferait mais avant tout dans son propre camp socialiste. Hollande est bien trop soucieux du bien-être de son parti pour l'entreprendre.

Mon pays c'est le parti

Qu'importe qu'il soit au plus bas dans les sondages, qu'importe la paralysie du système et l'absence de réformes véritables, tant que le PS le suit, Hollande est content... Son pays c'est le Parti Socialiste. Pas la France. C'est pour ça que Hollande et Marylise Le Branchu, n'ont rien fait sur le sujet de la régionalisation. La réforme territoriale ne pourra pas être faite par les socialistes. Seuls les verts ou la droite non UMP et non FN pourraient la faire. Ou alors un nouveau parti qui n'existe pas encore--oui M. Christian Troadec, allez-y, créez votre Parti des régions !

Le jour où les socialistes ne contrôleront plus les territoires, ils ne seront plus majoritaires au Sénat et finalement ils ne seront plus au pouvoir. Ils n'y reviendront plus jamais. Dans 50 ans les historiens qui se pencheront sur le sort de la France remarqueront que 1° le PS fut le parti qui n'avait pas compris les exigences et donc les réformes nécessaires pour s'adapter à la mondialisation de l'économie et que 2° il fut le parti qui n'avait pas compris que le jacobinisme, et toute forme de centralisme, n'est pas démocratique. Peut-être certains l'ont compris mais ceux-là ont été écartés. On sait que Valls voulait le député de Quimper Jean-Jacques Urvoas, un partisan d'une assemblée territoriale bretonne, comme Ministre de l'intérieur. C'est François Hollande qui a refusé.

Les révolutions arrivent quand il n'y a plus de courage politique

Vouloir résoudre la dette et relancer l'économie afin de résoudre le chômage est pratiquement impossible sans faire une révolution, un véritable changement de régime, une 6e République fédérale et parlementaire (par parlementaire je veux dire que l'agenda est décidé par le parlement lui-même, pas par l'exécutif); une remise à plat complète de la fiscalité avec prise d'impôts à la source ; la suppression des départements ; le regroupements des communes et des régions ; la suppression du deuxième tour des élections ; la proportionnelle à l'assemblée nationale et l'interdiction stricte du cumul des mandats et des activités publiques en même temps que privées, voire une reforme du sénat pour représenter uniquement les régions.

On en est loin. Si le remaniement, un mot excessif pour la permutation de quelques ministres et l'arrivée de deux nouveaux, a bien eu lieu, la ligne du parti reste la même. La messe est dite. C'est une liturgie ancienne, composée de de promesses que l'on répète avant ou après chaque élection sous forme de mantras. Les médias parisiens en sont l'encensoir et la chorale.

Pourquoi juste des promesses ? Car personne, à gauche comme à droite et encore moins à l'extrême gauche ou au FN, n'a le courage de dire la vérité : la sacro-sainte protection sociale dont tout le monde se vante et à laquelle les Français sont si attachés devra être malmenée pour trouver les 50 milliards indispensables pour sauver ce qui reste d'industries. Les services publiques, contrairement à ce que beaucoup pensent ne sont pas l'apanage de l'idéologie socialiste, ni même de la richesse globale d'un pays. Ces services dépendent uniquement du PNB (produit National Brut) par habitant. Certains états du Golfe, bien que conservateurs, voire même sans vie démocratique, comme le Qatar avec le 3e PNB par habitant au monde, ont des services publics plus étendus que la France. Dans certains émirats on ne paye ni le téléphone, ni l'essence, ce sont devenus des services. Le service public n'est que l'apanage de la prospérité et la France est en déclin. La contraction est inévitable. Qui le dira ? Si un minimum de protection social est nécessaire, en aucun cas il ne doit être payé par les entreprises et en particulier les PME. Si des services publics sont nécessaires, en aucun cas il ne devraient être subventionnés par nos petits enfants.

Ce point de vue du directeur de l’ABP est un élément pour le débat politique en Bretagne et non un éditorial engageant la rédaction et la ligne générale de l’ABP

Philippe Argouarch


Vos commentaires :
Ed du
Vendredi 15 novembre 2024
Là, franchement, c'est piqué au vif! c'est bien tranché, c'est lucide. Surtout plus de ministres Bretons à Paris!!!!!! Encore moins un candidat à la Présidentielle….!!!!!!!!! Alors????

marc iliou
Vendredi 15 novembre 2024
Bon article mais ce n'est pas demain la veille que l'on va se débarrasser du dernier roi de France à mon avis sauf si par hasard une sixième république qui sache ce que c'est que la démocratie voie le jour mais quand ?

Yann ar Borgn
Vendredi 15 novembre 2024
Mieux vaut être maître en sa maison que laquais dans la maison du voisin.
Reste à trouver le courage politique de faire face.

Ar Vran
Vendredi 15 novembre 2024
Bel éditorial qui sera bien sûr ignoré par la bienpensance républicaine française. Continuez! Il faut absolument montrer aux bretons et par extension aux autres français que la fin de la République avec un grand R française approche et que son président actuel ne fera rien, car étant tellement pétri de certitudes.
J'ai toujours dit sur ABP que cette fin se fera en 2019..''

M.Prigent
Vendredi 15 novembre 2024
Synthèse magistrale de Philippe Argouarc'h qui laisse sans voix tout citoyen lucide qui a compris que la France, sauf guerre, révolution ou plus probablement effondrement économique (comme l'URSS) est décidément irréformable à cause de cette aristocratie républicaine qui se sert de la République plutôt que de la servir.
Des heures difficiles nous attendent.

Jack Le Guen
Vendredi 15 novembre 2024
Le maintien du modèle français est avant tout politique. Les Bretons continueront à voter UMPS tant que cette PAX ROMANA existera. C 'est la cause principale de l'échec des partis bretons aux élections. Les Bretons ne sont pas différents des Africains qui traversent des océans sur de frêles embarcations au péril de leur vie pour venir en France bénéficier de cette protection sociale et médicale, mettant une croix sur leur pays d'origine et même leur culture s'il le faut. L'état le sait bien et c'est pourquoi il ne veut rien changer quitte à couler avec le bateau mais surtout en faisant subventionner le système par les futurs générations. Les Bretons ne voteront pour les indépendantistes que lorsque cette PAX ROMANA aura disparue ou sera normalisée et que le PNB par Breton sera supérieur à la moyenne Française.

eugène le tollec
Vendredi 15 novembre 2024
LA pax romana a créé un empire ..toute une civilisation une culture occidentale.
LA pax française n'a créé qu'un état et un empire colonial..une francophonie qui va tant bien que mal....Parid n'est qu'une pâle figure de Rome,à la rigueur les petits bretons iront poursuivre leurs humanités à Paris,et d'autres se faire soigner dans quelques grands hôpitaux parisiens( voir le cas des premiers IRM).
À l'époque la pax romana à nourri ses peuples de pain et de jeux...notre système n'a plus de pain....
Que de l'esbrouffe socialiste...
Est ce que socialisme «à la française» est une solution d'État? Je m'interroge et pose la question.
LA RÉVOLUTION s'est débarrassé de toute une structure ...mais nous avons de nouveaux rois ,ducs ,courtisans et senechaux et le système à été encore plus verrouillé.
CETTE RÉVOLUTION À ÉTÉ UN RATAGE D'État

Silviane Le Menn
Vendredi 15 novembre 2024
La fin de l'illusion socialiste ? Oui, Philippe, mais peut-être aussi dans l'avenir, la fin des illusions tout court !

Il y a très longtemps que j'ai perdu mes illusions de jeune fille concernant la fiabilité d'une majorité de prédateurs carriéristes politiques de tous bords.

J'étais candidate aux élections législatives 2012 sous la bannière du RASSEMBLEMENT POUR l'INITIATIVE CITOYENNE, collectif (qui s'appelle maintenant ARTICLE 3 - Voir le site qui milite pour que soit instauré en France (comme en Suisse) au niveau national, régional, départemental et local le RÉFÉRENDUM d'INITIATIVE CITOYENNE (démocratie directe)à la place des pseudos dont le RÉFÉRENDUM d'INITIATIVE PARTAGÉE, titre Ô combien fallacieux !

Sans vivre dans l'illusion du mental, je perdure dans un grand rêve poétiquement humaniste ! Face à un système de société qui ne fait globalement pas ses preuves au niveau de l'évolution des consciences, dans un monde qui ne pourra sans doute jamais être juste, poétesse, je gravite dans l'utopie, hélas...


PIERRE CAMARET
Vendredi 15 novembre 2024
Je pense que LEDRIAN a dit non par prudence .Comme socialiste ,il est assez calculateur pour avoir fait sa synthese propre .
Non a SARKO , cela je le comprends .
Non a «FRaise des Bois » a ete plus recherché . Non bien sur a un President pas trop fiable et ensuite certaines taches (Reorganisation territoriale ) qui risqueraient de lui faire perdre certaines amities .
Il s'est mis en position d'attente . En fait cela est tres peu glorieux ..... mais ou est la gloire maintenant . ?????

eugène le tollec
Vendredi 15 novembre 2024
Est ce que l'utopie constructive qui gère ce pays et plus particulièrement la Bretagne,est entrain de s'effondrer et ne devient que de l'utopie«tout court»..donc du vent ,que du vent!
Nous revenons à la réalité des choses.

PIERRE CAMARET
Vendredi 15 novembre 2024
Du vent , du Vent nous restons dans la realite des choses .
Lunch aujourdhui avec un Ingenieur de «BOMBARDIER »Societe canadienne , qui a rachete des usines en France , et fait concurrence a Alsthom ( qq fois ils cooperent ).Ils ont un contrat dans le transport en AUSTRALIE .
Il est BOMBARDIER france .Il m'a decrit les attitudes lamentables des cadres executifs : des «survivors », personne ne veut prendre des decisions , des responsabilites. Il m'a decrit certaines scenes qui m'ont fait dresser sur la tete , les trois cheveux qui me restent .
Pour lui , HOLLANDE se representera . N'importe quoi , le culot paie .
«Jeune »executif , il a 50 ans .

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